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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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Paris comme ce fut le cas pour le précédent mariage. Les Parisiens en éprouvent une déception d’autant plus vive que les fêtes les ont déçus. Le Jeudi gras, jour des noces, cinq chars peints et dorés ont fait le tour des quartiers de la ville. Rien de plus.
    Le premier représentait le dieu Mars entouré de guerriers ; le deuxième était rempli de musiciens ; sur le troisième voguait un bateau symbole de la Ville ; le quatrième était dédié Bacchus et le cinquième à Cérès. Des personnages costumés jetaient au peuple des morceaux de cervelas, du pain, des biscuits et des oranges. Le soir, dans les rues illuminées, le vin coulait abondamment des fontaines installées aux croisements. Des couplets dénoncent la ladrerie du prévôt des marchands.
    Vous fîtes bien mieux l’an passé,
    Quand par vos soins fut dispensé
    L’allégresse avec l’abondance ;
    Mais dans les fêtes d’aujourd’hui
    L’on ne mange, ni l’on n’y danse
    Vous seul gagnez à tout ceci.
    Heureusement, le dimanche 12 février, un feu d’artifice tiré sur la place de l’Hôtel de Ville mit un peu de baume au cœur des Parisiens mais on déplora aussi des accidents de carrosse place de Grève et surtout la mort de plusieurs personnes étouffées.
    À Versailles, la jeune famille royale est d’autant plus sombre que le roi paraît heureux. Ledauphin boude sa femme, affiche un visage fermé et cherche par tous les moyens à faire souffrir ceux qui l’entourent. La liaison de son père avec la marquise de Pompadour lui paraît encore plus intolérable depuis qu’on l’a forcé à se remarier aussi vite. À la fin du mois de février, il fomenta un petit complot dans lequel il a entraîné sonépouse et ses deux sœurs,Henriette etAdélaïde.
    Le premier acte se joua lors d’une chasse, que les princesses suivaient avec la favorite. Dans la calèche qui les ramenait à Versailles, les filles de Louis XV étaient convenues de ne pas lui dire un mot et de ne pas lui répondre si elle leur adressait la parole. MadameHenriette endoctrina ladauphine. Elle voulait lui faire partager le dégoût que les enfants du roi éprouvaient pour sa maîtresse. Marie-Josèphe ne savait plus à quel saint se vouer. Alors que l’ambassadeur deSaxe et lemaréchal lui avaient recommandé de traiter Mme dePompadour avec respect, Mesdames lui demandaient de se liguer contre elle. Dédaignée par un époux qui ne lui manifestait pas la moindre tendresse et qui haïssait la favorite, elle fut bien obligée de prendre le parti de ses belles-sœurs. C’était pour elle le seul moyen de se rapprocher de son mari.
    Soutenus par lareine, leprince et Mesdames ont élaboré un plan qu’ils espèrent naïvement imposer à leur père. Persuadés qu’il y a sans doute bien des choses qui doivent le rebuter dans sa maîtresse et dans la compagnie qu’elle lui propose, ils veulent lui faire honte d’avoir placé sa tendresse en si bas lieu. Il faut donc le pousser à renvoyer Mme de Pompadour et à vivre dans l’intimité de sa famille. Admettant à regret qu’il puisse éprouver du désir pour lebeau sexe, ils sont prêts à tolérer quelques discrètes passades, à condition que ce soit avec des femmes de la Cour.
    Les jeunes gens mènent la vie dure à la favorite. Le dauphin se montre grossier avec elle. Le roi et Mme de Pompadour ne sont pas dupes de leur petit manège. Trop habile pour se plaindre, la marquise a convaincu son amant de clarifier une situation qui devient insupportable. Redoutant l’ombrageux caractère du dauphin,Louis XV ne lui dit rien. Il préféra parler à sa fille Henriette, à laquelle « il lava la tête 8  », la priant de ne plus exercer d’influence néfaste sur Marie-Josèphe. Le roi insista pour que Mme de Pompadour reçût la dauphine. La marquise devait la convaincre de s’adresser directement au souverain lorsqu’elle désirerait quelque chose. Quelque temps plus tard,Louis XV reçut personnellement le jeune ménage et demanda à sabru d’avoir une nouvelle explication confidentielle avec samaîtresse. Humiliation suprême, Marie-Josèphe dut reconnaître que certaines personnes (qu’elle ne pouvait nommer) cherchaient à la desservir auprès d’elle. Ainsi les projets des Enfants de France sont-ils réduits à néant. Madame Henriette a pleuré ; la dauphine se morfond ; ledauphin reste sombre etAdélaïde rumine de chimériques projets de vengeance contre celle qu’ils appellent

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