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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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trois meurtres sont liés avec ceux des trois lancastriens assassinés dans le cimetière. Saviez-vous qu'ils ont tenté de se rendre ?
    —
    Alors, répliqua Colum, ceux qui les ont occis sont, en théorie, coupables de meurtre.
    —
    Vous êtes venu céans et avez vu leurs cadavres. Personne n'a donc demandé pourquoi ils se trouvaient là?
    —
    Walmer est sur la côte, fit-il remarquer en haussant les épaules.
    Ils espéraient peut-être louer un bateau de pêche et traverser la Manche pour gagner le Hainaut ou le Brabant. A cette époque, les pêcheurs et les marchands anglais ont fait de gros profits en emmenant les fuyards à l'étranger.
    —
    Ces trois-là, souligna Kathryn, n'étaient pas sur la liste des proscrits, n'est-ce pas ? Ils n'étaient point des chefs ennemis mais de la piétaille. Des soldats qui se battaient pour la mauvaise cause. Je me demandais seulement, Colum, s'ils n'étaient pas venus à Walmer dans un but différent.
    Elle embrassa la chambre du regard.
    —
    Le ceinturon que nous avons trouvé ?
    —
    Je l'ai remis à Lord Henry. Il dit que c'est propriété de la Couronne et qu'il doit l'envoyer à l'Échiquier à Londres. Et les deux registres ?
    s'enquit Colum en montrant le coffre au pied du lit.
    —
    J'ai l'intention de les examiner. Peut-être nous révéleront-ils quelque chose bien que je ne sache quoi.
    Kathryn se leva et resta près de la fenêtre quelques instants. Elle pouvait tout juste distinguer le gibet qui se découpait sur le ciel noir et, en se tournant sur sa droite, elle apercevait les points lumineux du village.
    —
    Devrais-je m'entretenir avec Lord Henry ? demanda Colum d'une voix rauque.
    —
    Gardez le silence, Irlandais, mais je serais bien aise de savoir ce qui se passe.
    —
    Alors je vais le découvrir pour vous, rétorqua Colum.
    Il eut un large sourire, se retourna et sortit. Kathryn s'assit et termina son gobelet de vin. Elle regarda le coffre au pied du lit.
    —
    Non, chuchota-t-elle, je peux attendre jusqu'à demain.
    Elle se leva, se dévêtit et enfila sa chemise de nuit au moment où Colum revenait.

    —
    Lord Henry et le prêcheur soupent dans la grand-salle en tête à tête. Ils ont l'air tout à fait heureux. Quand je suis entré, ils parlaient de faucons et de limiers. Notre hôte promettait à Blandford que, maintenant qu'il était de retour pour de bon, il l'emmènerait chasser.
    —
    Aviez-vous déjà rencontré Blandford ?
    —
    Non, j'avais cependant entendu son nom; c'est un clerc de confiance, un de ces hommes qui vivent dans l'ombre, qui passent de la Cour aux camps. J'avais des amis, des camarades, qui faisaient de même. Quelques-uns ont été capturés par les Français et pendus.
    D'autres ont été occis par les lancastriens ; certains ont simplement disparu et Dieu seul sait où se trouvent leurs os.
    —
    Et les Français ?
    —
    Aucun signe de vie, dit Colum en souriant. Ils semblent s'être enfermés dans la chambre de Sanglier pour débattre de sujets de la plus haute importance. Le reste de la maison se prépare pour les festivités de demain. Je suis certain que Lord Henry veut les appâter.
    Le vicomte insiste à présent pour que les vraies négociations commencent.
    —
    En d'autres termes, observa Kathryn, il veut repartir.
    —
    Je le crois.
    Murtagh s'installa au bord du lit et la regarda.
    —
    Il se rend compte qu'il a été attiré dans un piège et il désire retourner chez lui. De grâce, détachez vos cheveux.
    Kathryn passa ses bras autour de son cou.

    —
    Eh bien, Irlandais, dit-elle en battant des cils, quelles sont vos intentions ?
    Kathryn se réveilla en sursaut. Elle s'était glissée nue entre les draps.
    Elle avait chaud, pleine d'ardeur, quand elle s'était endormie, mais l'air nocturne était devenu froid. Colum avait mouché les chandelles et l'éclat des braseros avait faibli. Elle écarta la couverture, trouva sa chemise, l'enfila, prit une mante dont elle s'enveloppa les épaules et se dirigea vers la fenêtre. Elle constata que minuit devait être passé depuis longtemps. Le manoir était silencieux. Des torches enduites de poix brillaient dans la cour. La nuit était de toute beauté avec la pleine lune dans un ciel sans nuage et des étoiles comme de scintillantes pierres précieuses clouées sur un fond bleu foncé.
    Kathryn pouvait encore distinguer le sentier menant à la falaise. Elle appuya la main sur le verre et écouta la mer, à marée haute, qui s'écrasait contre les rochers.

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