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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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avant peu, au moins, nous révélerons la vérité.
    Le seigneur ne put rassembler tout le monde que vers midi. Le père Clement et Amabilia furent les premiers. Le prêtre, encore pâle, portait le registre de la paroisse dans une sacoche de cuir suspendue à l'épaule. Kathryn, en le voyant dans sa bure brun foncé, pensa à un franciscain. Amabilia était vêtue de noir et d'une guimpe blanche parce que, comme elle le confia à voix basse à Kathryn en s'asseyant, « Il y a tant de morts à pleurer ! ».
    Benedict et Ursula arrivèrent ensuite, tous deux dans leurs plus beaux atours. Le tabellion arborait même une calotte noire. Son visage ridé semblait des plus inquiets. Il ne cessait de s'humecter les lèvres et de tripoter la chaîne d'argent qu'il portait au cou. Quant à Ursula, elle n'aurait pu se serrer davantage contre lui. Ils prirent place à la table comme deux coquins à la barre du tribunal.
    Hawisa était habillée d'une robe vert foncé et sa chevelure blanche bien coiffée lui retombait sur les épaules. Elle avait posé une couronne de fleurs sauvages sur sa tête et son panier était à demi rempli des simples qu'elle avait cueillis. Kathryn le remarqua et lui demanda où elle les avait trouvés. Hawisa, assise loin des autres, murmura sa réponse. Kathryn sourit et lui tapota l'épaule.
    — Etes-vous à l'aise ici ?
    —
    Si vous restez là, oui. Quelle belle pièce !
    Hawisa jeta un regard rêveur autour d'elle et pria Kathryn de lui expliquer le thème d'une tapisserie rouge et vert représentant la chute de Troie.
    Roger le physicien et le sergent entrèrent d'un air affairé. Ils s'étaient tous deux préparés à la hâte et leurs mains étaient encore souillées de peinture car ils avaient travaillé aux fresques de l'église.
    Murtagh ferma la porte et s'y adossa. Lord Henry s'assit à un bout de la table et Kathryn à l'autre. On frappa et un valet entra. Il distribua à chacun des coupes de bière, des fruits et du fromage dans de petits bols en argent. À peine eut-il tourné les talons que deux écuyers armés firent leur entrée et se placèrent derrière leur maître, qui, à présent, assumait pleinement son rôle de seigneur du manoir. Lord Henry se réjouissait encore de la déconvenue des Français, qu'il avait fêtée tard la veille. Il avait pourtant fait ses ablutions, enfilé un habit rouge et or, et passé à son cou la chaîne d'argent de sa fonction de juge.
    —
    Pourquoi sommes-nous ici ? s'enquit le médecin en tambourinant de ses doigts maigres sur la table.
    —
    Parce que je vous l'ai ordonné ! rétorqua Lord Henry. Je suis juge du roi en la contrée.
    —
    Est-ce un tribunal ? voulut savoir Benedict.

    —
    Si je l'entends ainsi. J'en suis le juge et Maîtresse Swinbrooke présentera l'affaire.
    Le sergent, plus sobre que Kathryn ne l'avait jamais vu, jeta un regard noir à Hawisa. Cette dernière mangeait mais s'arrêtait parfois pour chantonner tout bas.
    —
    C'est mon invitée, prévint Kathryn.
    Walter fit un son grossier avec ses lèvres. Il prit sa coupe, y plongea le nez et se mit à boire goulûment.
    —
    La plupart d'entre vous, commença Kathryn avec calme, la plupart d'entre vous êtes coupables de meurtre.
    Elle avait avec soin calculé le moment où elle parlerait afin que le sergent recrache sa bière.
    Roger se leva à moitié. Lord Henry tira son poignard et en frappa la table du pommeau pour obtenir le silence.
    —
    Au début du printemps 1471, reprit Kathryn, le roi livra deux batailles, l'une à Barnet, au nord de Londres, l'autre à Tewkesbury, à l'ouest du pays. Les lancastriens furent battus à plate couture. Des soldats fuyant pour sauver leur vie envahirent grand-routes et chemins de traverse. Maints d'entre eux n'avaient rien à craindre car la Couronne estimait que seuls les chefs valaient la peine d'être arrêtés. Trois lancastriens se sont donc enfuis jusqu'à Walmer, un jeune écuyer et deux archers à cheval...
    —
    Des rebelles et des traîtres, spécifia le notaire.
    —
    Nous parlerons de félons plus tard, rétorqua Lord Henry.

    Déconfit, le tabellion se rencogna dans sa chaire. Ursula, tremblante de peur, se serra contre son mari. Elle savait ce que Kathryn allait annoncer.
    —
    C'était des Anglais, déclara Kathryn. Us n'étaient pas à Walmer en quête d'un bateau, ils étaient venus chercher asile dans l'église Saint-Swithun. Or, une ancienne loi de ce royaume stipule que tout homme, toute femme, quel que soit

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