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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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moyens que ce n’est pas le cas.
    Je continuai à parler dans le vide pendant un moment. Des années d’amitié ne suffiraient pas à combler le gouffre qui venait de se creuser entre nous.
    — Tu ne sais pas ce que tu dis ! trancha-t-il.
    — La corruption règne dans les cohortes.
    — Ça, c’est pas nouveau ! éclata-t-il d’un ton méprisant.
    — Bien, je vais te faire une confidence. Je suis chargé d’une mission secrète.
    — Encore une autre ?
    — Oui, encore une autre. J’ai reçu directement l’ordre de Titus César de découvrir quels vigiles acceptent des pots-de-vin.
    — Tu espionnes la Quatrième ? demanda-t-il, horrifié.
    — Oh ! je t’en prie. J’espionne toutes les cohortes, pas spécialement la Quatrième. J’espérais pouvoir la laisser en dehors de tout ça, mais les événements m’en empêchent.
    — J’aurais dû savoir que les officiers représentant la loi et les enquêteurs ne peuvent rien avoir en commun. (Je compris que je l’avais perdu, ce que ses paroles suivantes me confirmèrent.) Je ne veux plus te voir, Falco. Tire-toi.
    — Arrête de dire des bêtises.
    — Évite désormais de m’adresser la parole. Toi et tes soupçons, allez vous faire voir ailleurs ! Balbinus est à moi. J’aurai sa peau. Je n’ai pas besoin de ton aide et je n’en veux surtout pas ! Je t’interdis de montrer ton nez à mon QG. Et ne te mets plus en travers de mon chemin !
    Je ne voyais rien à ajouter. Je le quittai donc pour rentrer chez moi. L’empereur pouvait croire qu’il m’avait chargé d’une enquête confidentielle, mais c’est Petronius Longus qui régnait en maître sur l’Aventin, et il venait carrément de me retirer l’affaire.

50
    Le temps pressait. Dès que la nouvelle du rapatriement du cadavre de Linus se serait propagée, Balbinus Pius n’aurait plus aucune raison de garder un profil bas. Il n’aurait plus rien à perdre. Et même s’il devait rester caché pour des raisons évidentes, il pourrait agir plus ouvertement et probablement plus efficacement. Il serait mis à mort s’il était pris, mais l’homme était si plein de suffisance qu’il ne devait même pas envisager cette possibilité. Il avait dû prévoir une cachette inexpugnable d’où il comptait continuer de régner sur Rome.
    Et j’étais persuadé qu’il aurait à cœur de poursuivre sa campagne de vengeance contre tous ceux qui s’étaient ligués pour provoquer sa chute. Petronius Longus devait figurer en bonne place sur sa liste.
    Je ne pouvais pas ne pas mettre Helena au courant que j’étais persona non grata chez les vigiles. Et j’avais dû lui en expliquer la raison.
    — Oh ! Marcus, quel dommage ! Mais ça ne me surprend pas vraiment… Crois-tu que Petronius va prévenir ses hommes que tu es chargé de traquer la corruption dans les cohortes ?
    — Il va au moins le dire à sa propre équipe.
    — Ce qui signifie, poursuivit-elle avec clairvoyance, que celui qui a trahi Linus va se tenir sur ses gardes.
    — Ne t’inquiète pas pour ça.
    — Mais ça va rendre la situation très dangereuse pour Petro et toi.
    — Cette enquête s’est avérée dangereuse depuis le début, tu en conviendras. Alors, ça ne change pas grand-chose.
    — Tu vas donc continuer ?
    — Bien sûr.
    — Si Petronius refuse de te rencontrer, ça ne va pas te faciliter la tâche.
    — Il finira bien par se calmer.
    Comprenant que je n’avais pas envie d’épiloguer sur notre querelle, elle se tut. Une des choses que j’appréciais tout particulièrement chez Helena, c’est qu’elle comprenait toujours d’instinct quand il valait mieux ne pas poursuivre un sujet. Elle avait ses propres centres d’intérêt, ce qui facilitait nos relations. Si jamais elle avait envie d’une bonne dispute, n’importe quelle idiotie lui servait de prétexte, et elle éclatait. En revanche, elle traitait les sujets graves avec le calme et le sérieux qui convenaient.
     
    Elle resta silencieuse pendant que nous prenions notre petit déjeuner. Peut-être était-ce ma faute. Je l’avoue, même la boisson chaude au miel que j’avalais ne parvenait pas à apaiser mes aigreurs. Je n’avais pratiquement pas fermé l’œil de la nuit et je me comparais à la vase du grand égout municipal. Je finis par remarquer qu’Helena ne mangeait rien et ne buvait pas davantage. Mon propre état s’aggrava encore. Elle était enceinte et je n’y prêtais pas la moindre attention. La

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