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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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le prince au théâtre du Marais, mais même sans l'avoir jamais vu, il aurait deviné qui il était ; de fait, il n'y avait que trois personnes dans la pièce. Une ordonnance, ou un secrétaire, qui notait des ordres sur un écritoire, un homme âgé couvert du manteau des hospitaliers, et un jeune homme d'une vingtaine d'années au visage fin, coiffé d'un élégant chapeau à pennaches et enroulé dans un épais manteau blanc brodé d'argent. Une légère bosse déformait son épaule. C'était lui.
    Tous trois se tournèrent au bruit que firent les nouveaux venus en entrant. Louis s'approcha.
    — Monseigneur, dit-il en faisant une révérence avec son chapeau.
    Conti leva les yeux et resta impassible, comme s'il cherchait à se remémorer à qui appartenait ce visage lui disant vaguement quelque chose.
    — Je suis le marquis de Vivonne, expliqua Louis. Je souhaitais examiner les gisants de cette salle et suis confus de me présenter ainsi à l'improviste ; aussi je peux me retirer sur un mot de Votre Seigneurie.
    — Bien sûr ! M. Fronsac ! s'exclama alors Conti d'une voix affectée et haut perchée. Mon frère m'a souvent parlé de vous !
    Il se tut une seconde avant d'ajouter :
    — Connaissez-vous M. de Bussy, notre grand prieur de France ?
    — Je connais seulement son neveu, M. le comte de Bussy, répondit Louis, en s'inclinant une seconde fois.
    Le silence s'installa brusquement et devint vite pénible, tandis que l'officier qui avait accompagné Fronsac se retirait de quelques toises, ainsi que le secrétaire.
    Le grand prieur parut alors embarrassé. Que voulait ce marquis de Vivonne qui disait connaître son neveu ? Était-ce un importun profitant de la présence du prince pour solliciter quelque grâce ou quelque avantage ? Dans ce cas, ne devait-il pas lui demander de partir ? Ne sachant que faire, et craignant d'être impoli avec un homme qui semblait connaître le prince de Condé, il demanda enfin :
    — Pourquoi vous intéressez-vous aux gisants, M. Fronsac ?
    — Je trouve émouvantes ces représentations des grands maîtres et des commandeurs du Temple. En les regardant, j'ai un peu l'impression d'être l'un des leurs, de les connaître, et de vivre avec eux, monsieur le grand prieur.
    Il se rendait compte du ridicule de son explication et devinait, au visage impénétrable de ses interlocuteurs, qu'ils ne croyaient pas un mot de son explication. Conti paraissait comme abîmé dans ses réflexions.
    — Un prêtre de Sainte-Marie-du-Temple vient de me parler des gisants de la grande tour, poursuivit-il.
    De nouveau le silence se fit. Louis se demandait ce que le prince faisait là. S'intéressait-il aux templiers ? Une idée lui traversa l'esprit : Conti pouvait-il avoir eu connaissance de la découverte du comte de Bussy ? Avec son air affable, était-il en train de lui jouer la comédie ?
    De son côté, Conti – jeune homme plus fin que ne le pensait son frère – s'était souvenu de la réputation de clairvoyance de Louis Fronsac. Sa visite avait-elle un rapport avec le trésor du Temple ?
    — Ainsi vous connaissez M. Rabutin ? demanda-t-il finalement en le gratifiant d'un demi-sourire.
    Louis décela un amusement inquiétant dans la question.
    — Oui, monsieur. J'ai eu l'occasion de le rencontrer à la fin de l'année dernière, chez Mme de Rambouillet.
    — C'est lui qui vous a suggéré cette visite ?
    Louis ne put retenir une hésitation qui n'échappa à personne.
    — Disons qu'il m'a parlé du Temple et des gisants avec une telle chaleur que j'ai jugé plaisant, comme je passais par ici, de faire une visite dans l'enclos afin d'en savoir plus.
    — Quelle coïncidence ! Moi-même, je me passionne pour les templiers ! s'exclama le prince avec une fougue de circonstance. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé à M. le grand prieur de me faire visiter l'enclos.
    Il se tourna vers l'oncle du comte de Bussy.
    — Monsieur le grand prieur, puis-je dire un mot en particulier à M. Fronsac ?
    Et, sans attendre la réponse, fit signe à Louis de s'approcher alors que le Grand prieur rejoignait l'ordonnance.
    — Monsieur Fronsac, soupira-t-il, quand ils furent seuls, mon frère m'a souvent parlé de votre incroyable talent…
    — Monsieur le Prince est bien trop bon envers moi, monseigneur.
    — D'autres aussi vous louangent fort. Au-delà des éléments qui nous entourent, vous seriez capable de percevoir des choses là où le commun

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