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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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l’enquête.
    — Avez-vous ce courrier ici ?
    — Non, je l’ai transmis à sir Laurence Archer, inspecteur en chef à la Section spéciale. Bien que je n’aie aucune estime pour ce cancrelat, nos deux services ont reçu l’ordre de travailler conjointement. Archer a des hommes infiltrés dans l’East End, où l’Union fasciste de Mosley a ouvert plusieurs antennes locales. Leur connaissance du terrain aurait dû nous être profitable.
    — Ce n’a pas été le cas ?
    — Nenni. Raison pour laquelle le haut-commissaire a décidé de publier le portrait dessiné par l’ami d’Auber-Jones. Si réellement David Bishop a crayonné le coupable, alors, en révélant au grand public son visage, les informations récoltées devraient, en toute logique, nous aiguiller sur un individu en lien avec les mouvements extrémistes.
    J’avais écouté les explications de l’inspecteur Staiton d’un air absolument consterné. Dans la presse, depuis une semaine, les rédacteurs avaient traité de l’affaire de Curzon Street sur le mode du fait divers. À de rares exceptions près, il n’avait pas été formellement établi de lien direct entre l’activité politique d’Auber-Jones, qui, à seulement trente-trois ans, n’était encore qu’un membre de l’ombre du parti travailliste, et sa fin tragique. Depuis les émeutes de décembre, le climat s’était sensiblement apaisé. Même si elles avaient eu pour effet de relancer les adhésions à l’Union fasciste dans les milieux populaires de l’East End – lors des élections au Conseil du comté de Londres, en mars 1937, le parti y avait rassemblé entre vingt et vingt-cinq pour cent des votes –, les scènes de violences, abondamment rapportées dans les gazettes, avaient surtout permis de détourner définitivement d’Oswald Mosley les politiciens aux opinions les plus libérales, qui avaient jusque-là manifesté à son égard une certaine sympathie ou, à tout le moins, une molle indifférence.
    Surtout, si les positions antifascistes de la victime avaient motivé son assassinat, le rapport avec la disparition du corps momifié de Stephen Flaxman, dans le sous-sol d’une entreprise de pompes funèbres du Wiltshire, à quatre-vingts miles du lieu du drame, devenait de plus en plus obscur.
    J’allumais une nouvelle cigarette en tentant de soupeser avec calme la situation. Je ne pouvais attendre plus longtemps d’informer Harold Staiton des véritables motifs qui m’amenaient dans son bureau, un samedi matin. Révéler au policier que le visage reconnu sur la photo des frères Patterson était celui du cadavre embaumé d’un ancien ouvrier des chemins de fer de la Western Railway, c’était le risque de m’entendre prononcer une fin de non-recevoir, peut-être même de me voir jeté hors de ce bureau avec perte et fracas. D’un autre côté, ne rien dire m’exposait dans un avenir très proche à une situation ingouvernable. Le meilleur parti était encore de jouer cartes sur table.
    — Maintenant, si vous le voulez bien, il est grand temps que je me remette au travail. Vous saluerez Trelawney de ma part !
    Alors que Staiton se replongeait déjà dans la pile de dépositions, je sortis la photographie de la poche de mon manteau et la lui plaçai subrepticement sous le nez.
    Son visage se congestionna d’un coup, et le policier abaissa plusieurs fois sa mâchoire inférieure de manière convulsive, comme s’il manquait d’air. Puis il se mit à fouiller en toute hâte sur son bureau. Ayant trouvé ce qu’il cherchait, en l’occurrence l’original du portrait publié dans les journaux, il saisit avec frénésie le cliché et, les yeux à quelques centimètres des deux documents, il les considéra, médusé.
    — Où avez-vous trouvé ça ?
    — C’est ressemblant, n’est-ce pas ?
    — Qui… Qui est ce type ?
    — Son nom est Stephen Flaxman. Il a travaillé dans une usine à Swindon qui fabriquait des locomotives et des wagons de chemins de fer.
    — Mais bonté divine ! Pourquoi n’avez-vous pas commencé par là ?
    Le sang s’étant remis à circuler normalement, la figure de l’inspecteur avait presque recouvré un teint normal. Il me fixait à présent d’un œil avide, m’offrant dans un sourire crispé le spectacle de son impressionnante dentition.
    — Alors ? J’attends la suite de vos explications.
    — Pour l’instant, nous ne savons presque rien sur ce Stephen Flaxman. Si ce n’est qu’il est

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