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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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puisqu'il l'avait promise à mon père.
    “— Quoi, madame, dit-il, cela n'est pas encore fait ? demanda le cardinal.
    — Non, monseigneur, lui répondit-elle.”
    « Sur cela, il commanda à un de ses secrétaires d'aller dire de sa part à Sullet des Noyers de m'envoyer une lettre de cachet me sortant de la Bastille. Guy de Rabutin, mon frère, qui avait été page du Cardinal, chercha vainement à l'obtenir. N'y parvenant pas, il en parla à nouveau au Cardinal. Ce jour-là, Sullet des Noyers était présent.
    “— Qu'est-ce donc, monsieur Sullet des Noyers, lui dit ce ministre d'un ton rude, qui vous a empêché de faire ce que j'ai ordonné ?”
    « Et comme Sullet des Noyers ne répondait rien, le Cardinal ajouta :
    “— Que cela soit fait aujourd'hui, et que je n'en entende plus parler.”
    « Sullet des Noyers sortit sans mot dire, et alla faire expédier la lettre de cachet que mon frère m'apporta à la Bastille. Mais je n'en avais pas terminé : le Cardinal n'avait imposé aucune condition à ma sortie, aussi Sullet des Noyers décida-t-il des siennes. Il me fit parvenir une lettre me demandant de remettre un dédommagement de deux cent mille écus à l'adjudicataire des gabelles qui s'était plaint. C'était une condition injuste, et impossible. Je n'étais en rien responsable des désordres qui avaient eu lieu en mon absence, et je n'avais pas le premier écu de cette somme !
    « J'envoyai donc un courrier à mon père, lequel n'étant point en état de faire le voyage, demanda à ma mère d'aller trouver le Cardinal. Elle partit loger chez un parent, M. de Launay, qui proposa d'intercéder directement auprès de M. Sullet des Noyers, lequel comprit que le Cardinal se fâcherait contre lui si ma mère le rencontrait à nouveau. Il fit donc finalement expédier sur l'heure la lettre de cachet m'extrayant de la Bastille.
    « Voilà l'histoire de ma prison de 1641, monsieur, où je fus cinq mois embastillé par la seule haine d'un ministre, qui, en affectant le personnage de dévot, ne pardonnait jamais. Il est vrai que Dieu me vengea de cet hypocrite, puisque quelques années plus tard il fut disgracié, et en mourut de chagrin.
    Gaston demeura silencieux, autant contrarié qu'embarrassé. Il avait entendu parler de l'emprisonnement de M. de Bussy-Rabutin en 1643, alors qu'il était lieutenant dans un régiment du maréchal de Châtillon, charge que Richelieu lui avait offerte afin de l'éloigner de Paris. Il avait alors pris pour argent comptant les propos rapportés sur Bussy, sa frivolité, ses fredaines et sa négligence. Il découvrait que ce n'était peut-être que des médisances, tant le récit de Rabutin paraissait vraisemblable. Lui-même n'avait jamais aimé Sullet des Noyers. Confusément, il se reprochait donc son insolence déraisonnable. Pourtant, il n'avait pas envie de s'excuser à nouveau devant un Bussy qui venait de le battre publiquement à l'épée alors même qu'il se considérait excellent escrimeur. Malgré tout, il se contraignit à faire un effort.
    — Je vous ai sans doute mal jugé, monsieur de Bussy, bredouilla-t-il d'une voix gênée, mais sans chaleur. Je reste votre obligé.
    Il le salua d'une profonde révérence avant de s'éloigner.
    Bussy le regarda partir, contrarié. Il détestait se créer des ennemis inutilement. Mais que faire contre un sot ?
    30 Celui qui vérifiait que les combattants se pliaient aux règles établies.
    31 Fleuret de section carrée.

8
    L a rue Saint-Pierre-Montmartre, appelée encore le Petit-Chemin-Herbu, n'était pas très loin puisqu'il n'avait qu'à remonter la rue Montmartre ; aussi Gaston résolut-il de s'y rendre à pied pour se calmer. C'est là qu'habitait Jehan Guillaume, l'exécuteur de la haute justice, sa maison étant la dernière du passage Saint-Pierre, un corridor qui débouchait dans la rue Montmartre.
    Marcher lui procurait aussi l'avantage de ne pas avoir à laisser son cheval dans une écurie douteuse comme celles de la rue Saint-Pierre-Montmartre aux vols de sellerie fréquents. En revanche, les rues encore enneigées, couvertes de boue et de crotte mêlées à la glace, s'avéraient redoutables pour le piéton. Gaston glissa plusieurs fois, au risque de chuter. Il arriva pourtant au passage Saint-Pierre en n'ayant souillé que ses souliers à boucles et s'engagea avec soulagement dans le sombre corridor éclairé de lucarnes aux vitres brisées.
    Tilly savait que dans l'après-midi l'endroit

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