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Le talisman de la Villette

Le talisman de la Villette

Titel: Le talisman de la Villette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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Clotilde de La Gournay a refusé toute déclaration…»
    « Un de moins, songea-t-il. Il en reste deux. Progresser sur la pointe des pieds. Primo, éloigner ma sirène, l’isoler de son entourage. Ensuite…»
    Il louvoyait entre exaltation et froid raisonnement. Plutôt que de courir vers un échec comme il en avait la quasi-certitude, il eût mieux fait de sauter dans un train et de filer à la maison.
    « Quelle idiote ! Pourquoi n’a-t-elle pas changé de quartier, cela m’aurait facilité la tâche. Le temps presse, je vais être à court de liquidités. »
    Il consulta sa montre.
    « Tant pis, je prends le risque, c’est maintenant ou jamais. »
    Il se leva, déchira sa chemise, se décoiffa, enfila son caban et entrebâilla sa porte afin de s’assurer que le couloir était désert. Après avoir fermé à double tour, il marcha précautionneusement jusqu’à la chambre 14, sa chambre.
    Il inspira à pleins poumons, se jeta contre le vantail qu’il heurta violemment de l’épaule sans chercher à amortir le choc. Il tomba à genoux et se recroquevilla au sol.
    La porte 14 s’ouvrit. Il discerna une silhouette féminine, elle portait une robe floue qui épousait les courbes de son corps. Elle hésita un instant, puis elle parut glisser, passant entre lui et un candélabre. Il se redressa, son crâne heurta le mur. Elle était là, enfin, si proche. Elle demeurait silencieuse, la tête inclinée, il l’entendait faire des efforts pour respirer. Il cligna des paupières afin de protéger ses yeux de la lumière. Dans un murmure, elle dit :
    — Que faites-vous ici ?
    Sa voix tremblait.
    — Quelqu’un m’a agressé, grommela-t-il, tandis qu’une pensée incongrue lui traversait l’esprit : « Je devrais faire du théâtre ! »
    — Ne bougez pas, monsieur, il vous faut un docteur.
    — Non, pas de docteur !
    — Vous êtes blessé !
    Corentin Jourdan sentait le sang tambouriner à ses tempes. Sa main se referma sur celle de la femme, elle tenta de se libérer.
    — Aidez-moi à me remettre debout. Votre intervention m’a évité le pire, j’en serai quitte pour quelques ecchymoses.
    Il lui empoigna le coude.
    — Écoutez-moi attentivement. Il est vital que vous ayez confiance en moi. Vous êtes en danger, allez-vous-en, n’emportez que le strict nécessaire, n’empruntez pas de fiacre.
    — Qui êtes-vous ?
    — Un ami.
    — Le mot à l’ Hôtel de Belfort , c’était vous ?
    — Oui. Je ne puis vous informer davantage. Retournez au pavillon de la rue Albouy, vous y serez en sécurité. Bouclez-vous, n’acceptez aucun visiteur, exigez qu’on dépose vos repas sur le palier. Je vous contacterai.
    — Mais… Vous êtes fou !
    — Non, c’est la vérité !
    Il avait presque crié.
    — Je vous en conjure, ajouta-t-il plus calmement.
    — Dites-moi votre nom.
    — Je vous ai sauvée, à Landemer, en janvier. Il la lâcha. Un malaise le gagnait peu à peu, il éprouvait un insurmontable sentiment d’inquiétude, il ne pouvait prévoir ce qu’elle allait faire, jusqu’où elle était capable d’aller dans sa témérité.
    — Vous devez me croire !
    Sophie Clairsange le vit tituber et disparaître à l’angle du couloir. En rentrant chez elle, elle renversa une chaise et, paniquée, enclencha le verrou. Cet inconnu qui l’avait adjurée de partir, était-ce un ami ? Qui l’avait attaqué ? Pourquoi ? L’avait-il réellement sauvée à Landemer ? Et s’il avait voulu la tuer ?
    « Tu délires, ce serait déjà fait… Le cahier bleu, l’a-t-il lu ?…. Se fier à lui ? Hasardeux…»
    Pourtant l’ermitage de la rue Albouy était préférable à la claustration en cet hôtel hostile.
    Le jour déclinait. Elle courut tout le long du chemin. Quand elle eut franchi le jardinet, elle craignit qu’un poing ne s’abattît sur elle. Elle actionna la clé. Au bout de cinq minutes, une lueur éclaira brièvement une des jalousies du premier étage.
    Corentin Jourdan s’immobilisa près du soupirail rougeoyant de la boulangerie. Dieu merci, elle lui avait obéi.
     
    Le temps s’était radouci. Les employés et les demoiselles de magasin essaimaient sur les trottoirs de la rue de la Paix. Une ombre toucha le numéro 10 au moment où le porche déversait une ribambelle d’ arpettes désireuses de ne pas rater leur omnibus. À la faveur du piétinement déchaîné, elle remonta le courant. Personne n’accorda d’attention à cette silhouette

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