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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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la porte s'ouvrit et un homme sortit avec un sac de voyage à la main. Il demeura un instant interloqué devant cette troupe inattendue, puis tenta de rentrer, mais l'exempt bloqua la porte et l'homme fut rapidement maîtrisé.
    C'était Dufresne, comme il s'expliqua quand ils l'interrogèrent. Il était plus petit que sa femme, replet même. Plus jeune aussi. Il avait des traits aplatis et un menton fuyant qu'il tentait de camoufler par d'épaisses moustaches noires.
    Gaston résuma les charges pesant contre lui. François Desgrais ouvrit le sac de voyage qui contenait quelques linges, et surtout les couteaux et les fausses barbes déjà vus. Il y avait aussi deux pistolets. Pendant ce temps, La Goutte entreprenait une nouvelle fouille de l'appartement.
    Curieusement, le barbier ne nia pas. Oui, il avait tué Paris avec Campi le soir de Noël. Il savait que le domestique serait seul et qu'il y aurait près de trente mille livres en or dans la chambre de M. de La Rivière. Ils avaient mis les fausses barbes pour entrer et sortir sans qu'on les reconnaisse, utilisant juste le carton de laissez-passer. Ils avaient découpé le corps et l'avaient jeté dans le privé.
    Gaston lui demanda où il partait avec sa sacoche.
    Il expliqua qu'il se trouvait à la taverne de la Lanterne , un peu plus bas dans la rue, quand son voisin, le savetier, l'avait prévenu qu'un homme était entré chez lui. Il était revenu aussitôt et, ayant remarqué qu'on avait fouillé et pris son argent, il avait rassemblé ses affaires pour s'enfuir. Les effluves de vinasse sortant de sa bouche confirmaient sa déclaration.
    — Où alliez-vous ?
    — En Flandre, monsieur le commissaire, répondit le valet de chambre, en baissant les yeux.
    — Où est votre ami Campi ?
    — Il est de service à l'hôtel d'Orléans.
    — Nous n'avons rien trouvé, monsieur le commissaire, intervint La Goutte qui, avec les archers, avait mis l'appartement à sac.
    — Je crois que nous avons des preuves suffisantes, répondit Gaston.
    Pourtant, quelque chose le dérangeait. Que faisait Dufresne à la taverne si tôt le matin ?
    — Avec qui étiez-vous à la taverne ?
    L'hésitation de l'autre le trahit.
    — … Seul, monsieur.
    — Toi ! (Gaston désigna un archer.) Descends. Dans la rue, en face, il y a un savetier. Ramène-le ici.
    L'archer s'exécuta tandis que Gaston examinait les barbes, les pistolets et le masque de cuir. Les deux barbiers chirurgiens avaient-ils d'autres méfaits à leur actif ?
    C'est alors qu'il songea à Mme Dufresne. Son mari avait-il utilisé une de ces barbes pour l'attirer dans son piège ? C'était bien possible… Mais il serait difficile, sinon impossible, de lier cette affaire-là à l'assassinat du valet de M. de La Rivière. La pauvre femme avait été jugée et aurait tout à perdre à être mêlée à ce dernier crime. Finalement, en l'accusant et en la répudiant, son mari lui avait rendu service sans le savoir. Elle aurait bien pu se retrouver au côté de Mme Campi, et subir plus que quelques coups de fouet.
    Il leva les yeux vers le tueur, solidement garrotté :
    — À quoi vous servaient ce masque et ces barbes ?
    — Je… je les ai trouvés.
    — Et vous les emportiez avec vous ?
    Gaston secoua négativement la tête en grimaçant.
    — En le disant maintenant, vous vous éviterez bien des souffrances.
    Dufresne se passa la langue sur les lèvres, hésitant à parler, avant de bredouiller :
    — De toute façon… vous allez le savoir… non ? À la taverne, j'étais avec un ami.
    — Campi ?
    Le valet de chambre hocha la tête en baissant les yeux.
    — Campi a entendu le savetier vous prévenir ?
    — Oui, monsieur.
    L'archer revint avec ce dernier. Qui eut un regard inquiet en reconnaissant l'homme aux cheveux rouges aperçu plus tôt. Pourtant le procureur l'ignora, car il n'avait plus besoin de lui.
    — Où est allé Campi ? demanda encore Gaston à Dufresne.
    — Chez lui, prendre de l'argent et acheter un cheval.
    Gaston se morigéna intérieurement. Persuadé que Campi était à son service, comme assuré par son épouse, il n'avait pas songé qu'elle lui mente et que son mari revienne à son domicile. S'il avait laissé des hommes là-bas, il serait pris à cette heure ! Maintenant, Dieu sait où il allait se cacher ? Heureusement qu'il n'avait pas beaucoup d'avance !
    Il considéra sévèrement le savetier :
    — Vous m'avez vu, il y a près de trois heures.

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