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Le soleil d'Austerlitz

Le soleil d'Austerlitz

Titel: Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Joséphine.
    Il lui doit cela. Il n’oublie pas ce qu’elle a fait pour lui, même si les blessures qu’elle lui a infligées sont aussi présentes dans sa mémoire.
    Demain…
    Qui sait ce que sera demain ?
    Il pense seulement qu’il lui faut une descendance.
     
    Le 3 et le 4 décembre, il entend les salves d’artillerie, il voit les ballons s’élever au-dessus de la place de la Concorde. Le soir, les feux d’artifice illuminent le ciel bas et noir. C’est la fête populaire, et lui travaille. L’Espagne va déclarer la guerre à l’Angleterre, à laquelle s’allie la Suède.
    Il faut au coeur des fêtes penser à la guerre générale qui se prépare, il le sent. Il nomme l’amiral Villeneuve commandant des forces navales de Toulon. Sera-t-il capable d’égaler Latouche-Tréville, si bêtement mort ?
    Quand, le 5 décembre, sous une pluie battante, il se rend au Champ-de-Mars pour la distribution des Aigles, il sait que les troupes qui défilent devant lui dans la boue, la neige, la pluie et le froid marcheront bientôt sous la mitraille. Où ? en Angleterre ou sur le sol de l’Europe continentale ? L’avenir le dira. Mais quel que soit le lieu de la bataille, ces hommes devront sous peu affronter le danger.
    Il entre dans cette École militaire où jadis il fut élève. C’était le temps de Phélyppeaux, son adversaire, le défenseur de Saint-Jean-d’Acre. Un homme valeureux mais qui avait choisi l’autre camp.
    Il faut que ces officiers auxquels il remet les drapeaux désormais couronnés d’aigles aux ailes déployées soient non seulement héroïques, mais fidèles.
    Attachés à sa personne.
     
    Aux Tuileries, il les reçoit dans son cabinet de travail. Le chambellan, Thiard, introduit dans la pièce, à tour de rôle après les avoir appelés d’une voix de stentor, les généraux, les amiraux, les colonels qui doivent prêter à l’Empereur un serment personnel.
    Il a voulu cela, ce lien direct.
    Il regarde longuement chacun de ces hommes dont il connaît les actes de bravoure, les qualités et les faiblesses. Il dit à chacun d’eux quelques mots après la lecture du serment.
    Gouverner, c’est donner le sentiment que l’Empereur parle et agit pour chaque personne en particulier et attend d’elle un acte singulier.
    Il dit au général Lauriston :
    — Souvenez-vous toujours de ces trois choses : réunion de forces, activité et ferme résolution de périr avec gloire.
    Il quitte sa table.
    — Ce sont ces trois grands principes de l’art militaire, qui m’ont toujours rendu la Fortune favorable dans toutes mes opérations, reprend-il.
    Il regarde au-dehors et ajoute d’un ton brusque :
    — La mort n’est rien. Mais vivre vaincu et sans gloire, c’est mourir tous les jours.
     
    Il neige et il fait froid à fendre les pierres, durant ce mois de décembre. Mais Napoléon, si frileux d’habitude, n’est qu’à peine sensible à ce vent glacial, à ces bourrasques de neige.
    Ces revues des gardes nationales venues de tout l’Empire, ces corps d’armée qui défilent, ces représentants de toutes les institutions qui lui font allégeance lui permettent d’oublier la rudesse de l’hiver.
    Le dimanche 16 décembre, il s’avance sur le balcon de l’Hôtel de Ville pour la fête que lui offre la municipalité de Paris.
    C’est lui qui va déclencher le feu d’artifice gigantesque. Les fusées dessinent dans le ciel, le Saint-Bernard qui, comme un volcan, vomit des flammes, cependant qu’apparaît la silhouette de Bonaparte franchissant le col.
    C’est moi qui ai fait cela .
    Il se souvient. Tant de défis relevés, et peut-être sont-ils bien peu, comparés à ceux qui l’attendent.
    Lorsqu’ils se présenteront, il sera plus fort. Parce qu’il est l’Empereur de cette nation rassemblée autour de lui.
     
    Quelques jours plus tard, il entre dans la salle de l’Opéra. Là sont réunis tous les maréchaux qui ont de leurs deniers organisé cette fête en son honneur.
    Il ne craint plus la rébellion de quelques-uns d’entre eux.
    Ils sont maréchaux. Ils acceptent donc qu’il soit l’Empereur.
    Son « système », comme il l’a dit à Roederer, a fonctionné.
    Mais que feraient ces hommes s’il était un jour vaincu, à terre ?
    Est-ce l’heure d’y songer ?
    Il ouvre le bal avec Joséphine au milieu des acclamations, dans la lumière dorée de cent lustres.
    Pourquoi ne triompherait-il pas demain comme il a été victorieux hier ?
    Il danse dans le regard

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