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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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dans le salon au mobilier égyptien trop fragile. Je m’y retrouvai seul. L’entretien privé se déroulait dans un endroit plus discret. Et à voix basse, car il régnait un grand silence dans toute la maison.
    La jeune maîtresse de maison ne se décidant pas à apparaître, je pris mon mal en patience. Au bout d’un long moment, ce fut Petronius qui vint me rejoindre dans le salon. Il portait la tunique verte qu’il arborait quand il était venu dîner à la maison avec Silvia et ses filles. Il avait visiblement fait un détour par les thermes, mais il ne se dégageait de lui aucune odeur de parfum. Son attitude était si décontractée que j’avais dû me tromper : il n’avait rien de l’homme adultère se livrant à ses exploits habituels. Naturellement, ma seule présence en ces lieux lui annonçait qu’un événement grave s’était produit.
    — Qu’est-il arrivé, Falco ? demanda-t-il sans perdre son calme.
    — Quelque chose qui va te bouleverser.
    — C’est donc pire que ce qui est arrivé jusqu’à présent ?
    — Bien pire, j’en ai peur. Mais dis-moi d’abord : est-ce que tous les vigiles portent des petits disques mentionnant leur identité ?
    Il resta quelques instants sans réagir, puis plongeant la main dans un petit sac qui pendait à sa ceinture, il en sortit son propre disque – identique à celui qui avait été découvert sur le cadavre d’Ostie. Il me laissa le temps de l’examiner. J’y déchiffrai le même symbole que sur l’autre : COH. IV, entouré de PREF. VIG. ROME. Sur l’autre face, Petro avait lui-même gravé ses trois noms en entier.
    — Tu ne le portes pas ?
    — Non, je déteste avoir un truc accroché autour du cou. Quelqu’un pourrait s’en servir pour m’étrangler.
    Il n’avait pas tort.
    Je lui rendis son disque. Puis lui tendis en silence celui qui était resté en ma possession. Il s’attendait déjà à une très mauvaise nouvelle. L’expression de son visage n’était que mélancolie. Il retourna le petit disque et lut : Linus.
     
    Petronius se laissa tomber sur un des sièges délicats qui, étonnamment, résista au choc. Il resta penché en avant, les genoux écartés, les mains nouées, tandis que je lui répétais ce que j’avais appris de la bouche de Gaius Bæbius Lorsque j’eus terminé, je m’approchai d’une porte pliante qui ouvrait sur le jardin, afin de lui laisser le temps d’assimiler les événements et de se reprendre.
    — Tout est ma faute.
    Je savais qu’il réagirait. Ce n’était la faute de personne, mais prendre le blâme sur lui était la seule façon d’étouffer son chagrin.
    — Tu sais bien qu’il n’en est rien !
    — Je veux leur peau, Falco ! Mais comment y arriver ?
    — J’en suis à me le demander moi aussi. Ce qui est certain, c’est qu’on ne peut pas s’en occuper immédiatement. Il y a d’abord des formalités à accomplir. Rubella m’a dit qu’il allait faire porter une lettre, mais tu en connais d’avance le style aussi bien que moi.
    — Tu as raison, dit Petronius en se levant. Je dois aller prévenir sa femme.
    — Je t’accompagne, offris-je.
    Je ne connaissais pas bien Linus, que je n’avais rencontré qu’une seule fois. Brièvement. Pourtant sa mort m’affectait étrangement.
    Petronius ne semblait pas vouloir bouger. Il avait encore besoin d’un peu de temps.
    — Pour le moment, je préfère ne pas penser à la vraie signification de la mort de ce malheureux garçon…
    Linus était le jeune vigile que mon ami avait planqué sur le navire censé emmener Balbinus en exil.
    Sa mort à Ostie ne pouvait signifier qu’une seule chose : Balbinus Pius n’avait pas quitté le pays et était de retour à Rome.

49
    D’habitude, j’aime les veuves. Ce sont des femmes expérimentées qui vivent généralement sans chaperon et sont souvent d’humeur aventureuse. Celle-ci m’apparut différente. Probablement parce qu’elle ne savait pas encore qu’elle était veuve.
    Elle s’appelait Rufina. Elle nous fit entrer tous les deux en minaudant légèrement, puis nous offrit du vin que nous eûmes le bon goût de refuser.
    — Salut, chef ! s’était-elle exclamée en reconnaissant Petronius.
    On lui donnait environ trente-cinq ans. Elle était certainement plus âgée que Linus. Elle s’habillait avec une certaine élégance, même si ses bijoux se résumaient à des perles de verroterie de toutes les couleurs. Elle était maigrichonne et moins jolie

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