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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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annonça :
    — Gaius et moi avons beaucoup parlé de cet enfant.
    Son mari ne quittait pas des yeux le bébé qui le regardait aussi d’un air pensif. En bavant. S’enhardissant un peu, Gaius lui essuya la bouche.
    — Il a besoin d’un foyer. Un foyer très spécial, avec les difficultés qui vont être les siennes. Alors, il paraît évident qu’il ne va pas pouvoir rester avec vous. Vous avez bon cœur, c’est certain, mais vous menez une vie bien trop chaotique. Et quand votre propre enfant va naître, ce sera encore plus difficile. Il a besoin de parents qui pourront se consacrer entièrement à lui.
    Elle était monstrueuse. Elle était arrogante, insolente, mais elle avait entièrement raison.
    — Gaius et moi sommes prêts à l’adopter, ajouta-t-elle.
    Helena et moi n’osions même pas nous regarder. Ce bébé était chez nous depuis deux semaines. Nous nous y étions attachés et n’avions pas envie de le voir partir.
    — Et Ajax ! chevrotai-je.
    — Oh ! ne sois pas ridicule, mon frère ! explosa Junia. Ajax n’est qu’un chien.
    Pauvre vieil Ajax, si quelqu’un avait dit la même chose devant elle la veille, elle l’aurait accusé de blasphémer.
    — Et d’ailleurs, Ajax adore les enfants.
    — Au petit déjeuner ? murmurai-je.
    Helena fit celle qui n’avait rien entendu.
    Junia et Gaius étaient certains qu’après avoir entendu leur si généreuse proposition, nous serions ravis de l’accepter. Et reconnaissants. C’était la logique même. Le bébé ne manquerait de rien. Le salaire de mon beau-frère lui permettait d’avoir une maison confortable et, quels que puissent être mes sentiments envers ma sœur et lui, je savais qu’ils gâteraient cet enfant autant qu’ils le pourraient et feraient tout ce qui était humainement possible pour qu’il communique avec son entourage.
    — Tu n’as pas retrouvé la trace de ses parents ? me demanda soudain Gaius.
    J’ouvris la bouche pour répondre, mais Helena ne m’en laissa pas le temps.
    — Non, on a essayé, mais sans aucun succès.
    Je lui pris la main. Elle avait raison. Il serait toujours temps de dire la vérité si nécessaire.
    — Je pense qu’il va vous manquer, déclara Junia. (Et c’était tellement inattendu, venant de sa part, que j’en fus remué malgré moi.) J’espère que vous viendrez le voir souvent.
    — Merci, dit Helena. Avez-vous déjà pensé à un nom ?
    — Oh, oui ! (Et je vis ma sœur rougir de nouveau.) Il ne faut pas oublier qui l’a trouvé. On va l’appeler Marcus.
    — Marcus Bæbius Junillus, confirma mon beau-frère en regardant fièrement son fils.

66
    Au cas où mon apparition avec un voile n’aurait pas causé une sensation assez grande, je décidai de revêtir le costume acheté à Palmyre pour assister au mariage de Lenia. Très franchement, j’imaginais très peu d’autres occasions, à Rome, où un homme décent pourrait enfiler une culotte de soie violet et or avec une tunique toute brodée et abondamment garnie de rubans. Des mules décorées de tulipes en relief, un chapeau plat à large bord et un sabre damasquiné – une idée d’Helena – complétaient le tableau.
    La cérémonie commença avec un peu de retard. Quand les amis du marié l’amenèrent, il était tellement ivre qu’il ne tenait plus debout. D’où l’ire de Lenia :
    — Espèce de dégoûtant ! Tu me le paieras.
    — Mais qu’est-ce que tu racontes, femme ?
    — Tu m’as gâché cette journée ! Voilà ce que je raconte, espèce d’ivrogne.
    Lenia se retira alors pour pleurer en privé, tandis que les invités attaquaient les amphores qui s’alignaient en nombre dans la cour. Pendant ce temps-là, la mère de Smaractus et la mienne tentaient de le faire dessoûler. Des pique-assiette ne tardèrent pas à se mêler aux invités qui les accueillirent joyeusement, ce qui ne leur coûtait pas grand-chose.
    Au moment de l’arrivée de Petronius et de sa femme, il commençait à régner une chaude ambiance. Lorsqu’ils eurent fini de se moquer de mon harnachement, Helena suggéra que nous allions manger un bon repas quelque part, afin de prendre des forces pour la longue nuit à venir. Petro, sa femme, ses enfants et moi fûmes très heureux de suivre sa suggestion. Je suis persuadé que personne ne s’aperçut de notre absence. À notre retour, il ne se passait toujours pas grand-chose. Alors Petronius décida d’intervenir. Il bondit sur une table et réclama le

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