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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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ministre, en forçant sur son accent sicilien.
    Comme il assenait ces mots, on gratta à la porte et il cria :
    — Entrez !
    Charles de Baatz, seigneur d'Artagnan, pénétra dans la pièce.
    *
    M. d'Artagnan était au service de Mazarin depuis la dissolution du corps des mousquetaires de M. de Tréville provoquée par le manque d'argent. Chez le ministre, Baatz avait en charge la remise des dépêches secrètes.
    — M. Rossignol vient de me donner un courrier de Munster, monseigneur, annonça-t-il, tout en faisant tintinnabuler ses gros éperons de cuivre.
    Antoine Rossignol dirigeait les services du Chiffre au secrétariat d'État de M. de Brienne. Remarqué par Richelieu pour ses talents de mathématicien, le cardinal l'avait pris dans sa maison pour chiffrer ses correspondances. Son étonnante capacité à briser les codes ennemis et à crypter les dépêches royales de façon indéchiffrable avait assuré sa fortune et il avait désormais rang de secrétaire dans les services du ministère des Affaires étrangères.
    Mazarin saisit avec fébrilité le courrier. En le lisant, son visage s'assombrit, puis il le passa à Zongo Ondedei avec lequel il n'avait guère de secret.
    — L'Espagne refuse la paix à Munster, sauf si le duc de Lorraine est rétabli dans ses droits, annonça-t-il avec contrariété aux deux autres espions.
    Il écarta les mains en signe d'impuissance.
    — Nous nous passerons donc de son accord, poursuivit-il. Monsieur d'Artagnan, attendez dans l'antichambre. Je vais faire préparer une réponse par M. Toussaint Rose 65 .
    La nouvelle était désastreuse et chacun le ressentait ainsi. Pour effacer cette mauvaise impression, le cardinal lança d'un ton railleur à l'ancien mousquetaire qui s'apprêtait à sortir :
    — Et comment vont vos amours, monsieur d'Artagnan ?
    Flatté, Baatz s'inclina légèrement, avant de déclarer en lissant sa moustache avec suffisance :
    — Pas trop mal, monseigneur, mais la dame est fort prude.
    — M. de Baatz fait le siège d'une jeune veuve, Mme de Miramion, expliqua Mazarin à ses espions. C'est Mme de Tréville qui la lui a présentée. Seulement la dame est riche, aussi n'est-il pas le seul prétendant !
    — Aucun ne s'est déclaré, monseigneur, et je suis le seul que Mme de Miramion ait consenti à rencontrer chez elle. C'est une personne très sage et très pieuse, et si quelqu'un osait me la disputer, il prendrait de gros risques, gronda le Gascon.
    — J'espère que vous ne songez pas un duel, le prévint sévèrement Mazarin en roulant les yeux pour faire rire l'assistance.
    — Ni à l'enlever, menaça Zongo Ondedei, plus sèchement.
    Il se tourna vers le ministre :
    — Il y a encore eu deux enlèvements cette semaine, monseigneur. Peut-être faudrait-il faire un exemple pour que cessent ces débauches.
    Bien qu'homme de l'ombre et de l'intrique, Ondedei détestait ce genre de violence dont sa propre maîtresse avait souffert.
    — Deux ?
    — Oui, monseigneur. Il y a trois jours, M. de Serre, lieutenant aux gardes, a enlevé la fille d'un conseiller à la Cour des aides ; et j'ai appris ce matin que M. de Charmoy a enlevé la fille de Mme de Sainte-Croix pour la forcer à l'épouser afin de lui prendre sa fortune. Heureusement, elle est parvenue à s'enfuir et s'est réfugiée dans un couvent. Le prévôt de l'Hôtel est chargé de l'affaire qui ira devant les tribunaux. Quoi qu'il en soit, la sévérité doit désormais primer dans ce genre d'entreprise, sinon plus aucune femme ne sera en sécurité dans le royaume ! Que le prochain ravisseur perde la tête sur l'échafaud et tout rentrera dans l'ordre !
    Mazarin, bien que peu sanguinaire, approuva ce ferme discours. Il y avait suffisamment d'esprits échauffés dans Paris pour ne pas rajouter les vengeances familiales.
    *
    Le conseil se termina peu après et Basile rentra chez lui. En chemin, il songeait à ce qu'il avait appris et entendu.
    M. de Bussy était veuf et ne cachait pas ses bonnes fortunes. Pourquoi ne s'intéresserait-il pas à Mme de Miramion ? En agissant ainsi, il s'opposerait à M. d'Artagnan. Or les deux hommes étaient tellement susceptibles qu'un duel serait certain si M. de Baatz apprenait qu'on lui dispute sa dulcinée. Et comme il était la meilleure lame de la Cour, tout bon bretteur qu'il soit, Bussy serait forcément tué dans une rencontre.
    Et la maison de Bussy serait mise en vente…
    Mais comment M. de Bussy pourrait-il

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