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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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toute tentative de diversion. Cet état d’alerte inquiétait la population. On entendait les marchands manifester leur colère. Pour la plupart, ils avaient fui Jérusalem, retombé sous la domination des croisés, et se méfiaient plus encore des locaux que des bandes de pillards. Ils critiquaient surtout l’imam, fruste et inculte, qui jouait sur les tensions entre les autochtones et les réfugiés. En revanche, les natifs se plaignaient de ces nantis qui accaparaient les plus belles maisons et raflaient à prix d’or la meilleure nourriture.
    — Fouillez au pied du rempart !
    Malgré les ordres répétés de Khatani, les volontaires avançaient avec prudence. Les portes à présent fermées, leur courage s’émoussait rapidement. Les anciens fossés étaient recouverts d’une épaisse toison d’arbustes serrés et de ronciers. Ils tournaient autour, mais n’osaient pénétrer dans ce lacis végétal.
    — Par ici !
    Un des éclaireurs venait de débusquer une piste. Une trouée s’enfonçait entre les branches, qui étaient brisées à hauteur d’homme. Les volontaires s’approchèrent.
    Une trace de sang souillait le sol.
     
    Guillaume rampait sans bruit. Malgré sa corpulence, il épousait les variations du sol et se confondait avec la nuit. À la demande de Roncelin, il était reparti en observation. Le Provençal était prudent : il n’attaquerait que si la ruse avait réussi. Brusquement, Guillaume faillit crier, une herbe rugueuse venait de lui fendre les lèvres. Il s’arrêta à hauteur d’un fourré et se tapit comme une bête de proie. Des hommes vociféraient dans les fossés. Il leva la tête. Du haut des murs éclairés par des torches, des archers scrutaient l’obscurité. Guillaume sourit de plaisir : ils ne pouvaient pas le voir, même pas le deviner. Il aimait cette sensation d’impunité. Le Devin lui avait expliqué que la puissance était comme une maîtresse avide, elle allait toujours vers l’homme qui pouvait la combler. Guillaume n’avait pas tout saisi, mais il en conclut que cette chaleur qui l’habitait, juste avant de tuer, était bonne. Et à cet instant, il jouissait de la sentir parcourir tout son corps, jusqu’à la moindre de ses extrémités.
    Un cri le rappela à la réalité. Dans les fossés, les hommes venaient de se réunir. Des rires éclatèrent et rebondirent sur les murs. Guillaume commença de reculer. Avant de regagner la lisière, il jeta un dernier coup d’œil. Les soldats levaient les bras en signe de victoire. Guillaume lécha ses lèvres fendues. Il aimait le goût du sang.
     
    Khoubir fit ouvrir la porte et se précipita. Les fidèles de l’imam remerciaient Allah en se frappant la poitrine. Certains crachaient par terre en riant, d’autres appelaient leur famille. Khoubir tenta de leur barrer le passage, mais bientôt des femmes se risquèrent, suivies d’enfants qui poussaient des cris de joie. Même des marchands franchirent la porte. L’un d’eux, une chaîne d’or barrant sa poitrine, apostropha Khoubir :
    — Pourquoi as-tu sonné l’alarme ? Es-tu fou d’avoir effrayé toute la ville ?
    Le chef des gardes allait répondre quand la voix de Khatani résonna dans son dos :
    — Khoubir est un pleutre. Dès qu’il entend un bruit, il appelle au secours. Comme un enfant qui réclame la nuit après sa nourrice.
    Des éclats de rire saluèrent la moquerie de l’imam. Khoubir faillit répliquer, mais se ravisa. Dans la foule, il reconnut certains de ses archers qui riaient à leur tour.
    — Que faites-vous là ? Vous êtes de garde.
    L’imam lui coupa la parole.
    — Qui es-tu désormais pour donner des ordres, toi qui as peur de ton ombre ?
    — Suffit, rugit le chef des gardes, j’ai entendu des pas et j’ai donné l’alarme.
    — Des pas d’homme ?
    Khatani fit signe à ses partisans qui se trouvaient à l’entrée des fourrés. Khoubir n’hésita pas. C’était bien un homme qu’il avait entendu rôder au pied des murs.
    — Par Allah, oui, je le jure !
    — Alors regarde ta honte, aboya l’imam.
    Un des éclaireurs s’approcha. Sur son épaule il portait un fardeau qu’il jeta à terre en jurant. Une odeur de mort se répandit. Khoubir se précipita, un flambeau à la main.
    Un porc crevé, grouillant de vers, apparut dans la lumière.
     
    — Tenez-vous prêts, annonça Roncelin.
    Sautillant comme un animal, Guillaume se rapprochait de la lisière. Il leva les deux mains et les noua sous

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