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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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s'intéresser à Mme de Miramion ? Il fallait qu'il en apprenne plus sur cette femme, dont il n'avait que vaguement entendu parler.
    *
    Dans la journée, il interrogea autour de lui et apprit que Mme de Miramion était plus connue pour sa dévotion que pour sa fortune. Lorsque son frère la menait au théâtre, elle fermait les yeux pour ne point voir le spectacle, et au bal, elle portait un cilice 66 qui lui déchirait la peau afin de ne pas prendre plaisir à danser.
    Sa richesse faisait cependant oublier ses petits travers. Non seulement son père, seigneur de Rubelle, avait fait fortune dans les gabelles, mais il l'avait mariée à seize ans à un conseiller au parlement de Paris, Jean-Jacques de Miramion, mort d'une fluxion de poitrine six mois après les noces, la laissant grosse d'une fille et héritière d'une jolie fortune.
    La jeune veuve, qui habitait rue du Temple et dont la paroisse était Saint-Jean-en-Grève, avait affiché un immense chagrin, mais bien que les prétendants aient été nombreux, elle ne voulait pas se remarier rapidement. Peut-être avait-elle des soupirants discrets ? Basile songea que son espion, le père Clément, de la Merci, en saurait plus. L'abbé vint donc le voir dans son couvent.
    Clément était un moine de cinquante ans au regard sombre et à l'organe rauque. Toujours vêtu de sa robe de bure grossière serrée par une corde où pendaient un crucifix et des chapelets, il bénéficiait d'une grande et fausse réputation de sainteté puisque, on le sait, elle cachait l'âme d'un scélérat. Contre espèces sonnantes et trébuchantes, il renseigna Basile Fouquet. Oui, il connaissait Mme de Miramion qui venait parfois au couvent. Oui, il l'avait même confessée, mais ne l'avait plus vue depuis des mois. Extrêmement dévote, un seul mot de travers la contrariait et sans doute lui avait-il fait un reproche qui lui avait déplu.
    Le dimanche suivant, l'abbé Basile se rendit en soutane à la messe de Saint-Jean-en-Grève. Basile et son frère, ainsi que la famille Fouquet, étaient réputés pour leur piété et leur affinité avec la congrégation de l'Oratoire 67 . Il fut donc présenté par un ami à Mme de Miramion à qui il évoqua le souvenir de son père, drapier, qui avait connu le sien. Puis ils parlèrent de Dieu.
    La jeune veuve, subjuguée par la foi de l'abbé, l'écouta avec extase, et quand il lui conseilla de prendre comme confesseur le père Clément, probablement l'homme le plus saint de Paris même s'il était d'une rare sévérité envers les pécheresses, elle lui promit de lui obéir.
    Quelques jours plus tard, l'abbé retourna voir le père Clément, en compagnie d'un bourgeois nommé Leboccage qui connaissait le grand prieur des hospitaliers. Il avait eu un peu de mal à trouver cet homme, mais il allait jouer un rôle essentiel dans sa petite conspiration.
    *
    Au début du mois de février, le Parlement se réunit toutes chambres confondues. Les plus jeunes voulaient en découdre avec la Cour, laissant entendre qu'ils représentaient le peuple. Leur exemple ? Les parlementaires anglais qui avaient emprisonné leur roi et faisaient désormais les lois. En face d'eux, les vénérables conseillers de la Grand-Chambre s'effrayaient d'un tel désordre. La reine aurait pu profiter de leurs dissensions. Au contraire, pour contraindre les parlementaires à obéir, elle décida de leur supprimer une à deux années de gages et de ne pas renouveler le droit annuel arrivant à échéance.
    La paulette 68 , appelée aussi le droit annuel, avait été instaurée en décembre 1604. Jusque-là, au décès d'un officier royal, sa charge revenait à la Couronne. Henri IV, en faisant payer à chaque officier une taxe annuelle d'un soixantième de la valeur de sa charge, le rendait propriétaire de celle-ci tout en remplissant les caisses de l'État. Cet édit, qui consacrait l'hérédité des charges, était renouvelé tous les neuf ans, et arrivait à échéance.
    S'attaquer à la paulette, c'était s'en prendre au patrimoine des officiers royaux, puisque leur charge constituait un bien qu'ils pouvaient vendre ou transmettre comme n'importe quel terre ou immeuble.
    Au lieu de faire plier les parlementaires, le non-renouvellement du droit annuel provoqua l'union des quatre compagnies, et de toute l'administration. Les parlementaires décidèrent même de revenir sur les édits enregistrés lors du lit de justice !
    60 Officier ayant la charge d'un quartier.
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