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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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prérogatives, c'est leur position dans la société qui se voyait remise en cause. Selon le conseiller Broussel – leur chef de file – puisque le peuple grondait contre le Mazarin et ses méthodes de maltôtier, le Parlement devait faire corps avec lui afin de défendre l'ancien système fiscal. Ce n'est qu'ainsi qu'ils sauveraient leur classe.
    *
    Quelques jours après le lit de justice – on était le 21 janvier – le cardinal Mazarin avait réuni les chefs de son service secret : l'abbé Basile Fouquet, le gantier Tomaso Ganducci et son maître de chambre Giuseppe Zongo Ondedei.
    Le cardinal avait pour précepte qu'il était nécessaire pour gouverner d' avoir des informations sur tout le monde et de mettre toute sa persévérance à découvrir les secrets des autres . Pour cela, il entretenait donc un vaste réseau d'espions.
    Zongo Ondedei, homme fin et discret, vêtu de noir avec le col blanc et carré des clercs, venait d'informer le ministre que le Parlement envisageait de revenir sur l'enregistrement des édits présentés lors du lit de justice.
    — Le Grand Conseil s'agite aussi beaucoup, monseigneur, poursuivit Ondedei. Les maîtres des requêtes se sont même assemblés pour refuser la création des nouvelles charges.
    C'était sa maîtresse, Mme d'Empuce, qui le lui avait dit la veille, ayant recueilli la confidence d'un autre de ses amants.
    — Ils n'ont qu'à les racheter, s'ils craignent que cela fasse baisser la valeur des leurs ! ironisa Mazarin, inquiet pourtant de toute cette agitation.
    — Isaac de Laffemas, lui-même, a pris la tête des mécontents, monseigneur. Les maîtres des requêtes ont décidé de ne plus siéger tant que l'édit de création des douze charges n'aura pas été rapporté…
    Mazarin grimaça sans rien dire. Si Isaac de Laffemas, un des plus fidèles de feu le cardinal Richelieu, rejoignait les factieux, c'est que la situation était grave. D'un geste, il laissa la parole à Basile Fouquet.
    L'abbé intervint au sujet des pamphlets orduriers que les colporteurs vendaient sur le Pont-Neuf, au nez et à la barbe des gardes-françaises de la barrière des sergents. Il conseilla au ministre de faire saisir les vendeurs et les imprimeurs, et de les faire pendre à l'endroit même où ils proposaient leur marchandise.
    — … Cette manière forte arrêtera définitivement ces gens qui se croient tout permis, conclut-il.
    Mazarin secoua négativement la tête. Ce n'était pas sa façon de faire.
    — La manière forte se retournera immanquablement contre moi, dit-il. Pour ces pamphlets, je préfère organiser ma défense. Mon bibliothécaire, Gabriel Naudé, fait travailler des gens talentueux qui répondent par des libelles autrement plus fielleux. C'est un combat d'idées et, sur ce terrain-là, je suis capable de vaincre. D'ailleurs, la plupart de ces torchons sont si ridicules qu'ils ne me font aucun mal.
    — Aucun mal ? s'insurgea Basile en tendant un papier au cardinal. Tenez, j'ai acheté celui-ci devant la Samaritaine. On m'a assuré qu'il aurait été écrit par M. de Chouvigny, le baron de Blot au service de Monsieur.
    Mazarin le prit et le lut à voix haute :
    —  Moi je ne veux point de mal,
    À M. le cardinal,
    L'Italien eut un sourire de fatuité avant de poursuivre :
    — …  C'est un étranger
    Qui veut se venger,
    Je pardonne à sa haine,
    Mais je voudrais bien étrangler,
    Notre putain de reine !
    Ho ! fit-il de la bouche, sans émettre de son.
    — Per bacco , que les rimes sont médiocres ! dit-il enfin avec un air peiné. Je sais que Monsieur d'Orléans n'a jamais aimé sa belle-sœur, mais quand même !
    En souriant, il glissa le papier dans sa poche.
    — Je vais pourtant demander à Naudé de conserver cette épître avec les autres. Vous savez, fit-il, plus sérieusement, en regardant ses espions à tour de rôle, je ne crois pas qu'on puisse empêcher les gens d'écrire…
    Il fouilla dans quelques papiers qu'il avait apportés et en sortit un feuillet :
    — Regardez ce que m'a apporté Naudé. La pièce est courte – elle ne coûte que deux liards – mais l'idée est juste :
    On ne peut empêcher d'écrire,
    Par menace ni autrement,
    Et les arrêts du Parlement,
    N'ont pas assez de suffisance,
    Pour empêcher la médisance !
    — Cela devrait pourtant vous inquiéter, monseigneur ! remarqua Tomaso Ganducci en lissant sa petite barbe carrée.
    — Non ! Qu'ils chantent, pourvu qu'ils paient ! répliqua le

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