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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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lanterne. Gaston frissonna ; la cheminée était éteinte et la fenêtre fermait mal. Une bise glaciale s'insinuait dans le cachot.
    Avant de débuter l'interrogatoire, il demanda au prisonnier de jurer, sur la croix et les Évangiles, de dire la vérité. L'homme le fit, puis donna son nom, précisa qu'il était né à Villeneuve d'Avignon et décrivit en quoi consistait sa charge chez M. Goulas où il avait à raser et à saigner non seulement son maître mais les autres personnes de sa maison. Gaston l'interrogea ensuite sur ses études d'aspirant barbier, qu'il avait commencées à Montpellier, puis terminées à la confrérie de Saint-Cosme et Saint-Damien. Il en était sorti chirurgien de robe courte 88 . C'est là-bas qu'il avait connu Campi.
    Grâce à la dot de son épouse, il avait pu acheter la charge de valet de chambre barbier qu'il occupait, mais cela Gaston le savait.
    Il confirma ensuite qu'il connaissait le valet Paris, et même qu'il avait été son ami. Que c'est lui qui avait dit à Campi que beaucoup d'argent se trouverait dans le coffre de son maître, le soir de Noël. Campi avait eu l'idée du vol, mais comme il ne pouvait ouvrir le coffre, il lui avait suggéré de prendre les clefs confiées par l'abbé de La Rivière à M. Goulas en échange d'un partage du butin.
    La suite avait été un grand malheur. Le soir de Noël, à la nuit tombée, affublés des fausses barbes, ils étaient entrés au palais par une poterne mal gardée. Ils s'étaient rendus dans la chambre de l'abbé où se trouvait Paris. Campi lui avait proposé de l'emmener boire, mais l'autre avait refusé, aussi l'avait-il assommé avec un tisonnier. Ensuite, la peur avait fait son œuvre. Campi avait proposé de transporter le corps dans le privé et de le tailler en quartiers. Ses vêtements avaient servi à éponger le sang.
    En racontant le récit horrible du découpage, Dufresne avait sangloté, jurant que tout était de la faute de Campi. Mais il n'avait pu s'expliquer sur les deux couteaux lui appartenant.
    Voyant qu'il ne parvenait pas à convaincre les magistrats, il refusa soudain de répondre aux autres questions. Gaston l'interrogea sur le masque de cuir, mais il resta tout autant silencieux. Dreux d'Aubray le prévint donc qu'il allait lui faire donner la question préliminaire 89 sous sa forme la plus sévère, avec les coins.
    — Non ! glapit le barbier. C'est… c'est avec Campi… nous… nous avons volé sur les grands chemins.
    — Qui ?
    — Des passants, des marchands…
    — Quand ?
    — La dernière fois, c'était il y a trois mois, à Vincennes…
    Gaston regarda Aubray :
    — Il faut que le procureur général du Châtelet et le lieutenant du prévôt des maréchaux l'interrogent à ce sujet, suggéra-t-il.
    — En effet.
    Le lieutenant civil considéra sévèrement le prisonnier (ce qui n'était pas difficile puisqu'il avait toujours le même air sévère) :
    — M. Dufresne, vous allez signer le procès-verbal d'interrogatoire. Vous serez plus longuement questionné dans les jours qui viennent, sitôt que nous aurons arrêté votre complice. Je vous conseille de prier et de recommander votre âme à Dieu pour qu'il vous pardonne.
    Tous se levèrent. Desgrais alla chercher le porte-clefs et, tandis que le greffier présentait le procès-verbal, Gaston s'approcha de Dufresne.
    — Connaissez-vous des moines au couvent de la Merci ?
    Gaston décela la surprise, puis l'hésitation dans son regard.
    — Non, monsieur le procureur.
    Le greffier interrogea le procureur du regard pour savoir s'il devait noter la question et la réponse, mais Gaston secoua négativement la tête.
    — Vous en connaissez au moins un, affirma Gaston. Vous lui avez même prêté votre barbe… C'est votre femme qui me l'a dit !
    Le prisonnier eut un regard terrorisé avant de baisser des yeux coupables.
    Gaston rejoignit Aubray qui l'attendait à l'extérieur. Il en savait assez.
    — Je propose que nous allions voir la femme, grinça le lieutenant civil. Et cette fois-ci, j'espère que vous n'aurez pas de compassion intempestive, monsieur de Tilly…
    — Les choses sont différentes, monsieur d'Aubray, répliqua-t-il. Nous n'avons pas affaire à des sots, mais à des assassins, et les pires qui soient.
    *
    Mme Campi avait été serrée dans la cellule voisine. À l'origine, il s'agissait d'une longue salle voûtée cloisonnée durant le règne d'Henri IV pour constituer des cellules d'interrogatoire

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