Le temps des adieux

cette question :
    — Jusqu’à preuve du contraire, ils sont toujours en dehors de Rome. J’ai un indic qui me tient au courant de leurs mouvements. Je peux aller vérifier auprès de lui, mais je suis certain que si un seul avait montré son nez en ville, il l’aurait appris et serait venu me vendre le renseignement.
    — Quand je suis allé voir Nonnius avec Fusculus, il nous a parlé de la famille de Balbinus, et c’était plutôt intéressant.
    Petronius laissa échapper un éclat de rire.
    — Sa femme, Flaccida, ne vaut pas la corde pour la pendre.
    — Et il a aussi une fille ?
    — Une fille unique. La ravissante Milvia. Elle a reçu une très bonne éducation. Rien n’était trop beau pour elle. L’exemple classique des voyous qui ont trop d’argent et qui veulent s’offrir une certaine respectabilité par enfants interposés.
    — Ils l’ont donc élevée comme une vestale. Et elle n’a pas mal tourné ?
    — Bizarrement, non. D’après ce que je sais, Milvia est aussi innocente qu’une rose pas encore éclose. À l’en croire, elle n’a jamais soupçonné les activités criminelles de son cher papa. Elle a épousé un membre de l’ordre équestre qui possède une grosse fortune personnelle. Un dénommé Florius qui passe le plus clair de son temps aux courses. À mon avis, il ne sait absolument rien faire d’autre.
    — Donc, il n’a jamais participé à des activités criminelles ?
    — Il parie beaucoup trop d’argent, mais c’est son problème.
    — Et Nonnius nous a parlé de la dot importante de Milvia.
    — C’est ce qu’on dit, Marcus. Toutefois, Balbinus s’est débrouillé à garder les arrangements secrets. Cependant, sa fille et Florius ne se privent de rien. Et comme ils n’ont plus grand-chose à voir l’un avec l’autre, s’ils restent ensemble, c’est sûrement parce qu’ils y ont intérêt.
    — Très intéressant. Je crois que je vais rendre visite à ce charmant couple, annonçai-je.
    — J’étais sûr que tu en aurais envie !
    Petronius m’aurait certainement accompagné si un messager de Rubella n’était pas apparu juste à ce moment-là. Nonnius ayant été un témoin primordial dans une affaire de grande importance, on semblait s’agiter dans les hautes sphères à la nouvelle de son assassinat. Rubella attendait que Petronius lui présente un rapport au plus vite.
    — Voilà pourquoi tellement de crimes restent impunis, grommela-t-il, furieux. Au lieu d’interroger les crapules, je passe mon temps à aider Rubella à fabriquer des mensonges plausibles pour les autorités. Falco, si tu veux fourrer ton nez dans les affaires de la famille Balbinus, il te faut un témoin. Et je n’ai personne sous la main dans l’immédiat. Mais je promets de t’envoyer quelqu’un cet après-midi.
    — J’ai pas besoin de nourrice, je t’assure.
    — Prends un témoin avec toi ! gronda-t-il. C’est la procédure à suivre avec cette bande.
    — Voilà pourquoi Fusculus a insisté pour m’accompagner chez Nonnius.
    — Fusculus est un gentil garçon qui connaît son métier.
    Et, apparemment, me surveiller faisait partie de son métier.
    Agacé, je me remis à penser au fromage et aux olives.
    — Bon, alors dans ce cas-là, je vais rentrer à la maison. Dis à ton témoin de venir me rejoindre Cour de la Fontaine, tu veux bien ?
    — Tu te ramollis ! railla-t-il.
    Je voulais lui expliquer qu’Helena était enceinte, mais c’était difficile puisque je l’avais nié si peu de temps auparavant. Me sentant très coupable, je le laissai aller pacifier son tribun, tandis que je rentrais chez moi, pressé de voir ma compagne.

32
    Un petit visage sérieux m’accueillit à l’entrée de la Cour de la Fontaine.
    — Oncle Marcus ! Puisse le dieu Mercure toujours guider tes pas.
    Seul le fils aîné de Maia, Marius, s’exprimait d’une façon aussi formelle. C’était un beau petit garçon à l’air sérieux, toujours maître de lui, âgé de huit ans.
    — Salut, Marius ! Je t’attendais seulement après l’école. Tu es venu parce que tu m’aimes beaucoup ou parce que tu as besoin d’argent pour acheter des gâteaux ?
    — J’ai tout organisé pour toi. Cornelius va surveiller ta charrette cet après-midi, ensuite il sera remplacé par Ancus. Mais c’est moi que tu payes. Je me charge du partage.
    Maia savait élever ses enfants. Ma charrette et moi étions entre de bonnes mains. Je remarquai cependant que Marius