Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
Vom Netzwerk:
Zhong serra le poing droit. Ce n’était pas la victoire
qu’il aurait souhaitée mais la ville serait bientôt un tombeau pour eux tous. Il
dut faire un immense effort pour amener un sourire sur ses lèvres.
    — Alors Sa Majesté survivra. Je vais envoyer un
messager au khan et nous entamerons les négociations.
    Il vit du mépris sur le visage des ministres et sa haine
pour eux redoubla. Tous le considéraient comme l’architecte du désastre qui s’était
abattu sur Yenking. La honte de la reddition se répandrait dans la ville en
même temps que le soulagement. Des hauts dignitaires de la cour au plus humble
pêcheur, tous sauraient que l’empereur était contraint de payer un tribut. Mais
ils vivraient, ils s’échapperaient du piège à rats que Yenking était devenue. Une
fois que les Mongols auraient touché la rançon, la cour irait chercher des
forces et des alliés dans les villes du Sud. Peut-être même obtiendrait-elle le
soutien de l’empire Song en invoquant les liens du sang pour écraser l’envahisseur.
Il y aurait d’autres batailles contre la horde mongole, mais plus jamais les
Jin ne laisseraient leur empereur être pris au piège.
    Zhu Zhong se rendit compte qu’il gardait le silence depuis
un moment sous le regard scrutateur des ministres. Aucun mot ne pouvait alléger
la souffrance amère de ce qu’il devait maintenant faire. Il tenta de la chasser
en se disant qu’il ne servait à rien de laisser tous les habitants mourir de
faim pour que les Mongols escaladent finalement les murailles et ne trouvent
que des cadavres. Avec le temps, les Jin redeviendraient forts. La perspective
de la douceur et du luxe du Sud lui redonna un peu le moral. Là-bas, il y
aurait de la nourriture et des troupes.
    — C’est une sage décision, Fils du Ciel, dit-il en s’inclinant
avant de quitter la pièce.
    Après son départ, l’un des esclaves qui se tenaient contre
le mur s’avança. Le regard du jeune empereur se tourna vers l’homme, dont le
port changea subtilement. Sa tête chauve et glabre, y compris les paupières et
les arcades sourcilières, luisait d’un riche onguent. Il fixait la porte comme
s’il pouvait, à travers elle, suivre le régent des yeux.
    — Laisse-le vivre jusqu’à ce que le tribut ait été payé,
dit Xuan. Qu’il meure ensuite, le plus douloureusement possible. Pour sa
défaite et pour mon père.
    Le maître de la Triade Noire des Assassins s’inclina avec
respect devant le jeune garçon qui régnait sur l’empire.
    — Il en sera ainsi, majesté.

 
32
    Ce fut étrange de voir enfin les portes de Yenking s’ouvrir.
Gengis se raidit sur sa selle quand le premier chariot lourdement chargé sortit
lentement. Le fait qu’il fût tiré par des hommes et non par des animaux de
trait révélait l’état auquel la ville était réduite. Difficile de ne pas
talonner sa monture et d’attaquer après avoir rêvé de cet instant pendant tant
de mois. Gengis se dit cependant qu’il avait pris la bonne décision et tourna
la tête vers Kökötchu, qui se tenait à sa droite, sur un des chevaux de la
meilleure lignée du camp.
    Le chamane ne put retenir un sourire en voyant sa prophétie
se réaliser. Quand il avait décrit sa vision à Gengis, alors que la tente noire
était encore dressée devant la ville, le khan lui avait promis la meilleure
part du tribut, si tribut il y avait. Non seulement son pouvoir et son
influence avaient crû, mais il deviendrait plus riche qu’il ne l’avait jamais
espéré. La conscience en paix, Kökötchu regardait passer les trésors d’un empire.
Il avait menti à son khan, il l’avait peut-être privé d’une victoire sanglante,
mais Yenking était bel et bien tombée et il était l’artisan du triomphe mongol.
Trente mille guerriers acclamèrent la sortie des chariots jusqu’à s’érailler la
voix. Ils savaient qu’ils seraient vêtus de soie verte avant la fin de la
journée et, pour des hommes vivant de pillage, c’était là une scène qu’ils
raconteraient à leurs petits-enfants. Ils avaient soumis un empereur, et la
ville imprenable ne pouvait que vomir ses richesses une fois défaite.
    Par les portes grandes ouvertes, les généraux aperçurent
pour la première fois une partie de l’intérieur de la ville, une large avenue s’étirant
au loin. Gengis toussa dans son poing en regardant le tribut sortir comme une
langue d’une bouche édentée. Les hommes qui tiraient les chariots étaient

Weitere Kostenlose Bücher