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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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mélodieux d'une harpe. Dans la nuit maintenant tombée, on ne voyait d'autre lumière que la lueur d'une chandelle ou la flamme dansante d'une lanterne à une fenêtre.
    —
    Eh bien ? s'enquit Colum.
    —
    Cette vieille femme ne pouvait nous en dire davantage. Comment l'aurait-elle pu ? Le matin où son fils est mort, elle dormait comme un loir. L'assassin le savait ; il a traversé sa chambre, est descendu dans la cuisine, a empoisonné le gobelet et est reparti. Oh, au fait, ce gobelet a été volé, et d'après le peu que je sais des villageois, je suis sûre que Maîtresse Mathilda a eu un flot de visiteurs aux yeux gourmands et aux doigts crochus. Venez, mon glorieux Irlandais.
    Elle glissa le bras sous celui de son mari et ils reprirent leur chemin.
    Au moment où ils passaient devant le Sanglier bleu, le sergent s'avança en titubant vers eux.
    Il leva son falot, leur jeta un regard embrumé et retourna d'un pas mal assuré vers l'accueillante lumière de la taverne en grommelant entre ses dents.

    Kathryn et Colum arrivèrent au manoir. Ils avaient eu froid lors du trajet depuis Walmer ; le vent marin était mordant. Colum se mit à la recherche de Lord Henry pendant que son épouse remontait dans sa chambre. Les informations que lui avait fournies Mathilda étaient importantes. La jeune femme dressa la liste des membres du conseil paroissial et commença à démêler les fils qui les unissaient. En effleurant un bouton de sa robe, elle se remémora celui que lui avait donné Hawisa. Elle rejeta sa plume.
    —
    On ne les a pas tués dans le cimetière ! s'exclama-t-elle.
    Elle ferma les yeux et se souvint de la menace gribouillée dans l'église, de l'arpent du bon Dieu, des pierres tombales grises, du carré des indigents avec ses croix délabrées. En imagination, elle redescendit dans la crypte. Colum entra avec de quoi se restaurer : de croustillantes tranches de porc rôti en sauce, du pain, du fromage et un cruchon de bière. Par-dessus l'épaule de Kathryn, il regarda les noms qu'elle avait inscrits en cercle, autour de trois croix.
    —
    Oubliez cela, dit-il.
    Il se pencha et déposa un baiser sur ses cheveux.
    —
    Mangez, reposez-vous et venez au lit, ma mie.
    —
    Dans un instant, murmura-t-elle.
    Murtagh quitta ses bottes puis s'étendit sur le lit. Il s'appuya sur un coude. Kathryn n'avait pas touché à la nourriture ; elle était assise, immobile, les épaules un peu voûtées, comme si elle priait. Colum poussa un bruyant soupir et s'allongea derechef. Kathryn, à présent, était dans son propre monde, perdue dans un problème qu'elle abordait comme un labyrinthe, déterminée à trouver son chemin et à résoudre le mystère. Elle était pâle et avait l'esprit ailleurs. Colum se demanda ce qui s'était passé dans l'église. Lui poserait- il la question maintenant ou attendrait-il ?
    Quand il se réveilla, il était transi. La chandelle des heures avait brûlé jusqu'au douzième anneau et presque atteint le suivant. Kathryn était toujours assise à la table de travail, mais, à en juger d'après le cruchon posé par terre près d'elle, elle avait mangé et bu. Il s'enroula dans la courtepointe et, immédiatement, il se rendormit. Kathryn le secoua pour l'éveiller.
    —
    Quelle heure est-il ? questionna-t-il en levant les yeux sur elle.
    —
    L'heure du Jugement, Irlandais ! railla-t-elle. Allez-vous garder la couverture pour vous seul ?
    Colum la déploya. Sa femme se coucha près de lui et nicha sa tête contre son épaule.
    —
    Qu'y a-t-il ? chuchota-t-il.
    —
    Je suis fatiguée, répondit-elle d'une voix ensommeillée. Il fait encore nuit, attendons le jour.
    Le lendemain matin, quand Murtagh s'éveilla, Kathryn avait déjà fait sa toilette et s'était changée. Bien qu'un peu pâle, elle semblait prête à affronter la journée. Installée à la table, elle étudiait l'étrange code dont elle usait toujours. Colum roula au bas de la couche et se rendit à la garde-robe. Quand il en revint, Kathryn était assise sur le lit.
    —
    Approchez donc, Irlandais.

    Il se laissa choir près d'elle et frotta son nez dans son cou. Elle l'écarta et lui prit la main.
    —
    Ecoutez, dit-elle en lui enfonçant les ongles dans la peau, je veux que Lord Henry et le conseil paroissial me retrouvent dans le solar.
    Ainsi qu'Hawisa. Ne vous inquiétez pas, Lord Henry saura de qui il s'agit. Il faut qu'elle soit là.
    —
    Allez-vous dévoiler l'identité de l'assassin ?
    —
    Je ne sais. Mais

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