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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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cérémonie. La dame loua Saint-Simon mais conseilla à son amant de se rendre au sacre. Il la traita de folle :
    « Folle soit, répondit-elle, mais vous irez.
    – Et moi je te dis que je n’irai pas.
    – Si vous dis-je, et vous irez.
    – Mais cela est admirable : tu dis que M. deSaint-Simon a raison et pourquoi donc irais-je ?
    – Parce que je le veux.
    – Et pourquoi veux-tu que j’y aille. Quelle folie est-ce là ?
    – Voulez-vous donc absolument le savoir ? C’est que vous n’ignorez pas que l’abbéDubois et moi avons eu, il n’y a pas quatre jours, maille à partir ensemble et qui n’est pas encore bien finie. C’est un diable qui furète partout ; il saura que nous avons couché ici cette nuit ensemble. Si demain vous n’allez pas à son sacre, il ne manquera pas de croire que c’est moi qui vous en ai empêché ; il ne me le pardonnera pas ; il me fera cent tracasseries et cent noirceurs auprès de vous et finira promptement par nous brouiller. Or c’est ce que je ne veux pas et c’est pour cela que je veux que vous alliez à son sacre. »
    Comment une conversation aussi intime est-elle parvenue jusqu’à nous ? Il n’y avait pas d’espion dans la chambre du prince. C’est Mme deParabère elle-même qui raconta l’histoire à son autre amant, lequel la répéta à ses amis et toute la Cour apprit la raison pour laquelle l’oncle du roi avait été présent à un sacre que d’aucuns appelèrent un « massacre ».
    Célébrée dans l’église du Val-de-Grâce, monastère royal par excellence, la cérémonie fut grandiose. Assisté de l’évêque de Nantes et du père Massillon, le cardinal deRohan sacra Dubois en présence de toute la Cour et duRégent installé avec son fils le duc deChartres dans une tribune ouverte donnant sur une sorte de salon dans lequel on servait des rafraîchissements. Les premiersgentilshommes de la maison de S.A.R. placèrent les personnes les plus distinguées et ses officiers les moins considérables. Dehors, les officiers du guet faisaient aborder, ranger et sortir les carrosses de la manière la plus commode. Le soir, le duc d’Orléans s’en alla chez Mme de Parabère tandis qu’un souper somptueux était servi au Palais-Royal pour le nouvel archevêque et ses invités. Dubois reçut du prince un diamant de grand prix.

    Trouble fin d’année
    La querelle liée au refus de la bulle Unigenitus n’est pas près de s’éteindre. Suivi par le clergé parisien, par la Sorbonne et soutenu par la majorité du Parlement, Mgr deNoailles a publié son appel comme d’abus au concile 3 . En même temps, il s’est retiré du Conseil de conscience qu’il présidait. Dans un esprit de conciliation, leRégent, par une Déclaration datée du 5 juin 1719, a imposé un silence d’une année sur les disputes théologiques avec la promesse d’arriver à un accommodement.
    Au début de 1720, le cardinal de Noailles et plusieurs prélats rédigent un « Corps de doctrine », qui consiste finalement à accepter la bulle moyennant quelques concessions minimes. La plupart des évêques signent ce texte pour rétablir la paix de l’Église. Cependant, les partisans de Mgr de Noailles n’acceptent pas de se soumettre. Pendant trois mois, au plus fort de la crise financière, les lettres épiscopales se sont croisées. Le Régent a voulu à mettre fin au conflit. Réconforté par l’apparente unité du corps ecclésiastique et poussé parDubois, il a décidé de faire enregistrer la bulle par le Parlement.
    Contrairement à son attente, ces messieurs ont opposé mille arguties à sa demande. Le Régent, furieux, a fait enregistrer le 23 septembre le « Corps de doctrine » par le Grand Conseil, composé de ducs et pairs, de maréchaux et autres dignitaires. Cependant, l’opinion a pris fait et cause pour le Parlement, qui a finalement accepté d’enregistrer la bulle le 4 décembre 1720. Les esprits sont loin d’être apaisés. La constitution Unigenitus , commeon l’appelle maintenant, devient loi du royaume. L’affaire étant désormais « accommodée », il est défendu aux universités et aux facultés de théologie de s’opposer à la bulle. Il est interdit d’appeler au concile de cette constitution et les appels passés sont déclarés nuls. Tous les édits et arrêts contre le jansénisme se trouvent renouvelés. Mais le parti anticonstitutionnaire existe et compte beaucoup de partisans dans le clergé et dans la

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