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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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feu.
    Une fois de plus, Madeleine Dufresne eut un mouvement de terreur en reconnaissant le procureur du For-l'Évêque. Il la rassura et lui expliqua qu'il souhaitait la questionner sur une autre affaire que la sienne. Pour la mettre en confiance, il lui remit même un louis d'or en souhaitant qu'elle s'achète à manger, la pauvre femme étant aussi maigre que lorsqu'il l'avait vue en prison.
    Gaston s'assit sur la seule escabelle de la pièce.
    — Parlez-moi de votre époux, lui demanda-t-il.
    Madeleine Dufresne prit un air apeuré.
    — Que puis-je vous dire, monsieur ? Il me battait souvent, mais c'était un bon mari. Nous avions une belle maison, bien meublée et bien chauffée, avec des pots et des assiettes sur notre dressoir et du beau linge dans notre armoire. Je mangeais à ma faim, et je pouvais même aider ma sœur et sa fille. Mais ce bonheur a disparu à cause de ma sottise.
    — Comment l'avez-vous connu ?
    — Mon père était alénier et fabriquait des aiguilles pour les bourreliers. Sans être riche, il a pu me doter et Jacques, mon mari, m'a épousée, voilà cinq ans. Avec ma dot, il a acheté une charge de barbier chirurgien au service du secrétaire des commandements de M. d'Orléans. Je n'ai jamais été belle, mais il s'intéressait à moi, et finalement nous vivions honnêtement, car il avait de bons gages régulièrement payés.
    — Vous connaissiez ses amis ?
    — Il n'en avait guère, monsieur. Le seul homme qui venait parfois chez nous est un autre barbier chirurgien, M. Nicolas Campi, un valet de chambre de M. le comte de Franquetot, lequel est lieutenant des gendarmes de la reine.
    À ces mots, Gaston se figea et devint très attentif.
    — Comment se connaissaient-ils ?
    — Ils avaient fait leurs études de chirurgie ensemble.
    Elle murmura à voix basse :
    — Mon mari tournait beaucoup autour de Mme Campi qui est bien plus séduisante que moi. Il la connaissait déjà avant de me rencontrer.
    — Savez-vous où habite M. Campi ? interrogea Gaston en essayant de dissimuler son excitation.
    — Pas loin d'ici, rue des Vertus, la maison à l'enseigne du Grand-Coq .
    — Avez-vous revu votre mari, depuis votre condamnation ?
    — Non, monsieur.
    Une idée trottait dans la tête de Gaston depuis que Louis lui avait dessillé les yeux, et comme Madeleine Dufresne paraissait en confiance, il lui demanda :
    — Combien de domestiques aviez-vous ?
    — Une femme de chambre qui faisait aussi la cuisine, et un valet qui accompagnait mon mari à son service.
    — Votre mari les a gardés ?
    — Le valet, sans doute. Mais pas la femme de chambre. Je l'ai rencontrée plusieurs fois et elle ne vient chez lui que pour nettoyer et faire la cuisine lorsqu'il n'est pas chez M. Goulas, rue Barbette.
    — Il était souvent en service ?
    — Il loge une semaine sur deux chez M. Goulas, mais même quand il ne s'y trouvait pas, il s'absentait souvent.
    — Connaissait-il un nommé Paris ? Un valet de chambre ?
    — Je crois, c'est un nom dont je me souviens, ils en parlaient parfois avec M. Campi, quand ils dînaient ensemble chez nous.
    — Avez-vous gardé une clef de votre maison, madame ?
    Elle se méprit sur sa question.
    — Non, monsieur ! Je suis partie seulement avec les habits que j'avais sur moi quand on m'a emprisonnée. Je n'ai pas osé y retourner après ma libération. Mes robes et mes chemises sont restées là-bas.
    Son regard s'abaissa sur ses pauvres vêtements rapiécés.
    — Dommage, regretta Gaston en se levant pour partir, songeant qu'il aurait bien fait une discrète perquisition dans la maison du valet de chambre barbier chirurgien avant d'aller chez Campi.
    — Attendez, monsieur le commissaire ! déclara alors la sœur, jusque-là restée silencieuse.
    Il posa sur elle un regard interrogatif.
    — Ma sœur m'avait confié des clefs quand elle y habitait. Je les ai toujours.
    — Mais je ne veux pas retourner dans cette maison ! cria Mme Dufresne. Je ne veux plus le revoir ! Il me battra si j'y vais !
    — Je ne crois pas que M. le commissaire souhaite t'y envoyer, Madeleine, la calma sa sœur… mais qu'il veut y aller tout seul…
    Gaston la considéra avec intérêt, puis hocha lentement la tête. Celle-là était fine mouche.
    La sœur ouvrit un coffre vermoulu, fouilla à l'intérieur et en ressortit deux clefs.
    — Les voilà, monsieur. La plus grosse ouvre la porte du bas. M. Dufresne habite au premier

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