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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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que vous devez faire, c'est agir comme si vous assistiez à une pantomime : regarder et profiter du spectacle.
    —
    Des chasseurs sortiront ce soir, remarqua-t-elle en montrant la lune. Vous connaissez le vieil adage, Maître prêcheur : « Que le chasseur prenne toujours garde à ne pas devenir le chassé. »
    — Je ne l'oublierai point.
    Il s'écarta, lui souhaita une bonne nuit et s'éloigna dans le noir vers Gallows Point.
    Kathryn regagna le castel par la poterne. Juste avant d'y arriver, elle se retourna. Ses cheveux se hérissèrent sur sa nuque et un frisson de terreur lui parcourut l'échiné. Y avait-il quelqu'un ? Était-ce un bruit nocturne ou le frottement d'une botte ? Elle prit une profonde inspiration. Le prêcheur était-il sorti pour être seul ou pour rencontrer quelqu'un ? Elle n'avait plus faim. Elle remercia le garde, traversa la cour et retourna dans sa chambre.
    Le lendemain matin, elle se réveilla tard. Colum s'était déjà levé et était sorti. Près d'elle, sur l'oreiller, elle découvrit une rose blanche, fraîchement coupée et encore humide de rosée. Elle sortit du lit, se déshabilla, fit ses ablutions et enfila des habits propres : une tunique blanche et une robe de sarcenet vert attachée haut sous le cou. Elle mit des bas de laine, glissa ses pieds dans des sandales et attacha les lanières. Debout devant le morceau de cuivre poli qui servait de miroir, elle se coiffa et arrangea sa chevelure en la relevant en un haut chignon avant de la recouvrir avec soin d'un voile blanc empesé.
    Elle s'examina avec attention. Elle avait la peau douce et sans ride, et les cernes noirs de ses yeux avaient disparu.
    — Pas la reine de beauté, marmonna-t-elle, mais néanmoins l'amour de sa vie.
    Elle quitta la chambre et descendit l'escalier où se pressaient à présent des serviteurs qui couraient en tous sens pour préparer le banquet du soir. L'air était chargé de l'odeur des tourtes et des pâtisseries qu'on cuisait dans les fours de la boulangerie.
    Elle se rendit à la chapelle. Elle était déserte, aussi Kathryn s'agenouilla-t-elle devant le maître-autel et, comme à l'accoutumée, pria pour Colum, pour le repos de l'âme de ses parents et le bien-être de toutes ses relations de Cantorbéry. Elle récita aussi le Requiem pour ceux qui étaient morts à Walmer.

    Puis elle se laissa distraire et elle se demanda ce qui était arrivé la nuit passée. Pourquoi le prêcheur arpentait- il la campagne dans les ténèbres ? Quelqu'un d'autre se cachait-il près du mur ? Elle revint à ses prières, se signa, se leva, puis alla s'agenouiller sur un prie-Dieu devant l'autel de la Vierge. Elle murmura l'Ave Maria et alluma un lumignon pour Thomasina et les autres membres de sa maisonnée à Cantorbéry.
    Ensuite, elle se dirigea vers la grand-salle où Lord Henry, Colum et les trois Français débattaient avec fougue. Ils se turent quand elle entra. L'assemblée se leva pour la saluer. Lord Henry lui offrit sa chaire au haut bout de la table et prit place sur le banc à côté de Murtagh. Un gâte-sauce apporta un tranchoir chargé de fromage, de viande séchée, de pain frais, de beurre et de miel qu'accompagnait une cruche de lait miellé.
    —
    Avez-vous bien dormi, Maîtresse Swinbrooke ?
    Kathryn adressa un sourire à son hôte.
    —
    Aussi bien que possible ! Pourquoi ce silence ?
    Elle embrassa l'assistance du regard.
    —
    Quand je suis entrée, le débat était vif.
    —
    Le prêcheur a disparu, annonça Colum. Il n'a point couché dans son lit et a disparu sans laisser de trace.
    —
    Je l'ai rencontré la nuit dernière, avoua Kathryn. J'étais sortie prendre l'air. J'ai pensé que je ne risquais rien. Le prêcheur m'a croisée sur le sentier. Il portait une lanterne. Nous avons bavardé. Il semblait serein. Puis il a suivi son chemin et moi le mien.

    —
    En effet, confirma Lord Henry, ma sentinelle vous a vue sortir, ainsi que vous, ajouta-t-il en se tournant vers Sanglier.
    Ce dernier haussa les épaules.
    —
    Si je veux respirer l'air de la nuit, ça me regarde. Si Maîtresse Swinbrooke peut se promener sous les étoiles, pourquoi un Français ne le pourrait-il pas ? Je suis votre invité, Lord Henry, et non votre prisonnier.
    —
    Et avez-vous apprécié votre promenade ? interrogea Kathryn.
    —
    Beaucoup. C'est un moment qui incite à la réflexion. Et je n'ai point vu votre prêcheur. N'a-t-il pas proclamé, Messire, qu'il allait et venait comme un...
    Kathryn était

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