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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Conseil des finances, ou avec la surintendance, pour collecter une taxe donnée. On les appelait traitants, puisqu'ils signaient des traités, ou encore partisans, puisqu'ils se regroupaient en parties, c'est-à-dire en société ou syndicats.
    Les termes de ces traités étaient toujours assez proches : les partisans avançaient à l'État le montant de l'impôt qu'ils avaient affermé et se chargeaient de le recouvrer. Pour ce service, ils recevaient une remise, à l'origine inférieure au denier vingt 63 . Tout le monde y gagnait : l'État encaissait les revenus de l'impôt sans avoir du personnel pour le collecter, et les traitants empochaient la remise.
    Mais, depuis longtemps, les surintendants des Finances affermaient les impôts à leurs amis ou à leurs proches en utilisant des prête-noms et en accordant de substantielles remises. Avec Particelli, ces méthodes de coquin s'étaient généralisées. Lorsque lui-même ou ses amis étaient traitants, la remise pouvait atteindre la moitié des taxes à collecter ! Il s'agissait donc d'un moyen vertigineux pour s'enrichir au détriment de l'État, qui recevait de moins en moins, et se voyait contraint de créer de nouveaux impôts.
    De surcroît, toujours à l'image de ses prédécesseurs, mais à une tout autre échelle, Particelli développait de nouvelles formes d'affermage en créant à la fois des taxes et des offices chargés de les collecter. Il avait ainsi inventé des offices d'auneurs et marqueurs de draps, de peseurs et taxeurs de lettres, de cordeurs et visiteurs de bois, ou encore de jaugeurs de tonneaux et barriques. Les gens qui achetaient ces offices se payaient ensuite sur les usagers et reversaient une faible partie des taxes collectées à l'État. La multiplication de ce genre d'offices entraînait donc une multiplication des impôts. Particelli avait même créé des offices chargés de percevoir des taxes sur les officiers receveurs des impôts !
    Le seul perdant était le peuple qui payait de plus en plus et voyait que tous ceux qui avaient de l'argent pouvaient se transformer en collecteurs d'impôts nouveaux et lui tondre la laine sur le dos . Une pratique d'autant plus facile que les nouveaux offices n'étaient même pas vérifiés par la cour des aides, comme cela aurait dû l'être. N'importe qui pouvait donc devenir maltôtier, autrement dit réclamer un impôt imaginaire !
    Autour de Mazarin, autour de la Surintendance, tout le monde trafiquait sans contrôle ni retenue. Les agents des finances eux-mêmes spéculaient, et il n'était pas rare de voir des receveurs prêter plusieurs fois à l'État l'impôt qu'ils avaient collecté en participant à des traités !
    Car une nouvelle étape dans l'affairisme avait été franchie lorsque la surintendance avait mis en traité le principal impôt direct, la taille. Pendant longtemps, cet impôt avait été collecté par une administration d'État composée de trésoriers généraux, de trésoriers, de receveurs, de contrôleurs et d'élus 64 . Mais depuis quelques années, les receveurs signaient des contrats, se regroupaient en parties et participaient eux aussi à des traités. Ils payaient ainsi d'avance la taille qu'ils se chargeaient de recouvrer moyennant une substantielle remise.
    Dès lors, toute l'ancienne administration fiscale organisée autour des trésoriers généraux placée sous les ordres des gouverneurs avait été vidée de son rôle. D'ailleurs, les gages de ces offices n'étaient même plus payés. Les traitants avaient installé leur propre organisation de collecte, avec leurs propres receveurs, et ils ne dépendaient plus que des intendants nommés par le roi.
    Le peuple ne supportait plus ces méthodes de filou, d'autant que les agents des traitants commettaient toutes sortes d'abus. Au sein des quatre compagnies – on appelait ainsi le Parlement, la Chambre des comptes, la Cour des aides et le Grand Conseil –, beaucoup de conseillers, plus lucides que leurs présidents, voyaient l'État se transformer. Si la fiscalité tombait entièrement entre les mains des traitants, c'est-à-dire d'entreprises privées, une grande partie de leurs attributions deviendraient sans objet puisqu'ils n'auraient plus à vérifier les créations d'offices, les nouveaux édits, ni même à juger les affaires financières.
    Au fil des siècles, ces magistrats avaient constitué un véritable quatrième ordre à côté de la noblesse, du clergé et du tiers. En perdant leurs

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