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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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pu ouvrir la bouche, le policier en civil avait déjà repris la parole.
    — Malheureusement, Singleton, je crains de ne pouvoir vous être d’aucun secours. Je sors d’une réunion où se trouvait tout le gratin du Yard : le haut-commissaire, le chief constable du CID, le superintendant de la Section spéciale, et j’en passe. On exige dans les plus hautes sphères ministérielles des résultats rapides dans l’enquête qui nous occupe.
    — L’affaire de Curzon Street ? C’est justement à ce propos…
    — Comme si nous n’avions pas suffisamment de travail ici avec la mise en place des mesures de sécurité liées au couronnement ! Pensez donc ! Une armée de vingt-cinq mille agents, plus huit mille policiers auxiliaires, vêtus de neuf de pied en cap. Maintenant, avec cette affaire, c’est à peine si je croise encore ma femme de temps en temps.
    Staiton désignait la masse de papiers accumulés sur son bureau et se saisit des premiers feuillets, tapés à la machine, les agitant devant lui entre ses gros doigts.
    — Sacredieu ! Et le haut-commissaire qui comptait sur la parution dans la presse du portrait du coupable présumé pour voir enfin l’enquête avancer, le voilà servi ! Jugez par vous-même de la teneur des billevesées que nos hommes ont recueillies !
    — Laissez-moi d’abord vous dire…
    — Il y a là la transcription de toutes les histoires à dormir debout débitées à nos agents de la chambre d’information 2 ou recueillies directement dans les postes de police depuis hier soir. Et encore, le dessin n’avait été rendu public que dans l’ Evening Standard et le Star  ! Ça va être pire maintenant que les journaux du matin l’ont à leur tour publié !
    — Tout cela doit être effectivement très intéressant, mais…
    — Intéressant ? Sans l’ombre d’un intérêt, vous voulez dire. Écoutez plutôt ce témoignage, au hasard : Margaret Mitchell, logeant à Caledonian Road, à Londres, nous informe que le portrait paru dans la presse pourrait bien être celui de John Badlam, le mari de sa sœur, qui a pour habitude, depuis que le démon de minuit a sonné le glas de sa moralité, de courir après les cocottes et les demi-mondaines dans les dancings de Mayfair. Écoutez encore cet autre : Mr Nesbitt, soixante-douze ans, habitant Grinstead, dans le Sussex, croit reconnaître le visage de Cassius Rotterfield, un ancien de l’armée des Indes reconverti dans les numéros de dressage de fauves. Ce dernier se serait rendu coupable en juillet 1935, lors de la représentation de son cirque itinérant dans le comté, d’un attentat aux bonnes mœurs sur la personne de Miss Nesbitt, encore jeune fille à l’âge de quarante-sept ans…
    — Inspecteur…
    — Tenez ! Celui-là, c’est le pompon ! Il est l’œuvre d’un certain Tobie Calberson, vénérable professeur en retraite de Lupus Street, à Pimlico, qui a fait le déplacement jusqu’au poste de Rochester Row à plus de onze heures cette nuit pour déclarer… Déclarer quoi ? Je vous le donne en mille…
    À dire le vrai, cette manie de ne pas me laisser placer un mot était crispante, mais, connaissant l’humeur explosive du policier, je pris mon mal en patience en allumant une cigarette. Le cas échéant, je me tenais prêt à dégainer la photographie de Flaxman, que James m’avait confiée avant de nous séparer.
    — … Eh bien, qu’à titre de spécialiste du règne de Richard III, Mr Calberson était fier d’épauler les zélés serviteurs de l’ordre public en les instruisant que le croquis publié lui paraissait comporter de nombreux traits de ressemblance – surtout le nez et l’arc des sourcils – avec celui de Graham Grant, mort en 1491, l’un des plus fidèles conseillers du duc de Clarence, le frère de Richard, dont une représentation en pied orne l’un des murs de la National Gallery.
    L’inspecteur Staiton fut traversé d’un tonitruant éclat de rire.
    — Un vétéran de la guerre des Deux-Roses. Avouez que ça ne manque pas de sel ! Même les déclarations les plus dignes d’intérêt ne débouchent sur rien. Pas plus tard qu’hier soir, on a signalé qu’un individu correspondant au portrait dessiné par Bishop avait été aperçu à plusieurs reprises la semaine dernière devant un bâtiment désaffecté du bord de la River , à proximité des Millwall Docks, dans l’île aux Chiens. Peine perdue. Quand mes hommes se sont radinés là-bas, ils

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