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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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magistrature.
    Afin d’éviter les heurts, le Régent se fait assister de quelques prélats qui constituent un Conseil ecclésiastique. Il les reçoit désormais une fois par semaine, mais c’estDubois qui gouverne. La passion du pouvoir le dévore et sa vanité est comblée : le pape vient de lui accorder le chapeau de cardinal ; il est en train de négocier la paix avec l’Espagne. Il ne lui reste plus qu’à devenir Premier ministre.
    Si Dubois voit ses vœux récompensés, il aura fort à faire pour apaiser le royaume. L’opinion reste hostile auRégent. Depuis plusieurs mois, les Anglais parient sur sa mort. Trois nouvelles Philippiques l’attaquent violemment lui et sa cour. Il faut dire qu’il se donne des verges pour se faire battre. Sa vie privée étalée au grand jour fait scandale : sa maîtresse, Mme deParabère, est grosse. On ne sait qui est le père de l’enfant, car la dame a plusieurs amants. Peu importe au prince qui paraît lui préférer Mme deSabran. Mais celle-ci a bientôt été supplantée par Mme deFallari qui se fait appeler « duchesse » de Fallari. Ce titre a été donné par le pape à son mari, un aventurier qui l’abandonna pour fuir ceux qu’il avait volés. La jeune personne, fort jolie, lancée dans le monde par la duchesse d’Olonne, a été jetée dans les bras du Régent qui la trouve à son goût. Il paraît qu’elle est atteinte d’une maladie vénérienne. Le docteurChirac a prévenu son maître qui lui a répondu : « Je ne m’en soucie guère : si elle me donne des pois, je lui donnerai des fèves. » Mme de Sabran, qui voulait en avoir le cœur net au sujet des relations de Philippe d’Orléans et de la Fallari, a écouté à la porte de la chambre du prince. Elle a entendu des paroles offensantes pour elle. Furieuse, elle a forcé la porte et lancé des imprécations contre les deux amants. Le Régent l’interrompit : « Tout ce que j’ai dit de toi est vrai, lui dit-il, et il y en aura encore cent fois davantage que je dirai si tu veux retourner écouter à la porte 4 . » On a vu depuislors leprince assister à la comédie avec laFallari, mais Mme deParabère partage de nouveau ses faveurs.
    On apprend que le duc deRichelieu vient d’être reçu à l’Académie française à la place de M.Dangeau. On se demande bien pour quelle raison. Il a fallu trois écrivains,Fontenelle,Destouches etCampistron, pour pondre son discours.
    L’inquiétude règne en cette fin d’année 1720. L’avocatBarbier dit que Paris risque de tomber dans la misère.Law a quitté Paris et s’est réfugié à Bruxelles. Le Régent a nommé M. LePelletier de La Houssaye contrôleur général des Finances et MM. Crozat et SamuelBernard à la tête de la Compagnie des Indes. Les frèresPâris dirigeront la Ferme générale. Tous ces messieurs sont fort riches, mais parviendront-ils à sauver les finances et à rendre confiance aux Français ?
    1 - Le petit château de Bagnolet appartenait à la duchesse d’Orléans.

    2 - Saint-Simon, Mémoires , t. VII, p. 424-425 (éd. Chéruel).

    3 - Ces appels étaient l’expression du gallicanisme le plus outré qui déniait au pape l’infaillibilité pour ne la reconnaître qu’à un concile général.

    4 - Mathieu Marais, Mémoires , t. II, p. 9, 6 décembre 1720.

Chapitre V
    Entre chiens et loups
    L’oncle et le neveu
    Le roi n’est plus un enfant. Un matin du mois de février 1721, il s’est plaint à son chirurgien d’un mal fort plaisant qui l’inquiétait. Le praticien lui a répondu que cette maladie-là était un signe de bonne santé et qu’il ne devait surtout pas s’en plaindre. La nouvelle s’est aussitôt répandue et l’on parle en plaisantant du « mal du roi ». Le souverain vient de fêter ses onze ans.Le Régent l’initie à la politique. S.M. a présidé son premier conseil il y a tout juste un an. Le prince lui avait dit qu’il pouvait quitter la réunion quand il le désirerait, mais il resta. Il assiste désormais à tous les conseils. Il ne dit mot, mais réfléchit sur ce qu’il a entendu. Le duc d’Orléans lui explique tête à tête ce qu’il veut mieux comprendre, lui expose les raisons des nominations qu’il impose et des récompenses qu’il accorde. « Appelez-moi mon oncle », a-t-il demandé à son neveu qui l’appelait jusque-là « Monsieur ». Le régent ajouta que naguèreLouis XIV, en s’adressant à lui, disait « mon neveu ». Ce lien familial

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