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Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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document sur lequel était tenu à jour l’état des effectifs de son couvent. Le Grec repoussa cette offre.
    — Ta parole me suffit, dit-il.
    L’abbé précisa ensuite que personne à Méobecq ou dans les environs n’avait disparu.
    — Je veux parler évidemment, précisa-t-il, de disparitions longues, définitives. Pour ce qui est des absences d’une journée ou deux, tu dois savoir que les colons, pêcheurs, forestiers et marchands sont, pour ainsi dire, toujours en mouvement…
    Timothée revint alors sur la découverte des deux noyées. Il apprit ainsi qu’elles n’avaient été trouvées ni le même jour ni au même endroit : l’une avait été aperçue flottant sur les eaux du marais de Bignotoi, l’autre gisait sur une sorte de plage au bord de ce même marais et avait été découverte trois jours plus tard. L’abbé confirma que l’état de ces cadavres interdisait toute identification, indiquant au passage qu’elles avaient à peu près la même taille.
    — Que n’as-tu apporté ces précisions plus tôt, lança le Grec. Mais peut-être n’as-tu pas révélé non plus tout ce qui était parvenu à ta connaissance concernant une certaine bande qui aurait pour chef un mystérieux Baron ?
    Le père Valentin se signa avant de répondre :
    — Qui n’en a entendu parler en ce pays ! On lui attribue cent forfaits !
    — Y compris le double assassinat de Godfrid et Gilbert ?
    — Y compris ce crime.
    — Ainsi que ces saturnales auxquelles convoquerait un spectre blanc ?
    — Ainsi que ces festivités démoniaques ! Mais on ne sait pas, pour autant, de qui se compose cette bande ni quels sont ceux qui la commandent.
    — Pourtant, on a dû, ici ou là, avancer des noms, suspecter celui-ci ou celui-là soit d’en faire partie, soit de se rendre à ces mystérieuses festivités.
    — Oh ! les allégations, les suspicions n’ont pas manqué ! Mais comment distinguer le vrai du faux, le soupçon fondé du ragot, de la médisance, de la calomnie ?
    — En se renseignant, en enquêtant, par Dieu !
    — Pour ma part, je ne souhaite pas ajouter mon mot à ce déferlement d’accusations qui ne prouvent à mes yeux que la bassesse, la perfidie et la malignité de leurs auteurs, affirma l’abbé Valentin. J’ai dit ce que je savais de science certaine. Je m’en tiendrai là ! Ma tâche, celle que m’a confiée le Ciel, est de diriger ce monastère, de guider et préserver du péché moines, novices et même serviteurs. Je puis me flatter d’y être parvenu. Que Guntran le viguier fasse ce qu’il doit, selon sa fonction, pour que l’ordre divin et la justice soient respectés en ce pays ! Amen !
    — C’est précisément ce à quoi mon maître, l’abbé Erwin, missus dominicus, et moi-même son humble serviteur sommes venus veiller ici, répliqua Timothée qui ajouta à voix très basse pour lui-même : « La vérité, cher abbé Valentin, c’est que la frousse te saisit aux tripes ! »
     
    Quant à Doremus, le Saxon lui avait confié le soin d’interroger le viguier Guntran sur les investigations que celui-ci avait menées et de lui demander son avis sur la tentative de meurtre qui venait d’avoir lieu à l’abbaye Saint-Pierre.
    L’assistant des missi, dès l’arrivée de Guntran en ce monastère, conduisit celui-ci dans la pièce où la dépouille mortelle de l’agresseur inconnu avait été exposée. Personne, à l’exception du fossoyeur, ne s’était présenté pour tenter de le reconnaître. Interrogé par Doremus, le viguier déclara qu’il n’avait jamais rencontré, ni même aperçu cet homme auparavant.
    — Il est peu probable, précisa-t-il, qu’il s’agisse d’un habitant de la Brenne ou de ses environs…
    Il jeta un regard autour de lui et ajouta avec un léger sourire :
    — Je constate que la curiosité, qui pourtant fait courir le monde, n’a pas fait affluer beaucoup de gens ici.
    — Je le constate aussi et je trouve cela très instructif, ajouta Doremus.
    Les deux hommes gagnèrent une salle où une légère collation avait été préparée. Après qu’ils eurent échangé, en se restaurant, quelques considérations sur les mœurs et coutumes des Brennous, le collaborateur d’Erwin en vint à son propos.
    — Il ne fait pas de doute, dit-il, que c’est toi, en tant que viguier, qui as été en mesure de conduire les recherches les plus poussées concernant les forfaits qui ont troublé et ensanglanté la région dont tu as la charge. Je ne reviendrai pas

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