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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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son crime, peut réclamer asile et protection auprès de notre sainte mère l'Église. Combien d'entre vous étaient présents quand ces trois malheureux ont péri ?
    Tous levèrent une main réticente, sauf le prêtre, Amabilia et Hawisa.
    —
    Vous avez conté partout qu'ils avaient été capturés dans le cimetière et tués. Vous avez menti ! Ils avaient atteint l'église, et peut-être même se trouvaient- ils dans le chœur. Vous, Maître sergent, et vos compagnons les en avez arrachés.
    Ouvrant son escarcelle, elle posa sur la table le petit bouton d'argent qu'Hawisa lui avait donné.
    —
    Vous l'avez trouvé sur les marches de l'église, n'est-ce pas, Hawisa ?
    La jouvencelle sourit et acquiesça d'un signe de tête.
    —
    Mais vous nous avez dit...
    Le père Clement bondit, le courroux marbrant son visage de taches pourpres. Il tendit le poing vers le sergent.
    —
    ... vous nous avez dit qu'ils avaient été occis juste devant le porche.

    —
    Les assassins ont commis non seulement un meurtre mais aussi un sacrilège, reprit Kathryn. Tous ceux qui étaient là-bas se sont rendus coupables d'un crime hideux. Vous avez traîné ce jeune écuyer dehors.
    Dans la lutte, un de ses boutons a sauté et est tombé sur une marche de l'église. Puis vous les avez poussés dans le cimetière...
    —
    Ils n'étaient pas armés ! s'écria Amabilia, blême.
    Elle tendit les mains et jeta autour d'elle un regard implorant.
    —
    Ils étaient sans doute désarmés !
    —
    En effet, acquiesça Kathryn. Quand on demande asile, on doit laisser ses armes au seuil de l'église.
    Le prêtre et sa sœur étaient horrifiés. Amabilia se mit à pleurer. C'était un spectacle à fendre le cœur. Les larmes roulaient sur ses joues et elle ne pouvait dire mot.
    —
    Est-ce la vérité ? interrogea Lord Henry.
    —
    Vous avez traîné hors de l'église, répéta Kathryn, et taillé en pièces trois hommes sans défense qui cherchaient protection auprès de notre sainte mère l'Église.
    Le sergent allait protester quand Kathryn montra le bouton d'argent.
    —
    Vous les avez déshabillés. Vous avez dérobé leurs biens et vous les êtes partagés comme les soldats le font avec le butin de guerre.
    Vous n'auriez pas négligé ce genre d'objet de propos délibéré. Ce jour- là, le père Clement et sa sœur étaient absents. Quand ils sont revenus, votre rage meurtrière s'était apaisée. Vous aviez nettoyé l'église et la version officielle passa pour être vraie : trois félons, des lancastriens qui tentaient d'échapper à la justice royale, avaient refusé de se rendre, aussi les aviez-vous exécutés. Vous avez exhibé leurs cadavres à la croix du marché jusqu'à ce que Lord Henry ordonne un enterrement décent. Avant que vous, père Clement, et vous, Amabilia, soyez de retour, les trois malheureux avaient été ensevelis et inhumés. Votre conseil paroissial vous a narré un tissu de mensonges, mon père, et vous ne pouviez plus que bénir les tombes. Vous avez, je suppose, été indigné, tourmenté, mais vous l'avez bien caché.
    Walter leva un doigt menaçant.
    —
    Que nenni ! Vous souvenez-vous ? demanda-t-il, les yeux exorbités dans son visage écarlate. Lui et Amabilia ont été frappés par une étrange maladie. Ils sont restés cloîtrés chez eux au moins une semaine.
    —
    C'est vrai, ajouta le physicien. Il y avait des malades au village, aussi n'ai-je point cherché plus avant.
    —
    Qui était cet écuyer, mon père ? s'enquit Kathryn avec douceur.
    Un frère ? Un fils ?
    Le prêtre lui répondit par un regard triste, oublieux de la consternation qu'avait fait naître la question de la jeune femme. Amabilia gardait la tête baissée.
    —
    Faudra-t-il nous rendre au cimetière ? insista Kathryn. Dois-je demander aux gens de Lord Henry de creuser ces tombes ?
    Pourrez-vous expliquer pourquoi nous ne trouverons que les restes de deux hommes enveloppés dans leurs linceuls ?

    Lord Henry, bouche bée, contemplait Kathryn. Même les serviteurs qui se tenaient derrière lui, ayant oublié la raison de leur présence, regardaient le prêtre avec curiosité.
    —
    Eh bien, faut-il que nous y allions ? Puis descendrons-nous dans la crypte pour ouvrir le sarcophage de Lady Mary ? Nous y découvrirons alors deux corps : celui d'une jeune femme morte trop tôt et un beau coffre en if ou en noyer contenant les restes de ce pauvre jeune écuyer.
    —
    Est-ce vrai ? demanda Lord Henry en pointant sa dague. Le tombeau de

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