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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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murmure amical.
    — Alors, dis-moi, Gaius, à quoi on joue ?
    — C’est strictement confidentiel.
    — Pas pour moi. Et qui sait si je ne suis pas déjà au courant ? Il s’agit d’une histoire de corruption ?
    Il eut l’air totalement surpris.
    — Non. Rien de la sorte.
    — Un des inspecteurs a fait une découverte macabre, intervint Junia, que ce petit jeu de devinettes devait agacer elle aussi.
    Ma sœur s’était toujours montrée impatiente. Un trait de caractère de la famille. Elle était dotée d’un visage mince, d’une ossature fine et d’un tempérament ombrageux. Elle tressait ses cheveux noirs en petites nattes très serrées qui lui entouraient le crâne. Quelques petites mèches frisottées retombaient sur ses oreilles et de chaque côté de son cou. Elle s’était inspirée d’une statue de Cléopâtre. La ressemblance n’était pas frappante !
    La vie avait déçu Junia et elle était convaincue que ce n’était aucunement sa faute. En réalité, la façon atroce dont elle cuisinait et le sentiment de rancune qui l’animait constamment suffisaient à expliquer ses déboires.
    En public tout au moins, elle traitait son mari comme si ce qu’il accomplissait au service des douanes était comparable aux travaux d’Hercule tout en rapportant beaucoup plus. Mais j’étais persuadé que le comportement habituel de Gaius l’énervait au-delà des mots. Elle poursuivit donc sans lui demander son avis :
    — Un inspecteur qui cherchait des marchandises non déclarées a regardé dans une barque et y a découvert un cadavre. Un cadavre en très mauvais état mais qui portait une plaque d’identification. Gaius Bæbius a été spécialement choisi pour l’apporter à Rome.
    À l’entendre, on eût pu croire que son divin époux, ceint d’un casque doré, avait rejoint la cité en volant, grâce aux ailes qu’il portait aux pieds.
    Mon estomac me parut légèrement secoué.
    — Gaius, montre-la à Marcus, le pressa Helena comme si elle s’était déjà débrouillée à la voir.
    Mon beau-frère me la tendit, posée sur le morceau de tissu qui l’avait enveloppée, comme s’il redoutait de la toucher. Il s’agissait d’un simple disque d’os. Tout propre. Je le pris du bout des doigts. Il était percé d’un petit trou dans lequel était passée une lanière de cuir. Du moins, ce qu’il en restait. Sur l’un des côtés du disque était gravé COH. IV Bien lisible. Au beau milieu. Tout autour du disque, en petites lettres, on pouvait lire PREF. VIG. ROME. Je retournai alors le disque. Moins nettement gravé, j’y lus le nom d’un homme. D’un homme que je connaissais.
    Mon visage se figea.
    — Où est le cadavre, Gaius ?
    Au son de ma voix, mon beau-frère avait compris que je prenais la chose soudain très au sérieux.
    — Il va être ramené d’Ostie. (Il s’éclaircit la voix.) Ça n’a pas été facile de persuader un transporteur, crois-moi !
    En hochant la tête pour manifester ma compréhension, je comptai mentalement le nombre de jours pendant lesquels le mort était resté caché dans sa barque à Ostie. Les détails sordides, je ne tenais pas particulièrement à les connaître.
    — C’est une sale histoire, Falco ? demanda mon beau-frère de plus en plus mal à l’aise.
    — Une très très sale histoire, admis-je.
    — C’est quoi, exactement ? voulut savoir Junia.
    Je fis comme si je ne l’avais pas entendue.
    — Est-ce que cet homme s’est noyé, Gaius ?
    — Non. On l’a jeté dans cette vieille barcasse, échouée dans la vase depuis au moins six mois. Et par hasard, un des inspecteurs a remarqué des traces de pas sur la rive. Ils menaient directement à la barque. Il a tout de suite pensé à une affaire de contrebande. Il a eu une sacrée surprise ! Ceux qui l’ont abandonné là-dedans ne s’imaginaient pas qu’on allait le découvrir si vite.
    — À ton avis, c’était plus sûr que de le balancer à la mer ? Ils avaient peur que le corps soit rejeté sur la côte ?
    — Ça, je peux pas dire. Mais pour répondre à ta question, on aurait dit que cet homme avait été étranglé. Au début, personne ne voulait toucher le cadavre. Plus tard il a bien fallu : on ne pouvait pas le laisser là où il était.
    — Est-ce que ce disque était resté accroché à son cou ?
    Quelque chose dans l’attitude de Gaius me fit regretter d’avoir posé la question. Il avait rougi légèrement. Sans pouvoir réprimer

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