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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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les tribus étaient dispersées. Tu n’as pas
connu cette époque et tu ne la comprends peut-être pas. Oui, c’est de la
vengeance, en partie. Nos ennemis doivent apprendre qu’ils ne peuvent plus s’en
prendre à nous sans déclencher une tempête.
    Gengis dégaina le sabre de son père et le tint vers le
soleil pour que sa surface brillante projette une ligne dorée sur le visage de Djötchi.
    — C’est une bonne lame, forgée par un maître. Mais si
je l’enfouis dans la terre, combien de temps gardera-t-elle son tranchant ?
    — Tu veux dire que les tribus sont comme ce sabre, traduisit
Djötchi, surprenant son père.
    — Peut-être, répondit le khan, irrité d’avoir été
interrompu.
    Ce garçon avait l’esprit trop affûté pour son bien.
    — Tout ce que j’ai gagné peut encore être perdu, reprit
Gengis, et cela seulement à cause d’un fils idiot qui n’a pas la patience d’écouter
son père.
    Djötchi eut un sourire radieux et Gengis se rendit compte qu’il
venait de le reconnaître pour son fils alors même qu’il cherchait à effacer l’expression
arrogante de son jeune visage. Il ouvrit la porte de l’enclos, y pénétra en
levant son sabre. Les chèvres s’écartèrent de lui, montèrent l’une sur l’autre
en bêlant.
    — Toi qui es si intelligent, Djötchi, dis-moi ce qui
arriverait si ces bêtes m’attaquaient.
    — Tu les tuerais toutes, répondit aussitôt Chatagai, qui
voulait se mêler à cet affrontement de volontés.
    Gengis ne se retourna pas et garda les yeux sur Djötchi.
    — Elles te feraient tomber, répondit à son tour le
garçon. Alors, nous sommes des chèvres, unies en une nation ?
    Il semblait trouver l’idée amusante et Gengis, perdant son
calme, l’empoigna, le souleva et le projeta parmi les animaux qui détalèrent, pris
de panique.
    — Nous sommes le loup, mon garçon, et le loup ne se
pose pas de questions sur les chèvres qu’il égorge. Il ne cherche pas la
meilleure façon d’occuper son temps avant d’avoir les pattes et la gueule
rouges de sang, avant d’avoir vaincu tous ses ennemis. Si tu te moques encore
de moi, je t’enverrai les rejoindre.
    Djötchi se releva, le masque froid recouvrant ses traits. Chatagai
aurait approuvé la leçon, mais Djötchi soutenait le regard de son père dans un
silence tendu, ni l’un ni l’autre ne voulant être le premier à baisser les yeux.
Djötchi n’était toutefois qu’un enfant et finalement des larmes brûlantes d’humiliation
lui montèrent aux yeux quand il détourna la tête et escalada la barrière.
    Gengis soupira, cherchant déjà un moyen de faire oublier son
accès de colère.
    — Tu ne dois pas voir cette guerre comme une brève
période avant un retour à une vie paisible. Nous sommes des guerriers, pour
dire les choses plus clairement qu’avec des histoires de sabre ou de loup. Si
je passe toute ma jeunesse à briser les forces de l’empereur jin, chaque jour
sera pour moi une joie. Sa famille nous a longtemps dominés, maintenant, ma
famille se dresse. Nous ne souffrirons plus de sentir leurs mains glacées sur
nous.
    Djötchi respirait bruyamment mais il parvint à se contrôler
pour poser une autre question :
    — Alors, c’est sans fin ? Même quand tu seras
vieux et grisonnant, tu chercheras encore des ennemis à combattre ?
    — S’il en reste, répliqua le khan. Je ne peux
abandonner ce que j’ai commencé. Si jamais nous perdons courage, ils
reviendront en plus grand nombre que tu ne saurais l’imaginer.
    Pour terminer sur une note qui redonnerait confiance au
jeune garçon, il ajouta :
    — Mais mes fils seront alors assez grands pour
chevaucher vers de nouvelles terres et les conquérir. Ils seront rois. Ils se
repaîtront de mets gras, porteront des sabres ornés de pierres précieuses et
oublieront ce qu’ils me doivent.
     
     
    Khasar et Temüge étaient allés à la lisière du camp pour
contempler les murs de Baotou. Le soleil était bas sur l’horizon mais la
journée avait été chaude et les deux hommes transpiraient dans l’air lourd. Ils
ne suaient jamais dans les montagnes de leur pays, où la saleté tombait en
poussière de leur peau sèche. Chez les Jin, leurs corps devenaient sales et les
mouches ne cessaient de les harceler. Temüge était d’une pâleur maladive, il
avait passé trop de soirées dans la yourte enfumée de Kökötchu et certaines des
choses qu’il avait vues le tourmentaient encore. Il fut pris d’une

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