Le Temple Noir
bousculaient dans tous les sens pour s’extraire de l’assistance. Jade s’était figée devant la boutique d’un grand joaillier. Fainsworth contempla les parures et s’exclama :
— Magnifique sautoir, ces émeraudes sont de la plus belle eau… Ma chère, il vous irait à merveille.
Standford était tétanisé. Il sortit son arme et braqua l’aristocrate.
— Arrête ça tout de suite.
— Le système financier de Sa Gracieuse Majesté vacille, le masque du gentleman se disloque. Tue-moi, frère Peter, et plus personne ne pourra stopper ces virus. La chute sera mortelle.
D’un geste brusque, l’ex du Yard passa le coffret à Antoine et saisit son portable, tout en gardant Fainsworth en ligne de mire.
— Dans la camionnette. Vite !
Après s’être frayé un passage dans la cohue, ils descendirent les marches du Royal Exchange à toute allure. Standford parlait dans son téléphone mais Antoine n’arrivait pas à entendre la conversation. Fainsworth paraissait étranger à l’affolement et se laissait ballotter. Ils s’engouffrèrent dans la camionnette, le lord fut jeté sur un siège alors qu’un des hommes de Standford débarrassait le coffret des mains d’Antoine. Le Français en était presque soulagé. De longues minutes s’écoulèrent pendant lesquelles, col défait et front en sueur, l’ex du Yard négociait avec son interlocuteur. Intriguée, Jade fixait le coffret.
— Je peux l’ouvrir ?
— Non, surtout pas, cria Marcas.
Le patron de Concordia les observait avec détachement. Antoine l’interpella :
— Pourquoi ? Vous êtes milliardaire, vous dirigez une agence de notation qui fait trembler la planète. Ça vous apporte quoi de plus, cette putain de pierre ?
Fainsworth joignit ses deux mains tendues devant ses lèvres.
— Changer le monde. Le destin de l’humanité doit basculer. Les religions doivent mourir !
— Vous plaisantez ?
Standford rappliqua.
— J’ai la réponse de la plus haute autorité.
Il se tourna vers Fainsworth :
— Vous stoppez dès maintenant votre programme et vous nous remettez les codes sources du système de piratage. En échange, on vous accorde l’exil. Vous ne pourrez plus diriger votre groupe financier, ainsi que l’agence de notation. Et bien sûr, pas question de garder la pierre.
Le maître du Temple Noir éclata de rire.
— Jamais. J’ai toutes les cartes en main. Pendant que vous parlez, la Bourse de ce pays perd un demi-milliard de livres.
Standford s’empourprait de colère. Il reprit son portable et s’éloigna.
— C’est toujours comme ça avec les hommes politiques, murmura Fainsworth, montrer ses muscles même si on a la carrure d’un gringalet. Vous allez voir qu’il va revenir comme un bon toutou et accepter mes conditions.
Marcas et Jade échangèrent un regard sombre. L’ex du Yard déboula de nouveau.
— Tu as gagné. Arrête le programme.
— Tu me laisses partir avec la pierre ?
— Je n’ai qu’une parole.
Fainsworth prit son portable. Il tapa une série de chiffres puis leva les yeux vers Antoine, médusé.
— Je te l’avais dit que la finance passait avant tout dans ce pays. Voilà, c’est fait. Regardez les sites boursiers sur le Net pour vérifier.
Standford fit un signe à l’un de ses hommes posté devant un écran. Ce dernier hocha la tête. L’ex du Yard gronda :
— Bien, les codes sources maintenant.
— Une fois que je serai en sécurité avec la pierre. Et c’est non négociable.
Standford serrait les poings, il avait perdu sur toute la ligne. Il tendit le coffret à Fainsworth et ouvrit la portière arrière de la camionnette. L’aristocrate descendit d’un pas paisible et se retourna pour leur faire un petit signe d’adieu.
— Ce fut un plaisir de vous avoir connus. Je tiendrai ma parole, rassurez-vous…
Antoine restait interloqué.
— C’est fini ? Il est libre, sans rendre de comptes…
Vexé et humilié, Standford répliqua :
— Bien sûr que non. Il va être mis sous surveillance permanente, il ne pourra plus mettre un pas dans la rue sans être suivi.
Antoine baissa la tête. L’ex du Yard tapa du poing sur la table en tôle.
— C’est une question d’heures. Dès qu’il aura envoyé les codes, on le serre.
Le portable de Standford vibra. Il prit l’appel, s’éloigna au fond de l’habitacle et jeta des coups d’œil furtifs à Antoine. Quand il revint vers les deux Français, son visage était de
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