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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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nouveau dans les parages.
    À gauche de la fosse, la hauteur du tas de glaise ne cessait d’augmenter. Enfin, au terme d’une grosse demi-heure, le fer de nos outils rendit un bruit sec en cognant contre le cercueil, ce qui nous fit redoubler d’efforts.
    Une fois que le couvercle fut suffisamment dégagé, James et moi, agenouillés au fond du trou, finîmes de déblayer avec les doigts ce qui restait de terre. La bière ne semblait pas d’une conception ordinaire. Elle était fabriquée dans un bois très épais, consolidé çà et là de métal et de plomb.
    — Le cercueil a été forcé, fit remarquer James en empoignant la lampe torche pour diriger la lumière sur les jointures, tout autour du caisson. Comme des coups de bêche pour faire sauter la fermeture. On dirait que nous ne sommes pas les premiers à avoir voulu vérifier qui se trouvait à l’intérieur.
    — En effet. Le gardien semble s’être un peu emballé en prétendant que son visiteur nocturne n’avait pas eu le temps d’agir.
    James jeta la lampe près de lui et s’employa des deux mains à accomplir le dernier geste.
    Le couvercle n’étant plus scellé, il n’eut aucun mal à l’ouvrir et à le rabattre de l’autre côté.
    Dans le cercueil, une dépouille était étendue, les bras le long du corps, la tête tournée vers la gauche. Son maintien n’avait certes rien du hiératisme classique du défunt reposant dans son ultime demeure, mais, à tout le moins, elle était toujours là. On ne l’avait pas dérobée.
    Je cherchai la lampe des doigts, mais mon compagnon fut le plus prompt à s’en saisir.
    Le faisceau éclaira d’abord les chaussures, puis la défroque, négligée et souillée de boue séchée, et, lorsque la lumière glissa enfin sur la figure du cadavre, nous réprimâmes un cri de surprise.
    Point n’était utile de comparer ce visage avec celui des deux portraits du titulaire de la concession. Il était indubitable que ce n’était pas ce dernier qui reposait sur le matelas de soie parme.
    Le corps embaumé que nous avions sous les yeux était celui de Stephen Flaxman.

X
    Où il est de nouveau
 question de peinture
    Les frères Patterson nous avaient missionnés pour retrouver leur momie, et il n’était pas question, à présent que nous avions remis la main sur elle, de la renvoyer à six pieds sous terre. Aussi, lorsque nous eûmes rebouché le trou, replacé la dalle et effacé autant que faire se pouvait les traces de notre passage, avions-nous repris le chemin de la maison en emportant la corpulente dépouille de Flaxman – et l’une des photos de Bolton, arrachée de son cadre en métal. À trois heures du matin, les rues étaient désertes, et Miss Sigwarth, qui dormait à poings fermés dans sa chambre au deuxième étage, ne risquait pas de nous surprendre en si curieuse compagnie.
    — Pouah ! Ce macchabée pèse aussi lourd que la pierre de son tombeau ! s’exclama James en pénétrant dans le salon.
    Après avoir établi le cadavre sur le fauteuil, près de la cheminée, le haut du corps calé contre le dossier, mon camarade acheva de disposer la tête, les bras et les jambes avec application.
    — Il faut admettre que la formule des Patterson est fichtrement efficace, allégua-t-il en reculant pour mieux apprécier le résultat. Pour quelqu’un qui a cassé sa pipe il y a onze ans, notre ami est plutôt bien conservé. Il suffirait de le nettoyer un peu et de remplacer ses habits crottés pour donner le change dans le musée de cire de Mme Tussaud.
    Pendant qu’il s’activait de la sorte, j’avais pris place sur le sofa, véritablement envoûté par la présence de la momie. Si, dans la solennité de la crypte funéraire, à Swindon, la vue de tous les corps embaumés, en particulier celui de la jeune femme, m’avait causé une très forte impression, l’apparence de vie qui se dégageait de celui-ci, dans le cadre familier de notre appartement, en plein cœur de Bloomsbury, était proprement saisissante.
    Sans l’ombre d’un doute, on pouvait affirmer que nous étions en présence de l’homme dont Archibald et Nathaniel Patterson nous avaient fourni le cliché photographique et dont Bishop avait crayonné le portrait. Les cheveux châtains étaient implantés haut sur le crâne ; le visage long et sévère, à la mâchoire anguleuse, un brin prognathe, était légèrement tourné sur le côté, ses yeux noirs paraissant scruter la porte d’entrée, et quelques ridules

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