Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
qu’elle n’avait l’air de le croire. Ses manières n’étaient pas un modèle de distinction et elle était en même temps trop mielleuse. Je m’efforçais de la supporter en pensant à ce que je savais et qu’elle ignorait encore.
    — Eh bien, c’est pas trop tôt ! Je me disais bien que tu finirais par passer me voir, Petro, pouffa-t-elle en me regardant.
    Je me sentais malade. Elle croisa les jambes, découvrant du même coup ses chevilles.
    — C’est pour me donner des nouvelles de mon mari que tu es venu ?
    La situation devenait intenable. Rufina était parvenue à mettre encore plus de sous-entendus dans sa question que quand elle avait suggéré que Petro lui rendait visite en l’absence de Linus.
    Mon ami ferma brièvement les yeux.
    — Oui, dit-il.
    Je jetai un coup d’œil autour de moi. Linus et Rufina habitaient un logement situé à l’arrière d’un immeuble, au troisième étage. J’avais l’impression qu’il ne comptait que deux pièces. Apparemment, ils n’avaient fait aucun effort pour améliorer la décoration. Ils avaient laissé les lieux dans l’état où ils les avaient reçus du propriétaire : plâtres crasseux décorés de motifs peints en rouge – par un peintre qui n’en connaissait que deux et qui ratait régulièrement l’un des deux. C’est avec soulagement que je constatai qu’il n’y avait pas trace d’enfants dans l’appartement.
    Il n’y avait qu’un minimum de meubles. Un métier à tisser occupait un coin de la pièce. Rufina travaillait probablement à domicile. Mais d’une façon léthargique, à en juger par le panier posé à côté du métier à tisser et dans lequel des écheveaux de laine emmêlés s’entassaient en désordre. Dans une niche creusée dans le mur, des lares et des pénates, les dieux du foyer, imposaient leur présence. Les statuettes de bronze patiné étaient plus imposantes et plus précieuses que le style de vie des propriétaires ne l’eût laissé supposer.
    — C’est pas gentil de m’enlever Linus pendant des mois, tu sais.
    Petronius n’ouvrit pas la bouche. Le visage de Rufina exprima soudain un doute.
    — Qu’est-ce que tu es venu m’annoncer, chef ?
    Elle avait épousé un vigile et avait dû passer la moitié de sa vie de femme mariée à redouter une visite officielle de la sorte.
    Après que Petronius l’eut mise au courant de ce qui s’était passé, elle se mit à hurler si fort que nous entendîmes des portes s’ouvrir sur le palier. Elle refusa d’abord de croire ce qu’elle venait d’apprendre, puis au bout d’un moment, elle commença à vitupérer les reproches que Petro redoutait.
    — Tu n’aurais jamais dû l’obliger à faire ça !
    — Linus s’est porté volontaire.
    — Parce qu’il avait peur de toi ! cria-t-elle.
    J’avais cru comprendre qu’il avait davantage peur de sa vie conjugale. Je me rappelais très vaguement l’avoir entendu dire qu’il était ravi de quitter l’Italie afin d’avoir un peu la paix. Il aurait pourtant pu tomber sur une épouse cent fois pire. Mais il est vrai que dans toute relation suivie, les petites habitudes de chacun peuvent devenir la source de récriminations démesurées.
    — Il avait soif d’aventures, dit gentiment Petro à sa veuve éplorée.
    Il était facile de constater qu’il avait été rudement secoué par la violence de la réaction de Rufina.
    — Oh Linus, Linus ! Mon chéri ! Qu’est-ce que je vais devenir sans toi ?
    — La cohorte est prête à t’aider. Et tu vas recevoir une lettre du tribun.
    — J’aurai droit à une compensation ?
    Nous étions revenus sur un terrain bien plus praticable.
    — Je pense que oui. Tu devrais bénéficier d’une petite pension. Linus était un excellent officier qui a été tué en service commandé.
    — Petite !
    — Bien sûr, rien ne peut le remplacer.
    — Tu as dit petite ! Il méritait mieux que ça. Et moi aussi !
    — Nous méritions tous mieux que de perdre Linus.
    Nous n’arrivions nulle part, et, dès que cela sembla décent, nous nous apprêtâmes à partir.
    C’était compter sans Rufina, qui réussit à nous poser un nouveau problème de taille.
    — Et où est-ce qu’il se trouve ? demanda-t-elle.
    — Il a pas encore été ramené à Rome, répondit Petronius sans hésiter. (Il était devenu très pâle.) Rufina, je t’en prie, n’essaye pas de le voir !
    — Tu parles de mon mari ! Je veux le tenir dans mes bras une

Weitere Kostenlose Bücher