Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
Vom Netzwerk:
lumière des flambeaux. Il murmura :
    — Ce prochain clou ira dans ta main droite, en plein dans la paume. Ainsi tu te rapprocheras un peu plus de Notre-Seigneur.
    Une lueur d’effroi dilata les pupilles de Roncelin. Le Légat posa la pointe glacée du clou sur son front, le fit tournoyer, puis le serra dans sa paume.
    — Je reviendrai te voir demain. En attendant, mes hommes vont te ramener dans le Puits.
    Cette fois, Roncelin n’entendait plus. La souffrance avait aussi mutilé sa conscience.

27
    Paris
Montmartre
De nos jours
    Il était presque 19 heures quand Antoine rentra chez lui. L’appartement était envahi par une délicieuse odeur de viande rôtie. Gabrielle apparut sur le seuil du salon, la taille ceinte d’un tablier de cuisine orné de symboles maçonniques, cadeau d’un frère restaurateur de l’avenue Trudaine. Dessous, elle portait une robe courte et noire dont s’échappaient deux longues jambes gainées de très fine dentelle noire.
    — Je te propose mes cailles spécial Marcas. Mijotées dans un jus de miel et d’abricots sur lit de pleurotes. Que sa seigneurie daigne mettre les pieds sous la table… Et si tu fais un seul commentaire sur mon tablier, je te les envoie à travers la gueule. Je pensais que tu allais arriver dans un quart d’heure.
    — Le seigneur est même prêt à honorer la cuisinière du château, lança-t-il avec malice, ravi de cet accueil.
    Il resta figé une poignée de secondes. D’autres ex lui avaient préparé des petits plats. Mais chez elles. Toute la nuance se trouvait dans cette localisation géographique. Cela faisait des années qu’aucune femme n’avait envahi sa tanière. Et cette vision de Gabrielle en tenue sexy avec ce tablier ridicule le ravissait.
    — Tu me feras penser à faire un tour du côté de Pigalle, on va te trouver un tablier de cuisine plus assorti à ta robe, murmura-t-il en se rapprochant d’elle.
    — On devrait rétablir la peine de mort pour les machos de ton espèce, répondit-elle en arrachant le tablier.
    Il voulut la prendre dans ses bras mais elle le repoussa dans le salon pour l’asseoir devant la table du salon, recouverte d’une nappe anthracite, éclairée par deux bougies rouges posées sur des chandeliers noirs. Deux assiettes rectangulaires de la même couleur se faisaient face, assorties de verres allongés, délicatement ciselés. Des pétales de roses parsemaient la table, formant de fins colliers entremêlés. Au centre, une carafe de vin oblongue était à moitié remplie d’un liquide carmin dont l’intensité variait en fonction de la lueur des bougies.
    — J’ai fait quelques achats dans les magasins du quartier, ta vaisselle manquait d’une pointe de… sophistication, dit-elle en déposant devant lui une petite cocotte en émail bleue d’où s’échappait un fumet.
    Il ouvrit de grands yeux.
    — Qu’ai-je fait pour mériter un tel traitement ?
    — Juste une récompense pour le retour du valeureux travailleur. Que s’est-il passé, ô mon maître ? demanda-t-elle.
    Il remarqua qu’elle se cambrait un peu trop en lui servant un verre de vin et ne put s’empêcher de laisser glisser son regard sur ses formes. La soirée s’annonçait à merveille.
    Le temps de dépiauter et d’avaler consciencieusement ses cailles, il lui résuma sa journée. Gabrielle l’écoutait sans poser de questions mais une expression de tristesse s’était dessinée sur son visage. Il s’en aperçut et arrêta de manger.
    — J’attends d’un moment à l’autre l’identification de la plaque. Avec un peu de chance, on aura une piste. Ça ne va pas ? C’est le retour de la Louve qui t’inquiète ?
    La jeune femme jouait avec son couteau, le regard rivé sur la table.
    — Non, toi.
    — Je ne comprends pas.
    — La façon dont tu racontes ton enquête. Tes yeux brillent, tu en parles avec passion. Ça me fait peur…
    — Peur ?
    Gabrielle se leva lentement et s’appuya contre le rebord de la fenêtre ouverte qui donnait sur le jardin du Sacré-Cœur. Elle prit un étui en aluminium et en sortit une cigarette longue, à bout blanc. Sa robe se fondait dans la nuit derrière elle.
    — Oui. Ça te prend aux tripes. Tu n’as qu’une envie, continuer ton enquête. Exactement comme quand on s’est connus.
    — Et alors ?
    Une bouffée de fumée s’échappa de ses lèvres et remonta au-dessus de sa tête. Gabrielle le scrutait avec attention, comme pour le happer.
    — On peut

Weitere Kostenlose Bücher