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Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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vois que tu t’entends en pareille matière, releva Guntran. En général… Mais nous sommes en Brenne, pays des plus étranges, crois-moi. En ce qui me concerne, je suis loin d’en connaître tous les habitants. Il existe, au cœur du marécage, des pêcheurs, des bûcherons, des bergers et même des cultivateurs dont je ne sais à peu près rien. Et ils se déplacent beaucoup… insaisissables en quelque sorte… Enfin et surtout, le silence et le secret sont, pour les Brennous, une loi qu’aucun d’entre eux n’enfreindrait sans courir les pires risques.
    — Dont celui d’être tué ?
    Le viguier hocha la tête gravement.
    — Oui, confirma-t-il, le déshonneur et la mort, et je ne parle pas à la légère. Je ne jurerai pas que certains trépas mystérieux n’aient pas sanctionné des délations, voire des bavardages imprudents.
    — Tu penses à la disparition de Paquette ou à l’assassinat de Fabienne la magicienne ?
    — Je ne l’exclus pas.
    L’assistant des missi fit quelques pas de long en large, mangea un beignet accompagné d’un gobelet de vin aux aromates en réfléchissant à ce qu’il venait d’entendre.
    — En un mot comme en cent, j’ai le regret de constater que, concernant cette bande, ses chefs, ses membres, ses complices, ses repaires, ses activités, ton enquête n’a marqué jusqu’ici aucun progrès important ! lâcha-t-il.
    — Je regrette tout le premier, affirma Guntran, de n’avoir pas eu les moyens de parvenir à de meilleurs résultats. C’est pourquoi j’ai avisé de cette situation le vicomte Farald et le comte Sturbius ; j’ai fait également avertir l’archevêque Ermembert par l’archiprêtre Nodon. Je ne leur ai pas caché la gravité de ce qui se passait en Brenne. C’est pourquoi ils ont dû en informer le roi Louis, lequel, sans doute, s’en est remis à son noble père ; c’est pourquoi Charlemagne a envoyé ici ses meilleurs missi dominici. C’est pourquoi, à ma très modeste place, je réponds du mieux que je peux à tes questions.
    — J’espère que tes réponses seront plus instructives pour ce qui concerne ces festivités scandaleuses qui se dérouleraient, plus ou moins secrètement, sur certains buttons au milieu des marais et même ailleurs comme en cette « villa du Romain » dont on s’était bien gardé de nous révéler l’existence.
    — Ne t’ai-je pas déjà dit que…
    — Je sais ! coupa Doremus. Mais qu’elles se tiennent ici ou là, de telles bacchanales doivent être préparées. Et comment ceux qui y participent y sont-ils conviés ? J’entends bien : à l’appel du spectre blanc ! Faribole ! Sur quelque button qu’il apparaisse, il n’est certainement pas visible de bien loin. En outre, il faut du temps pour se rendre d’une cité, d’un hameau, d’un domaine jusqu’à un lieu de rassemblement. Cela réclame des convocations transmises à l’avance, ensuite des déplacements convergents, bref un remue-ménage qui ne peut que multiplier des indices, sans parler de complicités qui ne peuvent toutes demeurer discrètes.
    — En effet. J’ai donc pu recueillir nombre de renseignements significatifs, d’une part sur le déroulement de ces célébrations idolâtres, d’autre part sur ceux qui y participent. Après d’ultimes vérifications – il s’agit de n’accuser personne à la légère –, je serai en mesure de les transmettre au missionnaire du souverain, ton maître, dès qu’il sera revenu de Tours.
    L’ancien rebelle jeta un regard aigu au viguier et lui lança :
    — Te voilà bien renseigné, au moins sur les démarches qu’il a entreprises.
    — C’est mon devoir de l’être, ne serait-ce que pour assurer discrètement sa protection. D’ailleurs il n’a rien fait pour dissimuler sa destination.
    — Le document que tu prépares sera-t-il bientôt prêt ?
    — Dans quatre jours au plus !
    — Nous y comptons !
     
    Le frère Antoine, de son côté, avait entrepris sans tarder les recherches dont Erwin l’avait chargé pour tenter de découvrir de quelles complicités l’agresseur de l’intendant Conrad avait disposé au sein même de l’abbaye. Il commença par inspecter minutieusement le site du monastère, qui était entièrement entouré par les eaux de la Claise et d’un bras secondaire de cette rivière prenant naissance un peu en amont du couvent pour la rejoindre immédiatement en aval. Sur ce bras avaient été construits trois ponts. Le premier donnait accès à l’entrée

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