Le secret d'Eleusis
une récompense de cinq millions d’euros à la clé, je ne vous donnerais pas plus d’une semaine là-bas. Non, vous allez devoir rentrer en Grande-Bretagne et vous habituer à vivre dans un environnement sécurisé. Pas très réjouissant... Et extrêmement cher pour le contribuable.
« Ah ! songea Knox. Nous y voilà. » Il leva les yeux vers l’homme.
— Ou bien ? s’enquit-il.
— De fait, vous avez une autre possibilité, dit l’homme en souriant, comme s’il venait juste d’y penser. En temps normal, je ne vous la proposerais pas avant que vous ne soyez tout à fait rétabli, mais nous sommes confrontés à des circonstances particulières. Et si vous êtes d’accord, c’est le moment ou jamais.
— De faire quoi ?
— Vous avez subi de graves brûlures, même si votre vie n’est pas en danger, du moins, plus maintenant. Vous appartenez à un groupe sanguin rare, ce qui n’a pas aidé. Peut-être devriez-vous porter un bracelet à l’avenir, ou un médaillon. Cela simplifierait les choses à tout le monde. Bref, le monde entier croit que vous êtes encore entre la vie et la mort. Alors si nous décidions de vous rapatrier en Angleterre à bord d’un avion d’évacuation sanitaire, vous pourriez être victime de complications. Une insuffisance rénale, par exemple. Cela arrive souvent chez les grands brûlés. Vous seriez mis sous assistance respiratoire mais, malgré les efforts héroïques de nos meilleurs médecins...
— Et ensuite ? Chirurgie esthétique ? Nouvelle identité ?
— Une petite injection par-ci, par-là, rien d’important. Votre nom est banal, mais pas votre visage. De plus, vous avez été admirablement discret malgré votre position. Mes collègues ont déjà pris la liberté de modifier quelques photos de vous, juste assez pour donner une fausse impression. Ajoutez une barbe de trois jours, des lentilles de contact de couleur, des mèches dans les cheveux... Faites-moi confiance. Nous sommes doués pour ça. Vous pourriez prendre un nouveau départ. Ce n’est pas rien. Un tas de gens en rêvent. Et cela ne durerait pas forcément toute votre vie, juste le temps que le vieux Nergadze passe l’arme à gauche et que la famille implose, ce qui ne manquera pas d’arriver. Vous pourriez donner des cours, pas d’égyptologie, bien sûr, mais d’histoire, par exemple, ou de plongée. Vous avez déjà été moniteur de plongée, non ? J’ai fait mon service militaire avec un type spécialisé dans l’archéologie sous-marine. Il se plaint toujours de ne pas trouver de bons archéologues sous-marins. Les sites d’épaves sont soumis à une réglementation stricte et les hommes comme vous sont très recherchés. Pensez-y. Vous pourriez voyager à l’étranger. Je sais que vous aimez beaucoup voyager.
— Oui...
C’était donc ça... Tout était clair désormais. Augustin était venu voir Knox un peu plus tôt. Il se déplaçait en fauteuil roulant et se remettait lentement de ses blessures.
— On fait la paire ! s’était-il exclamé.
— Oui, avait admis Knox.
— Je t’ai vu en train de saccager ma conférence.
— C’est tout que j’ai pu tirer de ton torchon.
Le silence s’était rapidement imposé entre eux. Puis Augustin avait posé la main sur celle de Knox.
— Je suis vraiment désolé pour Gaëlle, avait-il murmuré. Je ne sais pas quoi te dire.
— Ne dis rien.
— Je veux que tu saches que, quelle que soit la décision que tu prendras, je te soutiendrai toujours. Et Claire aussi. Tu le sais, j’espère.
Sur le moment, Knox n’avait pas compris pourquoi Augustin lui avait dit ça mais, de toute évidence, le type de l’ambassade avait consulté ses amis avant de venir lui parler.
— Alors ? demanda l’homme. Qu’en pensez-vous ?
— Cela vous ferait faire pas mal d’économies, je suppose ! lança Knox.
— Ce n’est pas la seule raison. Vous auriez une bien meilleure qualité de vie, je vous assure.
— Est-ce que je peux réfléchir un peu ?
— Bien sûr, mais nous n’avons pas beaucoup de temps. Je repasse demain matin, ça vous va ?
— D’accord.
Knox tourna la tête sur le côté jusqu’à ce qu’il entende la porte se refermer. Parfois, il avait l’impression de tomber au fond d’un gouffre noir, où il était confronté à la perte de Gaëlle et à sa propre pusillanimité. Et c’est ce qui arriva à cet instant. Sa respiration s’accéléra. Il se raidit. Cela commença de
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