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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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quelques manuscrits mais aucun livre. Kathryn fouilla parmi les parchemins graisseux et mit la main sur un registre à la tranche jaune et relié en veau dans lequel Elias notait ses comptes. Elle le déposa hors de la salle afin de l'étudier plus tard et se dirigea vers l'escalier d'angle qui menait aux chambres à l'étage. L'une d'elles était tout à fait vide, l'autre était garnie de deux châlits, de sellettes, d'une table et d'un crucifix cassé fixé au mur par quelques chevilles de bois. Kathryn devina que ce devait être là que dormaient la servante et l'apprenti. Il n'y avait nul objet personnel. La jeune femme se souvint que Lord Henry avait promis de prendre en charge les deux enfants et de les placer dans ses cuisines.
    La chambre des maîtres était plus confortable, avec son lit à quatre montants rehaussé de courtines bleu et or. Un triptyque, au mur, montrait des scènes de la vie de saint Dunstan, patron des forgerons.
    Une grande armoire pleine de vêtements se dressait près d'un coffre recelant des biens personnels, breloques et bijoux. Kathryn en explora le contenu, et ne trouva rien d'anormal. Elle tira les volets et jeta un coup d'œil à travers la fenêtre à épaisse plombure. La rue était déserte, les gens profitant encore de leur repos de la mi-journée après l'activité frénétique du matin. Un enfant poursuivait un chien ; un vieillard chancelant sur sa canne traversa en tirant sur la laisse de deux belettes apprivoisées plus disposées, semblait-il, à se battre qu'à suivre leur maître.
    Kathryn se détourna et regarda autour d'elle. La courtepointe du lit était en laine peignée bleu et or. Une robe fauve à jupon blanc était jetée à côté. Isabella était-elle sur le point de se changer en cette fatale soirée ? Kathryn alla jusqu'au lavarium. La cuvette était vide ; le broc rempli d'eau souillée à présent de poussière et de saletés. Au bord de la cuvette se trouvaient deux linges blancs pliés avec soin et un morceau de précieux savon de Castille. Elle le prit et le huma, se délectant du riche et doux parfum. Puis elle le reposa et s'essuya les doigts sur un linge. Il était évident qu'Isabella avait eu l'intention de faire ses ablutions et de se changer, mais pourquoi ? Pour célébrer la Saint- Michel ? Kathryn se rappela la cuisine et, dans sa lèchefrite, la petite côte de bœuf grignotée par les rats sur la table. Oui, c'était bien une sorte de fête, mais y avait-il un rapport entre la Saint-Michel et la guilde des forgerons ?
    Elle s'assit au bord du lit. Elle avait l'impression que les fantômes des deux malheureuses victimes étaient tout près, peu disposés à quitter les lieux. Elle ferma les yeux et chuchota le Requiem. Ce qu'elle avait perçu ici, c'était de la tristesse, celle de deux âmes dont la vie avait été déchirée par la suspicion, le courroux et la rancune. Elias était sans nul doute un bon maréchal- ferrant, un habile artisan, cependant mis à part les habits de son épouse et la cassette de bijoux que Kathryn avait trouvée dans le grand coffre, la demeure semblait peu prospère. Elias avait-il bu ses gains et, généreux par accès, avait-il essayé d'apaiser sa femme par de coûteux présents, des robes, des bliauds, des babioles et du savon de Castille ? La jeune femme ouvrit les yeux et eut un sourire amer. Elle se remémora son premier mariage avec Alexander Wyville. Il avait été ainsi, agressif et violent, et il essayait ensuite de la calmer avec un affiquet acquis chez un orfèvre. Elle n'en avait gardé aucun. Dès qu'Alexander l'avait quittée pour rejoindre les lancastriens, elle avait tout vendu à un orfèvre local.
    Quand elle se releva, elle heurta du talon de sa botte le pot de chambre glissé sous le lit. Elle s'accroupit et l'en sortit. Il était vide et récuré. Kathryn aperçut alors le sac coincé entre le plancher et la couche. Elle le tira par à-coups, prit le petit couteau qu'elle portait dans son escarcelle, coupa la lanière qui le fermait et en vida le contenu sur le sol : un ceinturon avec un étui décoré. Le manche de la dague était en bois poli orné d'étoiles d'argent, le fourreau de l'épée, en riche cuir renforcé de clous d'or sur le bord. Quant à l'épée, elle avait un pommeau d'argent. Kathryn la tira et poussa un cri de surprise devant la lame étincelante, qui prit des reflets bleus quand elle la tourna vers la lumière. Elle avait vu assez d'armes dans l'armurerie de

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