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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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qui conduit jusqu’à l’entrée nord de la nécropole, constituée d’un impressionnant arc de triomphe dans le style néoclassique.
    Dans un premier temps, pour faire connaissance avec les parages, nous continuâmes à rouler à allure réduite encore six ou sept cents yards, jusqu’à un autre portique, moins solennel mais aux grilles tout aussi closes.
    Le long de Harrow Road, le mur d’enceinte était relativement élevé, néanmoins nous aurions pu facilement nous accommoder de cet obstacle si la présence de nombreux immeubles d’habitations en vis-à-vis n’avait pas rendu le projet très audacieux. À près de onze heures et demie du soir, les lumières des appartements étaient certes presque toutes éteintes, mais rien ne nous préservait du regard d’un spectateur insomniaque, embusqué derrière une croisée, qui aurait pu avoir l’idée d’avertir la police.
    — Voilà un problème que je n’avais pas envisagé en examinant le plan tout à l’heure, soupirai-je.
    — À chaque problème sa solution, rétorqua mon compagnon. Le Grand Union Canal borde l’autre côté du cimetière, n’est-ce pas ? Je suis certain que notre salut viendra par là.
    Après avoir franchi le pont de Ladbroke Grove, nous tournâmes dans une petite voie perpendiculaire, déserte à cette heure, et stoppâmes le moteur à l’abri d’un édifice en retrait de la chaussée.
    James s’empara des outils à l’arrière du véhicule, me tendant la lampe torche et la pioche de terrassier, tandis qu’il conservait les deux pelles. Dans cette zone, l’éclairage public était quasi inexistant, et, comme le hasard de l’almanach faisait que nous étions entrés en phase de nouvelle lune, il fallut d’abord nous accoutumer à la faible clarté ambiante.
    Rebroussant chemin, nous repassâmes sur la passerelle. Mais, au lieu de rejoindre immédiatement l’autre rive, James s’arrêta quelques instants pour étudier le paysage qui nous environnait.
    La vaste enceinte du cimetière se devinait devant nous, légèrement sur notre droite. Sous nos pieds se déroulait dans un murmure le long ruban des eaux du canal, et, sur notre gauche, s’étendait à plusieurs encablures à la ronde une zone industrielle. Le terrain était occupé par les entrepôts de la Gas Light & Coke Company, qui fournissait l’ouest de Londres en gaz de ville, et dont on discernait dans le ciel d’encre l’ombre fantomatique des deux imposants réservoirs.
    Quelques péniches étaient rangées le long du cimetière. La solution la plus simple consistait à emprunter le chemin de halage, en espérant que les mariniers avaient déserté leur cabine. Mais James, qui sans doute s’était formulé la même réflexion, se tourna vers l’autre bord du pont.
    — Là-bas ! On dirait des barques qui sont amarrées.
    Il désignait de l’index un endroit à quelques dizaines de yards en direction de l’est.
    — Hé ! Quoi ? Tu veux caboter ?
    — Pourquoi pas ? Je t’avais promis une agréable petite excursion.
    Nous rejoignîmes à nouveau la berge. Après le pont, juste avant le commencement de la rue où notre voiture était garée, une volée de marches, à moitié dissimulées par des arbustes, conduisaient à un sentier qui longeait la rive.
    Parvenus à l’embarcadère, James porta son choix sur le plus maniable des canots, nanti de ses deux rames, et déverrouilla à l’aide de son couteau suisse le cadenas censé le défendre des maraudeurs. Puis il sauta sur le plancher en bois, les bras chargés des deux pelles.
    J’y sautai à mon tour. Mon camarade ayant pris les manœuvres à sa charge, il positionna l’esquif dans le sens de la marche.
    Le Grand Union Canal démarrait son périple deux ou trois miles dans notre dos, du côté de Paddington, où les eaux du Regent’s Canal se joignaient aux siennes. Devant nous, il filait vers Birmingham et, en s’embouchant à d’autres voies d’eau, formait une ligne navigable capable de relier Londres à Liverpool.
    Quelques minutes plus tard, nous canotions en rasant les péniches, à quelques brassées du mur d’enceinte. À moitié masquée par la végétation et quelques arbres souffreteux, la muraille paraissait bien moins élevée que sa congénère de Harrow Road, du côté de l’entrée principale, et, de place en place, le bord supérieur avait tellement subi de dégradations que son escalade s’apparentait à un jeu d’enfant.
    Après avoir parcouru un quart de

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