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Le soleil d'Austerlitz

Le soleil d'Austerlitz

Titel: Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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étincelle de pierreries. Puis il se rend dans l’appartement de Joséphine.
    Elle est belle, jeune. Il sait que c’est le résultat des artifices, poudre et rouge, dont elle est experte, mais dans sa robe et son manteau de satin blanc, elle paraît à peine vingt-cinq ans.
    Ils se dirigent vers le carrosse auquel sont attelés huit chevaux empanachés. Les pages attendent pour bondir derrière le siège du cocher et à l’arrière de la voiture. Louis et Joseph vont prendre place sur la banquette face à Napoléon et à Joséphine, et le cortège qui comprend vingt-cinq voitures s’ébranle.
    Le froid intense paraît paralyser la foule qui se presse derrière trois rangées de soldats.
    Napoléon tente de saisir les visages de ces badauds, presque toujours silencieux. Mais les colonels généraux de la Garde caracolent devant les portières, et il n’aperçoit, quand les chevaux s’élancent, que les soldats.
    Lorsqu’il entre dans la cathédrale, il est d’abord saisi par le froid, qui tombe sur sa nuque, paralyse. Il voit de part et d’autre de l’allée centrale et du trône les invités disposés en rangées sur les tribunes.
    Il pense aux petites figurines qu’Isabey avait placées sur le plan.
    Cette France en ordre, hiérarchisée, je l’ai construite en moins de quatre années. Elle est là, des préfets aux membres de l’Institut, des conseillers d’État aux députations des armées. C’est une pyramide dont je suis le sommet .
    Il s’avance, tenant le sceptre et la main de justice. Son manteau est porté par les deux princes, Joseph et Louis, et celui de Joséphine par Élisa et Caroline. En gravissant les marches, il se sent tiré en arrière par le poids, il chancelle, se redresse. Et il voit Joséphine elle aussi hésitante et déséquilibrée, se reprenant enfin.
    Le pape s’approche, l’embrasse :
    — Vivat Imperator in aeternum , dit-il.
    Napoléon s’est à peine agenouillé, puis, comme prévu, il se couronne, et couronne Joséphine cependant que le pape contemple la scène.
    C’est moi, moi seul, l’acteur du couronnement .
    Napoléon se penche vers son frère aîné.
    — Joseph, murmure-t-il, si notre père nous voyait.
    Il faut entendre la messe, sentir à nouveau ce froid. Puis, la messe dite, le pape se retire et le grand aumônier va chercher à l’autel le livre des Évangiles et le tient ouvert devant Napoléon.
    Les présidents des Assemblées déploient devant lui le texte du serment. Il va lire ces phrases qu’il a lui-même rédigées. Elles vont retentir sous les voûtes de la cathédrale, comme l’expression de la Révolution.
    C’est ce qu’il a voulu. C’est ce qu’il est.
    — Je jure, commence-t-il d’une voix forte, de maintenir l’intégrité du territoire de la République, de respecter et de faire respecter les lois du Concordat et la liberté des cultes, de respecter et de faire respecter l’égalité des droits, la liberté politique et civile, l’irrévocabilité des ventes des biens nationaux.
    Il reprend son souffle.
    Il dit cela, la couronne sur sa tête, devant l’autel, et la main sur les Évangiles ouverts. C’est la Révolution qui est ainsi sacrée, ce sont les acheteurs de biens féodaux et de biens d’Église qui se trouvent ainsi protégés.
    C’est moi qui ai obtenu cela .
    — Je jure de ne lever aucun impôt, reprend-il, de n’établir aucune taxe qu’en vertu de la Loi : de maintenir l’institution de la Légion d’honneur ; de gouverner dans la seule vue de l’intérêt, du bonheur et de la gloire du Peuple français.
    Cependant qu’un héraut d’armes proclame : « Le très glorieux et très auguste Empereur Napoléon, Empereur des Français, sacré et intronisé », les acclamations s’élèvent, emplissent Notre-Dame.
    On ne pourra jamais défaire la France que j’ai sanctifiée ici .
    Il s’avance sur le parvis. Le ciel est gris. Les flocons commencent à tomber et la nuit s’annonce déjà, dans cette journée si courte du 2 décembre 1804.
    Il est à peine trois heures.
    Les rues sont illuminées. La foule est chaleureuse.
    Napoléon sourit et prend la main de Joséphine.
     
    Il décide de dîner en tête à tête avec elle.
    Il veut qu’elle garde sa couronne. Il s’amuse. Il rit. Il s’avance vers les dames du Palais.
    — C’est à moi, mesdames, que vous devez d’être aussi charmantes, leur lance-t-il.
    Son regard glisse sur les visages de ces jeunes femmes.
    Ce soir, il est avec

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