Le Secret de l'enclos du Temple
étage.
— Pouvez-vous m'indiquer où est votre maison, madame ?
Mme Dufresne ouvrit la bouche pour parler, mais sa sœur la devança :
— Anne va vous conduire, c'est ma fille. Elle reviendra seule.
— Mesdames, expliqua-t-il alors, il est possible que M. Dufresne soit impliqué dans une grave affaire. Mais je peux me tromper, aussi c'est ce que voudrais vérifier chez lui. Je vous demande donc de ne parler à personne de ma visite. Je vous rapporterai ces clefs sous quelques jours.
Il les considéra toutes deux, puis l'enfant, et leur sourit en se recoiffant de son chapeau.
— Vous m'avez éclairé et je saurai m'en souvenir, poursuivit-il.
*
Une fois dehors, tenant la main de la petite Anne, il se rendit rue de Notre-Dame-de-Nazareth, qui faisait l'angle avec le cul-de-sac du Pont-aux-Biches. Cette rue avait été en partie établie sur l'égout qui se vidait dans les fossés de la ville. Plusieurs portions étant découvertes, malgré le froid l'odeur s'y avérait pestilentielle.
Anne la guida vers une étroite bâtisse de pierre située en face de l'écurie où il avait laissé son cheval.
— C'est celle-là, monsieur, la demeure de ma tante.
— Attends, dit-il. Il fouilla sa bourse et lui donna un sol. Va t'acheter une oublie !
L'enfant partit en courant, serrant avec bonheur la pièce dans son petit poing.
*
Gaston la regarda s'éloigner avant de se diriger vers la maison. Elle faisait environ douze pieds de large et sa façade était tapissée de lierre. Son rez-de-chaussée ne possédait qu'une fenêtre ogivale protégée par des barreaux de fer. À l'extrémité droite, se trouvait une porte massive, arrondie, et cloutée avec de larges ferrures. Un peu plus loin, un haut mur devait clore un jardin et, sur la gauche, s'ouvrait un cul-de-sac bordé d'ifs où était installé un tailleur de pierres. Personne ne faisait attention à lui sinon peut-être un savetier un peu plus haut qui, de son échoppe, l'observait par instants. Il s'avança vers la porte, fit tourner la clef dans la serrure et entra.
Il découvrit un escalier à vis qu'il grimpa rapidement. En haut, il frappa à la seule porte et attendit, prêt à donner une vague explication si un valet, ou même Dufresne, lui ouvrait. Mais personne ne répondant, il introduisit la seconde clef dans la serrure.
Il entra.
La pièce, située à l'arrière de la maison, était mal éclairée par une fenêtre assombrie de toiles d'araignées. C'était une cuisine dans un désordre incroyable. Les pots d'eau étaient vides ; le feu éteint depuis longtemps ; sur la table, des cafards se gavaient des reliefs d'un vieux repas ; vides, plusieurs flacons de vin traînaient sur le sol. Gaston jeta un coup d'œil par la fenêtre. Il aperçut un terrain vague où passait l'égout et vit deux rats dodus dévorer une charogne.
Il passa dans la pièce à côté, un bouge obscur contenant un coffre et un petit lit. Des vêtements sales étaient accrochés dans une alcôve. Sans doute la garde-robe. Il aperçut aussi une vieille épée de fer. Une porte communiquait avec une chambre, sans doute la dernière pièce de la maison. Il la poussa. La salle contenait un grand lit à rideaux aux draps tachés, deux coffres, et un dressoir vidé de ses pots et assiettes. Il y avait aussi une table et deux escabelles avec des restes de dîner. L'odeur était pire qu'à l'extérieur, la chaise percée n'ayant pas été vidée.
Il n'y avait qu'une fenêtre donnant sur la rue. Il commença à fouiller la salle sans rien découvrir. L'un des coffres étant fermé à clef, il ne put l'ouvrir. Il passa dans le cabinet qu'il examina sans plus de succès, puis dans la cuisine. Là, il vit un autre coffre, contenant celui-ci des instruments de cuisine et un fer à raidir 85 , deux dagues dont l'une portait des traces de sang séché. Elles avaient servi à découper des chairs, mais quand ? Et quel genre de viande ?
Finalement, il ne trouvait rien de révélateur. Seul maigre espoir, le coffre fermé à clef. Il prit une des dagues et revint dans la chambre. Avec le fer, il força la serrure.
Et là, miracle. Un large sourire s'épanouit sur son visage. Sous ses yeux apparurent deux pistolets, deux épaisses barbes noires en vrais cheveux de presque trois pouces de long ainsi qu'un masque de cuir. Le genre de masque qu'utilisaient les voleurs de grand chemin.
Il se trouvait sur la bonne piste mais qu'est-ce que cela signifiait ? Il réfléchit un
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