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Le secret d'Eleusis

Le secret d'Eleusis

Titel: Le secret d'Eleusis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Will Adams
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laisser assez de temps, du moins si je trouve un taxi.
    — Allez-y ! lança Charissa à Knox et Gaëlle. Je dépose Nico à l’hôtel et je vous rejoins.
    Knox et Gaëlle franchirent un porche et aboutirent dans le parking du personnel de l’hôpital. Une équipe de télévision et quelques journalistes fumaient une cigarette au pied de l’escalier principal, à l’affût d’un scoop. Dans le crépuscule, les deux archéologues n’eurent aucun mal à se faufiler sans se faire remarquer. La femme de l’accueil avait un physique étonnamment carré, comme si un tapis avait été jeté sur une machine à laver. Lorsqu’ils lui demandèrent où se trouvait la chambre d’Augustin, elle leur indiqua l’unité des soins intensifs mais les prévint que la police avait interdit toute visite. Seule la compagne d’Augustin était autorisée à entrer.
    De gros plafonniers éclairaient les larges couloirs comme de multiples lunes. Des talons claquaient sur le carrelage. Des moniteurs, des lits à roulettes, des paniers à linge et autres accessoires hospitaliers étaient entassés contre les murs. Ceux-ci étaient peints dans des jaunes et des bleus pastel, une tentative louable d’apporter une touche de gaieté, devenue morne depuis longtemps. Des pleurs vinrent rompre le silence : quelqu’un luttait contre la peur ou le chagrin. Knox tressaillit. Il se revit, une dizaine d’années plus tôt, en train de se diriger vers une autre unité de soins intensifs, dans un autre hôpital grec. Il était venu dire au revoir à sa sœur, Bee, après avoir appris qu’elle allait mourir. Il reconnut les bruits étouffés et oppressants de ce genre d’endroit, la blancheur violente du matériel, cette impression d’avancer en flottant dans les airs, comme dans un rêve, au lieu de marcher, et ce sentiment obsédant d’impuissance.
    Un policier était assis sur une chaise devant les portes battantes du service. Il lisait un magazine.
    — Merde ! murmura Knox.
    Il pensait que la police s’était contentée d’interdire les visites, sans faire surveiller l’entrée. Un moniteur cardiaque était posé sur un chariot. Knox s’en empara.
    — Détourne son attention, dit-il à Gaëlle.
    Elle alla immédiatement poser une question au policier. Celui-ci secoua la tête. Elle lui demanda autre chose et lui sourit en lui effleurant le bras. Son sourire était si désarmant qu’il aurait fait fondre les placiers. Le policier se leva, fit quelques pas avec elle et pointa le doigt vers le bout du couloir. Tandis que l’homme riait et faisait signe de la main, Knox baissa la tête et ouvrit les portes du service en poussant le moniteur devant lui. Puis il posa l’appareil contre le mur, se lava les mains au gel au-dessus d’un lavabo et ouvrit la porte de la chambre. Deux infirmières s’affairaient en se plaignant à voix basse du manque de matériel. Claire était assise sur un lit inoccupé. Bien qu’il ait essayé de se préparer, Knox eut un choc en voyant Augustin, sous assistance respiratoire, entouré de tubes, une cage au-dessus du torse pour que les draps ne lui touchent pas la peau, un bandage autour du crâne, un masque à oxygène sur le nez et la bouche, les pommettes enflées et teintées de couleurs violacées et inhumaines.
    Claire avait dû le sentir arriver. Elle leva les yeux, la mine défaite, grise. Son visage tourmenté n’avait conservé aucune trace de la joie qu’elle éprouvait encore quelques heures plus tôt. Les sourcils froncés, elle cligna des yeux, comme si elle avait du mal à resituer Knox. Puis, un doigt sur ses lèvres, elle se leva et vint le rejoindre.
    — Comment va-t-il ? demanda-t-il.
    — Ça ne se voit pas ? répondit Claire.
    Knox ne sut pas quoi dire. Il n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait faire pour Claire ; ce genre de situation rendait le langage et les conventions du comportement humain inadéquats. Il la prit dans ses bras et la serra contre lui en lui caressant les cheveux. Les sanglots mirent un moment à arriver mais, lorsqu’elle ouvrit les vannes, elle pleura sans discontinuer. Les épaules tremblantes, elle laissa son chagrin et son angoisse s’exprimer librement. Knox songea qu’elle ne pleurait sans doute pas uniquement sur le sort d’Augustin. Le plus cruel, quand une tragédie comme celle-ci survenait, c’était que les autres s’inquiétaient de leur propre avenir et s’en voulaient d’avoir des pensées égoïstes pendant que leur

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