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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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dernière fois. Et je veux voir ce qu’on lui a fait.
    Mon compagnon s’adressa à elle d’une voix si tranchante qu’il stoppa net ses récriminations.
    — Non ! Rappelle-toi Linus tel qu’il était lorsqu’il t’a quittée. Ce qu’on va ramener à Rome, c’est un cadavre vieux de six jours, qui est resté exposé aux éléments. Ce n’est plus ton mari, Rufina. Ce n’est plus le collègue que j’ai connu.
    — Alors, comment je peux être sûre qu’il s’agit bien de lui ? Quelqu’un s’est peut-être trompé ?
    J’intervins d’une voix que j’avais du mal à empêcher de trembler :
    — Petronius Longus s’assurera qu’aucune erreur n’a été commise. Ne t’inquiète pas à ce sujet. Tu sais que tu peux te fier à lui.
    Ce fut à cet instant précis que la veuve craqua pour de bon. Elle se jeta dans les bras de Petro en sanglotant. Elle était plus grande que les jeunes femmes qu’il aimait habituellement consoler, également plus âgée et d’un tempérament plus agressif. Mais il fit comme si et la tint serrée fermement contre lui en attendant que ses larmes se tarissent. Je pris alors l’initiative d’aller quérir une voisine compatissante pour qu’elle prenne la suite, et nous parvînmes enfin à nous éclipser.
     
    Quand le transporteur arriva à Rome, Petronius et moi l’attendions à la porte d’Ostie. Les représentants des douanes étaient heureusement parvenus à trouver un cercueil. Linus rentra à Rome comme un général tombé au champ d’honneur. Toutefois, avant de le confier aux gens des pompes funèbres, Petronius se noua un foulard sur le nez et demanda qu’on ouvre le cercueil afin de l’identifier formellement.
    Comme il avait été obligé de le rappeler à la malheureuse Rufina un peu plus tôt, après avoir été exposé pendant six jours aux rayons du soleil et à l’air salin, le visage que nous avions devant les yeux présentait peu de points communs avec celui du garçon plein d’allant que nous avions vu s’embarquer la mine réjouie. Le cadavre était vêtu du costume de marin qui servait de déguisement à Linus. Et la taille lui correspondait parfaitement, d’après Petro. Malgré le début de décomposition, les traits du visage étaient ressemblants. Si on ajoutait l’évidence du disque portant son identification, on pouvait raisonnablement penser qu’il s’agissait bien de lui.
    Balbinus Pius avait pris un risque imbécile. Tellement impatient de regagner la terre ferme, il n’avait pu attendre que l’ Aphrodite s’éloigne de la zone côtière pour entrer dans des eaux plus profondes où un cadavre balancé par-dessus bord aurait pu disparaître à jamais. Alors, il avait ramené Linus à terre avec lui. Puis Balbinus et les affranchis qui l’accompagnaient avaient étranglé le pauvre garçon pour ensuite disposer bien maladroitement de son cadavre. Ou peut-être avaient-ils sciemment choisi de se montrer arrogants.
    Après que toutes les formalités furent accomplies, je quittai la porte d’Ostie à pied en compagnie de Petronius. L’odeur de putréfaction s’accrochait à nos narines. Nous gagnâmes en silence la berge du fleuve.
    La nuit était tombée. L’ensemble des constructions de l’Emporium se trouvait maintenant à notre gauche, et le pont Probus, faiblement éclairé, à notre droite. De loin en loin, des silhouettes traversaient le pont. Les eaux du Tibre clapotaient près de nous, et la brise qui s’était levée nous obligeait à plonger le menton dans nos capes. En réalité, nous étions plus déprimés que frigorifiés.
    Difficile d’apporter une bonne conclusion à cette sinistre soirée. J’avais même un très mauvais pressentiment concernant la façon dont elle allait se terminer pour moi.
    — Tu veux venir boire quelque chose ?
    Il ne daigna même pas répondre.
    J’aurais dû le quitter à ce moment-là.
     
    Nous continuâmes à laisser nos regards se perdre sur le fleuve pendant un long moment. Puis je me décidai à faire une nouvelle tentative.
    — Tu n’es pas responsable de ce drame, Petro.
    Cette fois, j’obtins enfin une réaction.
    — Je rentre au poste, dit-il.
    — Tu n’es pas encore en état.
    Je le connaissais mieux qu’il ne se connaissait lui-même.
    — Je dois annoncer à mes hommes que Linus est mort.
    — C’est déjà trop tard, tu peux me croire. La rumeur leur est parvenue depuis longtemps. Tu as perdu la notion de l’heure. Toute la cohorte est au

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