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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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aux questions qu’il allait poser. En fait, il ne restait qu’un point à éclaircir.
    — Selon vous, pourquoi cette compagnie de pillards a attaqué Al Kilhal ?
    Le dominicain préféra être prudent et se contenter de généralités. Depuis qu’on l’avait jeté dans la gueule du loup, son admiration pour le Légat avait décru à proportion de sa crainte.
    — Seigneur, il y a fort à parier qu’ils aient été attirés par le simple appât du gain, Al Kilhal est une riche cité…
    Le sourcil du Renard marqua une subite inflexion. Il laissa tomber comme par hasard :
    — D’ailleurs, nous n’avons toujours pas retrouvé tout l’or qu’ils ont volé.
    Cette fois le dominicain s’empressa de répondre :
    — Les survivants ont dû partager la rançon à la hâte et fuir chacun de leur côté. À l’heure qu’il est, ils doivent la dépenser en plaisirs impies.
    — Une pareille somme ne s’évanouit pas dans un bordel, conseiller.
    Le regard du dominicain se ficha dans le sol. Il y avait des mots qu’il n’aimait pas entendre, encore moins dans la bouche d’un prélat.
    — Croyez bien, Votre Seigneurie, que tous nos contacts sont à l’affût…
    — La plupart des hommes du dénommé Roncelin ont déjà dû se répandre en ville, et pourtant aucun de vos mouchards ne nous a avertis de la moindre transaction en or dans les bas quartiers.
    La voix du dominicain vibra comme quand il était en chaire et qu’il s’enflammait contre le péché :
    — Seigneur, si nous avons des oreilles dans tous les lieux d’infamie de Jérusalem, c’est pour débusquer les hérétiques, poursuivre les blasphémateurs, traquer le mal…
    — Alors, changez d’oreilles et déliez les langues, coupa le Légat, l’Église a besoin de retrouver cet or.
    Le conseiller afficha une mine sombre.
    — Cet or, volé dans la violence et le sang, est maudit. Dieu aura puni ces mécréants en les faisant périr en d’horribles souffrances.
    Le Renard faillit hausser les épaules. L’intervention personnelle de Dieu le laissait toujours de marbre. Si le Très-Haut voulait punir, il avait des hommes pour exécuter des basses œuvres et lui, le Légat, en faisait partie. Il se leva.
    — Conseiller, l’Église a besoin d’or pour combattre ses ennemis, fût-il du diable.

    Quartier de l’Arbre sec
    Les rues qui bordaient le mur d’enceinte ressemblaient à un labyrinthe crasseux et puant. Les visiteurs, surtout s’ils étaient de marque, s’étonnaient toujours que le Légat n’ait pas encore rasé ces échoppes miteuses et ces maisons branlantes. À chaque fois, le Renard hochait la tête d’un air entendu, mais ne faisait rien. Lui, savait que ce lacis impraticable de rues, sales et obscures, protégeait la ville mieux qu’une muraille. Un autre en était certain, Arnault le geôlier, convaincu que dans ces ruelles étroites, ces venelles sans soleil, nul ne le débusquerait quand il allait boire en cachette. Par précaution, cependant, il jeta un coup d’œil latéral pour s’assurer que la rue était déserte. Rassuré, il ouvrit la porte et pénétra dans l’atmosphère chaude et bruyante de sa taverne favorite. Sans enseigne, ni inscription, le Bœuf écarlate n’était connu que d’une poignée d’initiés qui savaient que, quel que soit le maître de Jérusalem, chrétien ou musulman, on pouvait continuer à y boire aussi bien le vin lourd d’Arménie que l’alcool brûlant du pays des Cèdres. Arnault, lui, avait retenu que l’on servait à toute heure un rouge râpeux qui avait le don particulier de lui faire oublier ses malheurs. Et des malheurs, le geôlier en avait : une femme infidèle, un fils bancal et des détenus dont la vue et l’odeur achevaient de le désespérer. D’ailleurs, au bout de deux ou trois rasades, il ne se privait pas de dire tout le bien qu’il pensait de ses pensionnaires.
    — … ne me parlez pas des chrétiens d’Orient, mon bon sire, des rebuts, des déchets, pire que des déjections d’animal…
    Arnault avait eu de la chance : un pèlerin au visage tordu, visiblement aussi abreuvé que lui, venait de l’inviter à partager un pichet. Du vin grec. Noir et sucré. Un pur vice.
    — … Je viens de recevoir des Syriaques… Je n’en donnerais même pas à dévorer à mes chiens, tant ils sont gonflés de graisse… des parasites qui se sont empiffrés sur la misère des pauvres gens…
    Son interlocuteur hocha la tête. Son visage était

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