Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
Vom Netzwerk:
sûre qu'il était sur le point de dire « coquin ».
    —
    ... comme tout un chacun, termina Sanglier avec tact. Je suis certain qu'il va revenir.
    Lord Henry n'en semblait pas aussi assuré. Il avait perdu quelque peu de sa bonhomie, du charme nonchalant et de sa joie mal dissimulée de la veille. Il repoussa son tranchoir, se leva, puis, après avoir salué ses convives d'un signe de tête, sortit. Sanglier et ses deux compagnons ne tardèrent pas à le suivre. Kathryn n'arrivait pas à déterminer quelle était leur humeur : ils se montraient calmes, le visage pourtant fermé comme s'ils étaient eux-mêmes perturbés et inquiets.
    —
    Je ne savais pas que vous étiez partie en pleine nuit, la taquina Colum.

    —
    Vous dormiez comme un loir, Messire, et n'étiez bon à rien, lui retourna Kathryn, aussi ai-je eu l'idée d'aller savourer la beauté de la nuit, bien que je sois revenue très vite, mourant de soif et transie.
    Croyez- vous que le prêcheur ait disparu ?
    —
    C'est possible, répondit-il en se frottant les yeux.
    —
    Mais Lord Henry pensait qu'il était ici ce matin.
    —
    C'est un océan de mystères, murmura Colum. Dieu seul sait ce qu'il en est.
    Il s'interrompit en entendant sonner le glas dans le village.
    —
    La messe de requiem aura lieu dans moins d'une heure. Lord Henry y assistera et j'ai accepté de me joindre à lui. Kathryn ?
    Elle secoua la tête.
    —
    J'ai passé assez de temps avec les villageois. Je voudrais rester céans, Colum. J'ai besoin de réfléchir.
    Troublée, elle reprit son repas. Colum se leva, l'embrassa sur le front, et elle lui répondit vaguement, l'esprit ailleurs. Quelques minutes plus tard, elle quitta la grand-salle pour regagner sa chambre. Colum avait déjà chaussé bottes et éperons et, chape sur le bras, bouclait son ceinturon.
    — J'aimerais mieux, Kathryn, que vous ne sortiez pas, à présent que Blandford a disparu, pria-t-il.
    Elle accepta, lui donna un baiser d'adieu et l'écouta descendre l'escalier. Puis elle ouvrit son écritoire, disposa le plateau de plumes, un encrier à couvercle et des feuilles de parchemin conservées entre deux bandes de cuir durci. Elle s'installa, ouvrit l'encrier et se mit à écrire. Kathryn décida de ne tenir compte ni des faits et gestes de Lord Henry ni de ce qui s'était passé au manoir, et de se concentrer plutôt sur les sombres meurtres qui avaient eu lieu au village.
    Primo : « Mane, thecel, phares » - Pourquoi ces mots ont-ils été recopiés sur le sol de l'église ? Il semble qu'on les y ait vus d'abord le dimanche matin, cependant. ..
    Elle cessa d'écrire. L'église était restée ouverte après la tombée de la nuit, aussi avait-on pu griffonner la citation la veille et ne la distinguer qu'à la lumière du jour. C'était bien une menace ; elle avait courroucé le prêtre de la paroisse, d'autant plus qu'on lui avait adressé des intimidations personnelles. Le prêcheur en était-il l'auteur ? Si c'était le cas, pour quelle raison ? Quels étaient les liens entre ce mystérieux étranger et Walmer ? Kathryn, à présent, regrettait de ne pas l'avoir interrogé à ce sujet mais, plein de duplicité, il aurait tout nié.
    Secundo : Que se préparaient à fêter le forgeron et sa femme ? D'où venait le tonneau de vin ? Comment l'a-t-on empoisonné ? Pourquoi Isabella l'a-t-elle mis en perce ce soir-là ? Qui s'est faufilé dans la cour pour verser le poison dans le cuveau d'eau ?
    Tertio : Adam l'apothicaire - il semble être revenu chez lui après avoir emporté les deux corps à Saint- Swithun ; il est passé par la porte de derrière, a décroché un gobelet qu'il a rempli de bière et s'est enfermé dans sa chambre des poudres. Pourquoi a-t-il choisi le gobelet contenant le poison ? Comment l'assassin a-t-il pu organiser tout cela
    ? Comment a-t-il pénétré dans la maison sans être aperçu ?

    Elle se rencogna dans sa chaire. Elle avait vu tant de choses la veille
    - des coups d'œil, des regards, des détails auxquels elle ne pouvait donner un sens, comme des mots en désordre sur un morceau de vélin. Ils ne prendraient de signification que lorsqu'ils seraient remis à leur place.
    Le glas du village tinta derechef, signal du début du Requiem. Kathryn ferma les yeux. Elle imaginait, devant le maître-autel, les trois cercueils sous les draps funéraires entourés de cierges violets posés dans leurs supports de chêne noir, le père Clement commençant la messe, l'aspersion d'eau bénite,

Weitere Kostenlose Bücher