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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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figées entre les sourcils lui donnaient l’air de méditer la situation. Sur la gorge, au-dessus du col de son paletot de laine, se découvrait la marque noire si caractéristique.
    — Dès que le jour sera levé, reprit James, on pourra faire venir ici les Patterson pour leur annoncer la bonne nouvelle et observer leurs réactions. Bien qu’à mon avis les jumeaux soient hors de cause dans cette affaire, de même que l’autre taiseux.
    J’allumai une cigarette et écoutai deviser mon acolyte, l’œil rivé sur notre visiteur nocturne.
    — Ensuite, on présentera notre ami à l’inspecteur Staiton. Les bras vont lui en tomber. Quand je te disais qu’elles ne nous échapperaient pas, ces cent livres sterling !
    — Je crois au contraire qu’il serait préférable de n’avertir personne pour le moment, répliquai-je en expulsant un épais nuage de fumée bleue. Tu oublies, Jim, que nous venons d’exhumer un cadavre en dehors de tout cadre légal. Et puis, je suis persuadé que Stephen Flaxman a des choses capitales à nous révéler.
    — Ah çà ! s’esclaffa James en se laissant tomber dans l’autre fauteuil. Si tu crois qu’interroger une momie a des chances de porter ses fruits, je suis avide de tenter l’expérience.
    Parce que la dépouille ne portait aucun des signes physiologiques propres à sa condition – froideur, lividité de la peau, rigidité des membres et début de décomposition –, j’avais paradoxalement le sentiment que jamais je n’avais fait face à un mort comme en cette nuit-là. Ce n’était pas seulement le défunt Stephen Flaxman qui se trouvait devant moi, c’était le porte-voix de tous les trépassés que l’humanité avait comptés dans ses rangs depuis le commencement des âges. Cette relation que j’avais tant désiré nouer avec l’au-delà, il me paraissait que je n’avais jamais été aussi proche de la concrétiser et j’en ressentais une émotion intense, en même temps qu’une certaine appréhension.
    Était-ce l’esprit de Flaxman qui était revenu l’espace de quelques jours habiter son ancien corps ? Était-ce l’esprit d’un autre disparu qui se l’était approprié ? Quelle que fût la vérité, je sentais qu’il était possible de communiquer avec cette conscience. Elle était peut-être encore là, quelque part autour de nous, dans un coin de la pièce ou au-dessus de nos têtes, nous observant depuis les replis invisibles de l’astral, qui est l’envers immatériel de notre réalité.
    Comme je restais silencieux, James pointa l’index en direction du cadavre et démarra sur un ton qui se voulait impérieux.
    — Et tout d’abord, Mr Flaxman, allez-vous nous dévoiler qui, de vous ou de votre cousin Sam Holland, a zigouillé ce pauvre Auber-Jones ? Et pour quel motif ? Parlez ! Je vous en intime l’ordre.
    Je me rappelais l’hallucination qui m’avait étreint dans la crypte. Certes, c’était mon cadavre que j’avais cru apercevoir avec horreur dans le sarcophage, mon propre corps sans vie qui me dévisageait, mais, à travers la béance formée par les orbites évidées, j’avais soudain l’intuition que c’était le chemin vers un autre univers qui m’était indiqué, la vision fugitive et quelque peu effrayante de cet outre-monde qui nous environne de toute part.
    — Comment êtes-vous sorti de votre sarcophage, à Swindon ? enchérit James. Vous êtes-vous relevé seul, par la grâce toute-puissante du Saint-Esprit, ou un simple mortel vous a-t-il forcé la main ? Et dans cette dernière éventualité, plus que probable je vous l’accorde, qui était cet individu ? Toujours ce coquin de Sam ?
    À cette heure avancée de la nuit, après les émotions de ces dernières heures, nous nous serions presque attendus à ce que la momie répondît aux provocations qui lui étaient lancées. Qu’elle tournât la tête vers nous et se mît à riposter, ou qu’elle se levât pour nous toiser avec supériorité. Mais au lieu de cela, elle restait imperturbablement immobile.
    Il me revenait en mémoire quelques lignes d’un traité d’occultisme. L’auteur, maître en kabbale, prétendait que le Créateur avait instauré la rigidité cadavérique pour empêcher que les corps abandonnés par la vie fussent investis aussitôt par des démons ou d’autres entités malveillantes. La dépouille de Flaxman avait-elle subi pareil assaut hostile ? En ce cas, les frères Patterson, avec leur formule d’embaumement

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