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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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entendit à nouveau des coups de feu.
    Inquiet de la tournure des événements, et voulant montrer sa force, le lundi matin Mazarin donna ordre au régiment des gardes de prendre position sur le Pont-Neuf et dans le faubourg Saint-Germain. De son côté, sous la pression du corps des quarteniers 60 et des échevins, le prévôt des marchands, M. Le Féron 61 , demanda au guet bourgeois de s'armer et de se tenir prêt à repousser les troupes royales si elles revenaient. En même temps, il rappelait aussi humblement à la reine que les soldats n'avaient pas le droit de faire la police dans Paris, la ville ayant depuis toujours le privilège de se garder elle-même.
    Mais la Cour ne voulut pas plier.
    Seul le prince de Condé conseilla à la régente d'apaiser les bourgeois, sous peine, selon lui, de voir la sédition augmenter et s'étendre à d'autres villes. De mauvaise grâce, la reine céda et retira les troupes.
    Mais les caisses de l'État étaient toujours aussi vides, et comme le Parlement ne voulait plus de l'édit sur la censive, Mazarin décida d'un lit de justice. Dans cette cérémonie, le roi, fondement même de la justice dans l'Ancien Régime, se rendait au Palais et imposait sa décision. Les parlementaires, simples représentants de la justice royale, n'avaient alors d'autre choix que d'enregistrer les édits décrétés sans les discuter.
    Le 15 janvier, le jeune Louis XIV se rendit donc au Parlement, avec sa mère et ses ministres. Comme il n'avait que douze ans, c'est son chancelier qui parla à sa place pour annoncer que Sa Majesté avait décidé de plusieurs édits. L'un mettait à la vente douze nouvelles charges de maître des requêtes (qui valaient sept cent mille livres) et d'autres créaient de nouveaux offices. En même temps l'édit du Tarif et la taxe des Aisés étaient révoqués tandis qu'on accordait deux ans pour racheter le droit sur la censive. La Cour pensait que ces dispositions calmeraient le peuple, mais il n'en fut rien : pour la première fois dans un lit de justice, à la fin du discours du chancelier personne ne cria : Vive le roi !
    C'est que la situation des parlementaires se révélait inconfortable. Les présidents des chambres et bon nombre de conseillers anoblis souvent depuis plusieurs générations penchaient naturellement vers la Cour. Mais il y avait aussi une forte majorité de jeunes conseillers des chambres des enquêtes qui souhaitaient que le Parlement exerce un véritable pouvoir de contrôle sur l'État. En outre, et surtout, le peuple et la bourgeoisie venaient de faire au Palais de justice une vraie démonstration de puissance. Contrairement au Louvre ou au Palais-Royal, le parlement de Paris ne disposait d'aucune force militaire pour se défendre. Déjà, durant les guerres de la Ligue, les bourgeois parisiens l'avaient envahi, maltraitant les conseillers, pendant même le premier président !
    Beaucoup de magistrats jugeaient le cardinal Mazarin seul responsable de la situation insurrectionnelle, pensaient que son départ suffirait pour que le calme revienne. N'était-ce pas lui qui voulait imposer des édits que tout le monde rejetait ? C'est pourquoi, après le discours du chancelier (préparé par Mazarin), l'avocat général Omer Talon fit remarquer au roi qu'ils étaient des hommes libres et non pas des esclaves et ajouta : Le roi a le commandement sur des hommes de cœur, sur des âmes libres et non pas sur des forçats qui obéissent par contrainte. Des remontrances fort sévères, mais qui n'allèrent pas plus loin : le Parlement enregistra les nouveaux édits imposés.
    L'agitation populaire reprit, mais, désormais, la bourgeoisie n'en avait plus seulement après le rachat de la censive : c'étaient tous les impôts qui étaient contestés, car bien que les caisses de l'État soient désespérément vides, la pression fiscale devenait insupportable.
    Certes, Mazarin et la Cour expliquaient que c'était la guerre qui absorbait tous les impôts, mais, en vérité, chacun savait que l'État se trouvait en grande disette financière en grande partie à cause des prélèvements disparaissant dans la poche des traitants, ces gens qui encaissaient les impôts pour le roi.
    Depuis longtemps, l'usage était d'affermer une partie des impôts indirects, principalement les aides 62 et la gabelle. Une méthode commode et rapide : des banquiers et des gens sachant manier l'argent, se regroupaient en parties et signaient des traités avec le

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