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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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comtesseOssolinski, ce qui met un peu de piquant dans sa morne existence… Il ignore tout des négociations engagées parFleury dès le printemps de 1735.
    Contrairement à ce que croitStanislas, les armées françaises ne se sont pas battues pour le trône de Pologne, mais pour obtenir la Lorraine. Le moment est venu pour Fleury d’exécuter son plan. En effet, après les défaites de ses troupes en Allemagne et en Italie, l’empereur est las de la guerre etAuguste III, son candidat au trône de Pologne, se maintient au pouvoir. Les Russes ayant obtenu ce qu’ils souhaitaient n’ont aucun intérêt à poursuivre le conflit. Profitant de cette conjoncture favorable, Fleury a envoyé un émissaire à Stanislas pour le prier de renoncer à son rêve polonais. En même temps, une mission diplomatique est arrivée à Vienne afin d’entamer les négociations d’une paix avantageuse pour la France. Le 3 octobre 1735, les préliminaires ont été signés à Vienne : Stanislas renoncera au trône de Pologne mais conservera le titre de roi. Tel est le subterfuge inventé par les diplomates pour sauver l’honneur de MarieLeszczynska, qui reste fille de roi. Stanislas perd un royaume mais il obtient la Lorraine et le duché de Bar qui reviendront à la France lors de sa mort.François III duc de Lorraine, qui doit épouser l’archiduchesse Marie-Thérèse, n’a guère été ménagé : il n’est pas au courant de ce marchandage qui le dépossèdede ses États pour lui donner en échange le duché de Toscane à la mort de Jean Gaston deMédicis, le dernier de sa lignée. En contrepartie,Louis XV reconnaît la pragmatique sanction qui fait de Marie-Thérèse l’héritière de son père l’empereurCharles VI. Très satisfaits, Louis XV etFleury se soucient peu des états d’âme de Stanislas et de Marie. Lorsque le cardinal a expliqué à la reine que le trône de Lorraine valait bien celui de Pologne, elle lui a répliqué avec hauteur : « Oui à peu près comme un tapis de gazon vaut mieux qu’une cascade de marbre », faisant allusion à l’escalier d’eau de Marly transformé en pelouse par mesure d’économie.
    LorsqueStanislas accueillit l’émissaire deLouis XV, il le crut porteur de la grande nouvelle qu’il espérait. Hélas ! il lui annonçait les dispositions du traité de paix et le priait de rédiger un acte d’abdication. Stanislas eut peine à garder son sang-froid. Il dut cependant s’exécuter. Le 27 janvier 1736, il data cette abdication de la troisième année de son règne. Pendant ce temps, les négociations entre la France et l’Autriche se poursuivaient dans le plus grand secret. Le mariage du duc de LorraineFrançois III avec l’archiduchesseMarie-Thérèse fut célébré le 12 février sans que les nouveaux époux eussent été avertis des dispositions concernant la Lorraine.
    Le 5 mai, escorté par cinquante cuirassiers, Stanislas a quitté Königsberg sous le nom de comte de Lingen pour retrouver la France. Le 4 juin, il est arrivé au château de Meudon préparé pour le recevoir.Louis XV a laisséMarie jouir de ces moments d’intimité familiale qu’elle attendait depuis si longtemps. La reine CatherineOpalinska a quitté Saint-Cyr où elle s’était pieusement retirée. Marie savoure la joie de ces retrouvailles ; elle conduit ses enfants auprès de leur grand-père qui fait connaissance avec ses deux dernières petites-filles et constate les progrès des aînés. Ledauphin est un enfant autoritaire, imbu de son rang et déjà passionné par l’histoire de ses ancêtres ; lesjumelles, du haut de leurs neuf ans, sont déjà de jeunes personnes dressées à l’étiquette de la cour de France et les deux cadettes suivent l’exemple de leurs aînées. Ce grand-père si original leur apportera peut-être la fantaisie et la chaleur qui manquent à leur éducation bien stricte.
    Le roi et la reine de Pologne ont rendu une visite protocolaire à leur gendre, qui les a reçus cérémonieusement.Louis XV manifeste toujours la même hauteur à leur égard, laissant son épouse témoigner sa tendresse à ses parents dans leurs réunions privées et hors de sa présence. Le bonheur deStanislas a été sérieusement refroidi lorsqu’on l’a obligé de signer la « convention de Meudon » qui le réduit au rôle de figurant dans son duché de Lorraine. Le roi tient à se conduire en maître de cette province, aussi dénie-t-il tout pouvoir au futur souverain de

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