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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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alors qu’on en sortait en hurlant de rire.
    — Je le sais, dit-elle.
    — J’en étais sûr.
    — Comme de juste !
    La bande mince d’un bracelet glissa jusqu’à son poignet fin quand elle laissa sa main qui tenait un rouleau de parchemin pendre le long de son corps. Elle était pieds nus. Elle, qui aurait dû se trouver mollement étendue sur des coussins bourrés de duvet de cygne, dans le salon dallé de marbre d’un grand homme, venait de lire au soleil sur mon balcon branlant d’où l’on dominait tout le délabrement de l’Aventin.
    J’adoptai tout de suite un ton soigneusement étudié et un langage châtié :
    — Ma douce, bien souvent, les gens se hâtent de tirer des conclusions. J’ai accompagné Petronius jusque chez lui et j’ai constaté de visu que sa femme ne venait pas lui ouvrir la porte. Après qu’il eut insisté un certain temps, une voisine a passé la tête à sa fenêtre pour lui annoncer que Silvia avait emmené les enfants chez sa mère et donné le dîner qu’elle avait préparé au chat.
    » J’ai dû aider Petro à forcer la serrure. Il adore ce chat, et comme il ne l’a pas trouvé à la maison, il m’a obligé à le chercher avec lui.
    Elle souriait en m’écoutant.
    — Il est bon que les héros aient une petite faiblesse.
    Helena n’aimait pas beaucoup les chats. Et pas davantage les héros. J’étais donc surpris par son discours. Je poursuivis sur le même ton :
    — En dépit de ses supplications, je ne me suis pas senti le courage de l’accompagner jusqu’à la tanière de sa belle-mère pour y récupérer Arria Silvia et les fillettes.
    — Alors, tu l’as abandonné tout seul chez lui ?
    — Pas tout seul, il avait son chat… (Ma gorge se noua.) Je voulais m’assurer au plus vite que tu étais toujours ici.
    — Je suis ici.
    — J’en suis heureux.
    Nous approchions de la fin de l’après-midi. J’aurais voulu rentrer plus tôt, mais je n’avais pu résister à l’appel des thermes. J’étais propre comme un sesterce tout neuf. Chaque pouce de mon corps avait été gratté et huilé. Pourtant, après cette visite à l’Académie de Platon, je continuais de me sentir crasseux.
    — Tu t’es inquiétée ? demandai-je.
    Ses yeux noirs se posèrent sur moi avec un calme que j’étais loin d’éprouver dans mon cœur.
    — Oui. J’avoue que je suis contrariée quand on vient me rapporter qu’on t’a vu sortir d’un bordel, énonça-t-elle à voix basse.
    — Ça m’inquiète moi-même quand je vais dans un bordel.
    Pour une raison incompréhensible, je me sentais de nouveau propre. Je lui adressai mon plus chaud sourire.
    — Il faut bien que tu fasses ton travail, Marcus, commenta-t-elle avec un soupçon d’ironie dans le regard.
    J’étais sûr qu’en m’attendant, elle avait profondément réfléchi à la façon dont elle allait m’accueillir. Et cette réflexion l’avait conduite à penser qu’une dispute ne nous mènerait nulle part.
    — Alors qu’as-tu pensé de ce bordel ? demanda-t-elle posément.
    — Sordide ! Ils n’avaient même pas de singe. Jamais je n’emmènerais une fille de sénateur dans un bouge pareil.
    — Dans celui que nous avons visité tous les deux, il y avait un chimpanzé, me rappela-t-elle.
    Elle s’exprimait d’un ton docte, tout en réprimant un rire.
    Il arrivait pourtant que nous nous disputions – quelquefois parce qu’elle insistait trop pour que je devienne raisonnable –, mais le plus souvent, l’intelligence qu’elle mettait à me manœuvrer m’époustouflait.
    Il ne m’avait pas échappé que les coins de ses lèvres se retroussaient légèrement. Et je savais exactement quelle expression donner à mes yeux pour que son sourire s’élargisse.
    Je traversai l’espace qui nous séparait. Arrivé tout près d’elle, je la pris par la taille. Ses joues se colorèrent légèrement pour prendre la teinte du bouton de rose agrafé à sa robe. Comme je l’avais supposé, elle s’était parfumée juste suffisamment pour l’homme qui s’approcherait assez près d’elle. Je m’emplis lentement les poumons d’une faible senteur de cannelle, mon parfum préféré. Une senteur toute fraîche. Elle avait très récemment appliqué le parfum.
    Je m’abandonnai pendant quelques instants au plaisir de la contempler. Elle aimait me sentir en train de me noyer dans les souvenirs agréables et dans l’espérance de plaisirs à venir. J’avais laissé tomber mon

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