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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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est un peu saoul. Il va monter sur scène dans cinq minutes pour la première sélection. On s’éclipsera après.
    Elle lui demandait de battre en retraite. En théorie, elle avait raison. Le type était plus costaud que lui, mais d’un autre côté, il n’allait pas laisser la place à ce blaireau moustachu. Le rhum l’avait dopé. Cette femme était la sienne, point final, et il emmerdait Hemingway. Il tapa sur l’épaule du chandail.
    —  Hey ! Ponk, she’s my girlfriend !
    L’homme se raidit, écarquilla de grands yeux et éructa à l’adresse de Gabrielle :
    —  It’s true ?
    La Française balbutia :
    —  Yes… yes, but…
    Hemingway cria un Bitch sonore puis dans le même temps pivota sur lui-même et envoya son poing de toutes ses forces sur le visage d’Antoine. Celui-ci valsa en arrière contre trois autres Hemingway qui s’affalèrent sur une grande table. Marcas se releva, sonné, et eut juste le temps d’éviter Ponk qui fonçait sur lui. Il lui fit un croche-pied sournois, l’Américain valsa sur les autres clones qui essayaient de se mettre debout. Antoine esquiva un direct qui venait d’un autre moustachu et s’aperçut qu’autour de lui les Hemingway bien torchés respectaient la mémoire de leur idole. Les poings volaient dans tous les sens, les musiciens, électrisés par l’ambiance, redoublaient d’ardeur. Antoine tendit la main à Ponk pour l’aider à se relever. L’homme au chandail accepta et, au moment où il fut sur pied, le Français lui expédia un crochet en pleine pommette. Marcas sentit les jointures de ses doigts craquer.
    — Hey ! Ponk, Pour qui sonne le gong , tu connais ?
    Il prit Gabrielle par le bras et hurla de joie.
    — C’est génial, une baston comme dans les vieux westerns ! C’est mieux qu’une tenue maçonnique ! J’aime de plus en plus ce pays.
    — Pas moi ! C’est ridicule. Ponk fait deux fois ton poids, il va te mettre en bouillie. On dégage.
    Antoine sentit son cerveau bouillonner au-dessus de son nez en miettes. Du sang coulait jusqu’au menton.
    — Ah non, ça faisait longtemps que je n’avais pas pris une bonne cuite. Je représente la France face à ces bourrins.
    — Ça suffit ! Tu es complètement cuité.
    Gabrielle le tirait au milieu de la mêlée. Ponk, hurlant, tentait de les rejoindre. La rixe se propageait dans tout le bar. Même les femmes s’empoignaient. Les deux Français avançaient pas à pas, esquivant jets de bouteilles et autres projectiles. Antoine éructait d’une voix imbibée :
    — Tu t’es tapé un mec qui s’appelle Ponk. Si elles savaient ça, tes sœurs en maçonnerie. Ça craint. Ponk et Gabrielle, le duo de l’année !
    Elle ne répondit pas et continuait à le guider vers la sortie. Dehors la pluie avait cessé, un rayon de soleil illuminait la rue. Des sirènes de police hurlèrent dans Duval Street. Gabrielle aperçut quatre voitures blanches à bande noire qui arrivaient à toute allure. Elle lui pressa la main et l’entraîna dans une boutique d’articles de plage. Marcas prit une serviette et la plaqua contre son nez meurtri.
    — Tu crois que je peux demander à Ponk l’adresse d’un chirurgien esthétique ?
    Gabrielle restait silencieuse et observait l’escouade de policiers envahir Sloopie’s Joe.
    — Putain, s’ils t’avaient coffré, ils t’auraient envoyé devant le juge du comté. Tu es trop con.
    Antoine était hilare. Il tenait de sa mère, il avait le vin gai.
    — Ils ne savent pas à qui ils ont affaire. Je suis commissaire de police et j’ai découvert le trésor des Templiers ! Oui, madame.
    Deux fourgons venaient d’arriver et bloquaient toute la rue.
    — Reste là, Antoine. Je vais demander à la vendeuse s’il n’y a pas une sortie par l’arrière.
    Antoine s’affala sur un siège à côté des cabines d’essayage. Deux bimbos étaient en train de tenter de passer des shorts ultracourts. Antoine ne put s’empêcher de laisser traîner son regard sur leurs fesses. Les modèles étaient siglés d’une devise : Bitch on the Beach . Idéal à mater après une bagarre dans un saloon.
    Une bonne cuite, ça, c’était la vie. La poche de son bermuda vibra. Il prit le téléphone et décrocha. Une voix de femme résonna, lointaine.
    — Commissaire Antoine Marcas ?
    — C’est moi, ou ce qu’il en reste.
    — Je vous passe le directeur général de la police.
    Antoine regarda son portable, secoué d’un rire irrépressible.

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