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Le secret des enfants rouges

Le secret des enfants rouges

Titel: Le secret des enfants rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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grommela-t-elle en lorgnant le portefeuille que Kenji venait de tirer de sa veste.
    — Un petit effort, madame.
    — C’est qu’à moi aussi il arrive d’avoir des absences, surtout au saut du lit, murmura la Martiniquaise en enfouissant prestement un billet bleu dans son giron. Il a une boutique. Son prénom c’est celui d’un Grec d’autrefois, un guerrier, un brave d’entre les braves, qui s’est fait bêtement refroidir parce que son armure ne couvrait pas son talon. Je l’ai lu dans un d’mes bouquins. Il y a de quoi se tordre, parce que l’Achille Ménager il est pas du genre « avec qui voulez-vous lutter ? ». Sa boutique elle est rue de Nice, près de la rue de Charonne, c’est drôle, ça vient juste de m’revenir. Le numéro j’ai oublié, mais vu que c’est le seul commerce…
    — Vous devriez manger du poisson, c’est souverain pour la mémoire, conseilla Kenji.
    Lorsqu’ils repartirent en sens inverse, l’agitation s’était calmée, les sœurs jumelles cajolaient un antiquaire lancé sur la piste de la perle rare, et l’homme à la chapka, affalé dans un fauteuil défoncé, offrait aux chalands des tubes scellés contenant le seul, le vrai, l’unique élixir de jouvence.
    — Ça occit les cheveux gris, m’sieu, cinq sous, et mort à la patte-d’oie !
    Kenji se laissa attendrir. Victor s’étonna.
    — Vous gobez ces fadaises ?
    — Je gobe bien les vôtres. Au fait, Diélette… Ne serait-ce pas le patronyme de cette enfant que vous avez confiée à Iris ?
    Amusé par l’expression catastrophée de Victor, il ajouta :
    — Je crains fort qu’il ne vous faille reprendre du début le récit que vous m’avez débité au téléphone, sans négliger le moindre élément… Vous n’avez pas l’air d’être dans votre assiette, Victor, un régime carné vous remettrait les idées en place. Rien ne vaut une entrecôte pour retrouver son allant. Je vous invite à déjeuner chez Foyot. Mais d’abord, passons rue des Saints-Pères prévenir Joseph, ensuite nous irons faire un brin de causette avec Achille Ménager.
     
    L’émissaire avait perdu toute notion du temps.
    « J’ai échoué, je suis indigne de ta confiance, Seigneur. »
    Le logis et la soupente du vieux avaient été retournés sans résultat. Détail troublant : à qui appartenaient ces dessous féminins ? Brasser le foutu bric-à-brac de cette boutique représentait un travail de titan. Comment venir à bout de cet amoncellement de saletés ? Une escouade de portefaix aurait déclaré forfait, même équipée de pincettes.
    Rien. Toujours rien. Le biffin au gros pif du marché Saint-Médard aurait-il raconté des bobards ? Le billet bleu assorti de menaces précises avait pourtant produit son petit effet, le bonhomme s’était lâché sans retenue :
    « Rue de Nice. Achille Ménager. Il m’a refilé trois ronds pour peau de balle, cette chose, c’est du toc. »
    Seulement voilà, Achille Ménager était passé ad patres, impossible de lui soutirer l’once d’un renseignement. Ç’avait été une erreur de le tuer.
    L’émissaire envoya valdinguer une rangée de pots à moutarde.
    « Imbécile, tu t’es fait avoir ! »
    Des coups ébranlèrent le chambranle de la porte, une voix d’homme cria :
    — Monsieur Ménager, vous êtes là ?
    L’émissaire se rencogna entre le mur et la vitrine opaque.
    — C’est fermé, dit une seconde voix masculine. Inutile d’insister, il n’y a personne, nous reviendrons.
    Prudemment, l’émissaire se courba vers l’un des carreaux englués de toiles d’araignées.
    Deux silhouettes se détachèrent.
    L’émissaire se rabattit vivement en arrière. Cette impression de déjà-vu…. Non, un souvenir, pas une impression ! C’étaient eux ! Qui les avait informés ? Le type au gros pif ?
    « J’aurais dû l’éliminer, mais il y avait trop de monde… Ces deux-là en savent plus que moi. »
    Le Japonais et son associé s’éloignèrent.
    Sauter sur son vélo. Ne pas les perdre de vue. Sa dernière chance.
     
    En proie à la panique, Anna Marcelli s’était enfuie sans songer à se vêtir chaudement. Elle grelottait le long des rues du quartier Popincourt. Les boulangers ôtaient les contrevents de leurs boutiques, imités par les crémiers et les fruitiers. Des femmes en cheveux se hâtaient, le cabas au bras, des gamins faisaient emplir de lait leur pot de fer-blanc, les ouvriers entamaient leur journée au zinc des

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